Depuis cinq albums déjà, on se délecte avec horreur de la chronique de bistrot, imposée par Yan Lindingre, d’abord dans les pages de Fluide Glacial, puis chez Dargaud. Pour mettre en œuvre le côté sombre d’un univers qu’il connaît sur le bout des doigts (il faut lire les fabuleuses aventures de Titine, qui ferait passer Vuillemin pour un Guide Michelin), Lindingre débauche Larcenet. Une véritable prouesse, car emporté par d’autres envies (et le succès critique et commercial du « Combat Ordinaire »), Larcenet avait tourné le dos à l’humour grinçant. Cependant, au bout de quatre volumes et absorbé par son « Blast », il vide son verre, paie la note et passe le relais à Jeff Pourquié.
Avec son dessin plus fin et racé, qui fait tantôt des œillades au trait de Larcenet, tantôt des tapes sur le dos aux charpentes charnues campées par Lindingre, Pourquié rend « Chez Francisque » beaucoup plus réaliste et donc plus terrifiant encore. Au café du commerce, on disserte beaucoup. Sur la société, sur les étrangers, sur les voisins, sur son nombril. On entend des horreurs, on en dit beaucoup aussi, en attendant la cirrhose. À la fin, les verres se brisent comme des éclats de rire. C’est sûr, on n’avait plus aussi bien parlé de bibine depuis Apollinaire.
(par Morgan Di Salvia)
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