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Christophe Dubois :"Le financement participatif est un système intéressant à plus d’un titre mais c’est aussi angoissant"

Par Christian MISSIA DIO le 13 décembre 2012                      Lien  
Avec "La Stratégie du Poisson-flûte", premier tome du diptyque de "La Ballade de Magdalena", Christophe Dubois nous propose de prendre part à l'aventure avec un grand A.
Christophe Dubois :"Le financement participatif est un système intéressant à plus d'un titre mais c'est aussi angoissant"
La Ballade de Magdalena - C. Dubois - le Lombard/MMC BD

Pourquoi avez-vous fait de Magdalena le personnage principal de cette BD alors que dans ce premier album, elle n’est pas le moteur de l’histoire ?

L’histoire de Magdalena se déroule durant la Première Guerre mondiale. Ce qui m’intéressait c’était de montrer ce personnage qui est traumatisé par son oncle Lukian, un homme qui l’a éduqué dans la haine de l’Occident et qui a un besoin morbide de contrôler son entourage. Magdalena Bruckner est une jeune femme très effacée, qui parle très peu, mais qui a un moment donné va commencer à se prendre en mains afin d’être maitre de son destin.

Parallèlement au développement de Magdalena, Lukian va vivre une évolution inverse. Celui-ci s’est construit une sorte de royaume qui va petit à petit se déliter. De plus, sa situation va se compliquer car c’est un homme à la personnalité contentieuse qui ne peut s’exprimer autrement que par le conflit, ce qui l’emmènera rapidement dans une spirale infernale.

Lukian Bruckner
L’oncle despotique de Magdalena

Dans votre album, il y a aussi un troisième personnage important, Léonie. Pourriez-vous nous en parler ?

Léonie est la fille d’Armand De Sars, un riche négociant de Bordeaux qui a décidé du jour au lendemain de tout plaquer, famille et travail, afin de fuir au bout du monde et de vivre pour lui-même. Je précise qu’Armand De Sars est l’héritier d’une noble famille et qu’au début du vingtième siècle, tout était codifié. Étant l’aîné de sa famille, il devait en accepter l’héritage et entretenir le prestige de son nom. Ce genre de situation laisse peu de place au développement personnel. Hors, Armand De Sars est un rêveur. Ce qui l’intéresse dans son métier de négociant, c’est de s’imaginer d’où viennent les produits qu’il commercialise. Donc, il plaque tout et s’en va. Or la société familiale connaît des difficultés et sa présence pour les régler est requise.

C’est sur base de ce prétexte que Léonie De Sars part à sa recherche. Je dis prétexte car comme pour son père, Léonie n’est pas très à l’aise dans cet univers bourgeois. On a donc trois personnages qui vont se rencontrer et se confronter tout au long de cette histoire.

Magdalena et Léonie de Sars

Que ce soit du côté de Léonie De Sars ou du côté de Magdalena, on a une image peu élogieuse de la famille…

Cet aspect représente un peu la surprise finale de l’histoire. Ce qui provoque l’intrigue c’est le départ d’Armand De Sars mais ce qui s’en suivra sera le fruit d’un acte, maladroit, d’amour d’un autre personnage envers sa famille. Il arrive quelques fois que l’on souhaite faire le bien mais c’est le contraire que l’on obtient.

Parlez-nous un peu du dessin et de la mise en couleurs.

J’ai utilisé des écolines pour des raisons pratiques. D’abord, c’est une encre qui se lave assez facilement. De plus, c’est une encre très pratique pour représenter l’univers marin, du fait de sa fragilité. D’ailleurs, je trouve qu’il y a un lien entre la fragilité de cette encre et le thème de mon histoire qui se passe en mer, où rien n’est stable. Ça correspondait bien à ce que je voulais exprimer dans l’album.

Je commence d’abord par faire un story-board en sépia, pour mettre en place mes idées et le soumettre à mon éditeur. Une fois que tout est OK, je calque au crayon le tout sur un papier plus grand.

La Ballade de Magdalena est une coédition le Lombard et My Major Company BD (MMC BD). Pourriez-vous nous expliquer de quelle manière votre projet s’est retrouvé dans ce système de financement participatif ?

Alors que j’étais aux trois-quarts de l’album, Gauthier Van Meerbeek, directeur éditorial au Lombard, m’a appelé pour me proposer d’intégrer MMC BD.

Ce que j’ai apprécié dans ce système c’est que, très rapidement, j’y ai trouvé un public qui s’est prêté au jeu. Les éditeurs ont mis en place un forum dans lequel je pouvais communiquer avec mon public et leur montrer l’état d’avancement du projet. J’ai trouvé cela très appréciable parce que notre métier se fait généralement en solitaire. Autre détail appréciable, le public du forum n’était pas uniquement composé d’amateurs de BD, il y avait des gens de toutes les sensibilités et même des personnes qui ne s’intéressent pas forcément aux bandes dessinées !

Par contre, il y a une chose que je n’avais pas du tout anticipée, c’est la question de l’argent. En participant à ce système, on découvre qu’il y a une jauge qui mesure le financement des internautes. Alors parfois ça monte, d’autre fois ça descend… C’est assez angoissant comme système car cela matérialise aussi l’intérêt qu’a le public pour votre travail. Mais finalement, nous avons atteint le financement exigé.

Quand pourrons-nous lire la fin de cette histoire ?

Normalement, pour octobre 2013.

Magdalena
Image issue de l’exposition "la Ballade de Magdalena" de la galerie Daniel Maghen

(par Christian MISSIA DIO)

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1 Message :
  • "Par contre, il y a une chose que je n’avais pas du tout anticipée, c’est la question de l’argent. En participant à ce système, on découvre qu’il y a une jauge qui mesure le financement des internautes. Alors parfois ça monte, d’autre fois ça descend… C’est assez angoissant comme système car cela matérialise aussi l’intérêt qu’a le public pour votre travail. Mais finalement, nous avons atteint le financement exigé."

    Avoir une telle épée de Damoclès sur la tête doit être démotivant. Comme si on avait un patron sur le dos qui dirait de travailler plus pour gagner plus.

    Répondre à ce message

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