Pourriez-vous nous expliquer la genèse de ce festival consacré à Tintin ?
L’idée n’est pas neuve. Pour être tout à fait honnête, nous avons retrouvé des traces de tentatives allant dans ce sens dans les archives de la Fondation Hergé. Il y a déjà eu deux ébauches de « festival Tintin ». C’est la meilleure preuve qu’il y a un réel engouement autour du personnage d’Hergé et que le terrain était fertile...
Mais concernant ce festival ?
Il y a quatre mois, la fondation Hergé a reçu un courrier de la ville de Bruxelles. On nous proposait d’organiser conjointement un festival autour de Tintin. La Ville de Bruxelles souhaitait être une capitale de la bande dessinée depuis quelques années [1]... Cette démarche allait dans ce sens.
Nick Rodwell m’a demandé mon avis sur cette idée. Il a souhaité que je réalise une très brève étude de faisabilité et que j’établisse les lignes fondamentales d’un tel projet... En une heure, les bases du festival étaient bouclées !
Bruxelles vit aux couleurs de Tintin. Un immense étendard à l’effigie du reporter cache l’entrée du palais de Justice, place Poellaert. On aura rarement vu un même personnage de bande dessinée avoir eu une telle présence dans une ville....
Ce sera également la première fois qu’un festival est bâti autour d’un même personnage de bande dessinée. Cet événement se déroule dans des lieux différents, au coeur de Bruxelles. Les visiteurs découvriront la ville sous des angles étonnants. Le festival rétablit le lien entre Tintin et les Bruxellois. N’oubliez pas que le personnage d’Hergé est né à Bruxelles !
N’est-ce pas une manière de réconcilier Tintin et le grand public ?
Tintin et le grand public n’ont jamais divorcé.
Les relations entre les collectionneurs et autres « tintinophiles avertis » et Moulinsart et la Fondation Hergé sont plutôt fraîches...
Certains d’entre eux, peut-être. Mais le programme de ce festival Tintin devrait réjouir les plus pointus des connaisseurs de l’œuvre d’Hergé. Je pense à la projection du Crabe Aux Pinces d’Or, le film de Claude Misonne, réalisé en 1947 [2]. Il n’a été projeté qu’une seule fois !
Et puis, « L’exposition d’un Jour [3] », permettra au public de voir les planches de Tintin Au Pays des Soviets qui ont été entièrement restaurées. La plupart des bédéphiles ignorent que la Fondation Hergé a bâti un véritable programme pour rajeunir différents originaux. Je pense aux planches, aux bleus de coloriages, mais aussi à différentes revues qui ont bien jauni en soixante ans !
Vous avez pris congé de votre poste de collaborateur du Centre Belge de la Bande Dessinée pour une période d’un an, en acceptant de réfléchir au futur Musée Hergé. Où en est ce projet ?
Le sujet du jour est le festival. La fondation Hergé communiquera peut-être sur ce sujet à la rentrée. J’ai dû suspendre mon travail pour le musée ces dernières semaines car il m’était difficile d’organiser un festival et de bâtir les bases d’un Musée Hergé en même temps.
(par Nicolas Anspach)
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[1] Bruxelles a signé la " Charte des Villes-BD ". Didier Pasamonik expliquait dans nos pages qu’il s’agissait d’un réseau d’échange, au niveau des élus locaux des principales villes qui hébergent une manifestation ou une institution liée à la BD, susceptible de faire partager leurs expériences respectives dans une perspective de rayonnement de la BD à travers le monde.
[2] Diffusé ce 22 juillet à 19h30 aux Beaux-Arts (Bozar)
[3] Visible Au Palais Charles de Lorraine, 1 Place du Musée