Kim Yong-Hwe explique en préambule de son Che qu’avant d’entamer son travail, il avait en horreur les ouvrages historiques consacrés au révolutionnaire sud-américain. Il faut croire que ces biographies sérieuses avaient quelque peu travesti celui-ci, si l’on en croit la version manwha de la biographie du Che, qui le dépeint, du début à la fin du récit, comme un véritable saint.
De son enfance, forcément merveilleuse, à son éveil aux idéaux marxistes, forcément universels, jusqu’à sa lutte au fin fond de la Bolivie, pas un accroc, pas une faute n’entache son accession à la lumière éternelle.
C’est comme si Kim Yong-Hwe s’était inspiré, non pas de sa vraie vie, mais du mythe qu’on nous vend depuis des années à grands renforts de T-shirts, de groupes de rock (Rage Against The Machine, par ailleurs véritables militants foncièrement honnêtes) et de nostalgie d’un Communisme idéal injustement méconnu.
À cet égard, le récit regorge de citations qui montrent qu’en effet, Che Guevara portait cet idéal. Mais que de couleuvres ne faut-il pas avaler en échange ! Même Fidel Castro passe ici pour un grand humaniste pétri de fraternité prolétarienne sans l’ombre d’une tentation dictatoriale.
Pour étayer son laborieux propos, l’auteur insère des textes explicatifs, utilisant alors un autre graphisme, fortement enfantin, pour dessiner les mêmes personnages.
Dans son élan, Kim enfile les perles, la meilleure étant cette explication magistrale liée à l’impérialisme :" La Première Guerre mondiale et la Guerre du Pacifique ont été causées par la soif d’impérialisme de l’Europe et du Japon". Les historiens apprécieront.
On suppose que cet ouvrage ne sera pas censuré à Cuba, bien que sa naïveté, même au pays de Fidel, doive le cantonner à un public adolescent ou pas très éduqué, en délicatesse avec le petit livre rouge.
En espérant aussi que les lecteurs cubains seront épargnés par les quelques fâcheuses fautes d’orthographe qui défigurent la version française.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par David TAUGIS)
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