Il y a du Tardi chez cet homme-là, et Casterman ne s’y trompe pas qui l’entoure de toute son attention : Un auteur avec un grand « A », entier, farouche, déterminé et qui, depuis dix ans, creuse son sillon sans désemparer.
Né le même jour que Jim Morrison (mais pas la même année !), il sait imprimer à son dessin une musique à nulle autre pareille. De l’album primé, Shutter Island, notre collaborateur David Taugis qui s’y connaît en riffs ravageurs a pu dire : « Avec son dessin entièrement au pinceau, plein de zones sombres, De Metter plonge dès les premières pages le lecteur dans l’atmosphère du roman à l’origine de cette adaptation. Huis-clos qui confine à la paranoïa générale, Shutter Island mêle polar et quasi-fantastique, dans une ambiance kafkaïenne. Une mise en images parfaitement en accord avec le sujet et les personnages. Et une preuve de plus du talent de Christian de Metter, récemment co-auteur de Figurec ou du Sang des valentines. »
De Soleil à Casterman
Il n’est d’aucune coterie, en dépit du fait que son camarade de classe qui l’a aidé à faire ses premiers pas dans le métier, Frédéric Poincelet, à qui il doit la découverte de ses maîtres à dessiner (Kent Williams, Bill Sienkiewicz ou Dave McKean), publie chez Ego Comme X. Il passe d’abord chez Triskel, puis chez Soleil (Emma, Le Curé), avant de faire un tour aux Humanoïdes Associés (Dusk, avec Richard Marazano).
Enfin, il arrive chez Casterman, où il accède à la consécration avec Le Sang des Valentines (avec Catel, 2004), Prix Public du Meilleur Album du Festival de la Bande Dessinée à Angoulême 2005. « C’est une époque où je ne savais pas si j’allais continuer à faire de la bande dessinée, raconte De Metter aujourd’hui, Là, j’ai trouvé un éditeur qui me fait confiance. »
Chez Soleil, il signe Swinging London avec Thomas Bénet (2004-2005), où il retrouve son autre passion, la musique : « Je suis fasciné par la musique. J’en fais énormément. Je joue de plusieurs instruments, pas très bien, mais j’en fais beaucoup. Je passe mon temps à enregistrer des morceaux. Tout pour moi est musical, ce projet en particulier. Je voulais pour cela un dessin plus « Rock ‘n Roll ». La pâte épaisse, "basse batterie", du Sang des Valentines, un truc un peu lourd, qui cogne, fait ici la place à un dessin à la plume qui évoque pour moi la dissonance de la guitare. »
L’œuvre au Noir
Avec Vers le démon, L’œil était dans la tombe, et surtout Shutter Island, il touche à quelque chose de plus littéraire, une qualité qui lui vaut aujourd’hui le Prix des Libraires BD. Une histoire qui devrait également être portée à l’écran par Martin Scorcese. « Le Curé était déjà littéraire, fait-t-il observer. En fait, je me situe à mi-chemin entre le roman et le Graphic Novel. Je ne fais pas vraiment de la bande dessinée classique. Je ne sais pas écrire un roman. Je pense que mon public se situe entre les deux. Ce ne sont pas forcément des fans de BD. Ils lisent plutôt des romans et retrouvent un peu de ça dans mes ouvrages . »
Comme dans Figurec d’après un roman étourdissant de Fabrice Caro (Casterman, 2007), les apparences sont trompeuses : « C’est avant tout un roman très bien écrit, avec un humour noir et un rythme que j’ai essayé de respecter le plus possible. Je suis un dévoreur de romans noirs depuis de longues années et donc, forcément, cela se ressent. Un pied dans la littérature, un pied dans l’image, avec des références cinématographiques, cela me correspond totalement. »
Pour l’automne, il nous donnera sa version de la vie et de la mort de Marilyn Monroe :« Ce n’est pas tant l’actrice qui m’a interpelé que son parcours, ses choix, ses failles, ses drames. » Il la voit comme « une femme marquée par la mort et qui n’a pas pu faire son deuil de certains drames et de difficultés vécues dans sa vie. »
Il promet que cet album sera « lent et jazzy, avec du violoncelle ! »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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