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Charles Berberian : "Il est important de parler de notre époque..."

Par Nicolas Anspach le 20 janvier 2008                      Lien  
Le nom de {{Charles Berberian}} est souvent indissociable de celui de {{Philippe Dupuy}}. Ils signent ensemble un nouvel album « {Un peu avant la fortune} » dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis. {{Jean-Claude Denis}} leur a imaginé un récit où un gagnant d’une méga-cagnotte du Loto hésite à bouleverser sa vie.

Charles Berberian : "Il est important de parler de notre époque..."Vous formez avec Jean-Claude Denis le groupe de musique Nightbuzz. Qu’est ce que cela vous apporte de taquiner la guitare ?

Du plaisir avant tout. Mais j’ai découvert que mon activité musicale me permettait d’envisager le dessin différemment, de le comprendre d’une autre manière. La musique me sert aussi de matelas, qui me permet d’être à l’aise pour dessiner. C’est merveilleux et magique de se retrouver à l’intérieur de la musique, lorsque l’on en écoute beaucoup. Quand je joue avec Jean-Claude Denis, je me sens à l’intérieur de la musique. Depuis que j’en fais, j’ai l’impression de l’écouter beaucoup mieux. J’ai le même sentiment par rapport à la peinture ou le dessin. Lorsque l’on dessine, on regarde le travail d’un autre auteur de manière différente. Et puis, je crois qu’il doit y avoir une connexion dans le cerveau qui permet aux artistes d’être également musiciens. Beaucoup de peintres, d’illustrateurs ou d’auteurs de bandes dessinées sont également musiciens…

Pourquoi avoir monté un groupe avec Jean-Claude Denis ?

Il y a une interaction naturelle entre nous. Nous réagissons à la musique de l’autre sans faire aucun effort. Auparavant, nous étions membre d’un groupe qui s’appelait Les Hommes du Président. Nous étions nombreux : Jano, Dodo, Margerin, Vuillemin. Malheureusement, le groupe s’est dissout, et nous nous sommes retrouvés Jean-Claude et moi-même à faire de la musique ensemble.

Votre premier album musical a été pressé à 500 exemplaires en 2001. Était-ce un aboutissement ?

Oui. Nous l’avons fait à la maison de A à Z, et l’avons vendu sur des sites internet. Quand les éditions Nocturne nous ont contactés pour participer à leur collection BD Jazz, nous leur avons fait écouter notre musique. Le directeur artistique a été partant pour éditeur un nouvel album de Nightbuzz.

En 2003, vous avez signé avec Philippe Dupuy et Jean-Claude Denis une histoire dans Correspondances, un album collectif paru chez Albin Michel…

Nous avions, Philippe et moi-même, beaucoup d’affinités avec Jean-Claude. De par son travail bien sûr, mais également du point de vue humain. J’apprécie travailler avec les gens que j’aime. Nous nous sentons fort proches de la manière d’écrire de Jean-Claude et de son humour. Nous lui avons proposé de nous écrire une histoire courte. Comme cette collaboration a fonctionné, nous avons eu envie de continuer l’aventure…

« Un peu avant la fortune » est la suite de l’histoire parue dans « Correspondance » ?

Effectivement. C’est l’histoire d’un homme qui gagne au loto, et qui hésite à aller chercher cet argent. Il ne veut pas que sa vie soit bousculée. Son ex-copine refait surface, et il en est troublé. Il ne sait pas si son arrivée est due à sa nouvelle fortune, ou si elle s’intéresse à nouveau à lui … Ce personnage est plein de doutes, d’atermoiements. Un contraste intéressant. De nombreuses personnes ne l’auraient pas suivi et se seraient jetés sur cet argent.

Vous êtes finalement les auteurs d’un nouveau type de bande dessinée plus introspective…

D’autres auteurs nous ont précédés : Jean-Claude Denis avec Luc Leroi, Philippe Petit-Roulet, etc. Ce ne sont, bien sûr, pas eux qui nous ont donné envie de faire de la bande dessinée, mais ils nous en permis d’envisager de dessiner des livres que nous aurions eu envie de lire en tant qu’adultes ! Cela nous paraissait important de parler notre époque, de la vie et du monde qui nous entoure. Ces auteurs ont été les premiers à le faire, sans avoir un regard journalistique ou caricatural. Ils ont un regard sur le monde comparable à celui de Woody Allen

Vous avez travaillé sur un projet d’adaptation cinématographique de Monsieur Jean avec votre frère, Alain Berberian…. « Ce soir, je dors chez toi » a été réalisé en 2007 par Olivier Baroux

Le plaisir de travailler avec lui a été non négligeable. Ce fut une expérience intéressante. Mon frère nous a fait recommencer certaines scènes, non pas parce qu’elles ne fonctionnaient pas narrativement, mais parce que cela ne l’amusait pas visuellement. Philippe et moi-même avons tenu compte de ses remarques et nous avons travaillé nos histoires, en bande dessinée, de cette manière-là. Auparavant, nous ne nous posions pas ce genre de question. Nous avons également appris à écrire nos dialogues de manière moins elliptiques. Cela nous a donné envie de réaliser des récits comportant beaucoup plus de pages. Comme celui que nous avons fait avec Jean-Claude…

Extrait de "Un peu avant la fortune"
(c) Dupuy, Berbérian, Denis & Editions Dupuis.

Pas trop déçu que le film ne se soit pas fait avec votre frère ?

Non. Il y a beaucoup plus de raisons pour qu’un film ne se fasse pas que pour qu’il se fasse !
L’édition est beaucoup plus souple. Nous ne sommes pas nombreux à donner l’impulsion de départ et à mener le projet au bout. Trois personnes maximum : un scénariste et un ou deux dessinateurs. Pour mener un film à bien, il faut une plus grande équipe. Et puis tout n’est une question de hasard dans le cinéma : l’actrice à laquelle on pense sera-t-elle libre en même temps que l’acteur ? Nous nous sommes constitués, Philippe Dupuy et moi-même, une famille dans le monde de l’édition. Des gens avec lesquels on fonctionne. Cette alchimie est de l’ordre du miracle…

La BD a un côté familial ?

Oui. Dans le bon sens du terme. Quand on a un peu de métier, l’auteur est rodé et a l’habitude de travailler d’une certaine manière. Il sait avec qui il veut agir dans le métier. C’est dans ce sens là que la BD est une famille : un groupe de personne qui sont complémentaires et qui se comprennent : un directeur artistique, un éditeur et un auteur.

Jean-Claude Denis & Charles Berberian se prennent en photo
Photo (c) Sophie Dumont

(par Nicolas Anspach)

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Dupuy & Berberian sur actuaBD, c’est aussi :
- Les chroniques de Comment c’était avant et Monsieur Jean T7 et T6

Propos recueillis en janvier 2006

Photos (c) Nicolas Anspach

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