Chroniques des Immortels T3 : Le Vampyre - Par Von Eckartsberg et Chaiko - Editions Paquet

Dans l’Europe centrale du XVe siècle ravagée par les guerres et les pillages, Andrej et le jeune Frédéric traversent des terres désolées en proie à la violence des guerres, les pillages et le trafic d’esclaves qui transforment cette région du Danube en un décor de récit fantastique et cruel.

Au cours de leurs pérégrinations, ils constatent qu’ils détiennent un étrange pouvoir, celui de l’immortalité ! Un don qui se confond avec la condition de vampire ; ce qui dans une région sur laquelle plane l’ombre du Comte Dracula et ses combats impitoyables contre les Ottomans, sera à l’origine de bien des rebondissements...

Frédéric est rejeté par sa mère dès que celle-ci comprend que son fils est devenu immortel et risque de se transformer en un monstre assoiffé de sang. En compagnie d’Abu Dun, un marchand d’esclaves croisé sur son chemin, Andrej Delany se lance à la poursuite du Chevalier Dragon, responsable de la mort de la jeune femme.

Au-delà du désir de vengeance, chacun espère aussi en apprendre davantage sur sa propre nature d’immortel. Tandis que leur périple les conduit au cœur de la Transylvanie, en pleine guerre contre l’envahisseur ottoman, ils se retrouvent prisonniers de Tepes Draculea III !

Celui que l’on nomme le prince des Carpates cherche à découvrir leur secret pour servir ses intérêts et défendre le Christianisme menacé par les envahisseurs turcs parvenus aux portes de la Valachie.

Andrej et Abu Dun sont alors entraînés dans le tourbillon des combats par Vlad, le laquais du Chevalier Rouge, tandis que Frédéric est aux mains de Tepes, qui menace d’en faire un monstre assoiffé de sang. Pour sauver Frédéric, Andrej Delany devra-t-il accepter un terrible marché : profiter de son statut d’immortel et faire alliance avec Vlad afin de se débarrasser de Dracula ?

La suite des évènements vient perturber encore un peu plus le destin des uns et des autres. Bien qu’immortel, Andrej retrouvera sa condition d’anti-héros, victime de choix et de volontés qui le dépassent et le submergent.

Dans cette seconde partie, les personnages nous entraînent dans un univers de plus en plus féroce et sans pitié. Sur fond de guerre sans merci, c’est à une véritable plongée au cœur de l’univers du redoutable Prince Dracula que nous convient les auteurs. Adapté du roman de Wolfgang Hohlbein, célèbre auteur allemand contemporain de littérature fantastique, cette relecture du mythe tente de renouveler le genre non seulement avec des rebondissements inattendus mais aussi en modifiant sensiblement certaines caractéristiques de cet univers rebattu.

Ainsi, bien que seigneur sanguinaire Dracula n’est pas un être surnaturel, Andrej, de son côté qualifié de vampire, n’a pas pour autant de soif insatiable de sang humain. L’ambiguïté entre immortel et vampire trouve ici un terrain propice à tous les délires de pouvoirs sur les corps et les âmes et s’inscrit dans un contexte fantastique de violence parfaitement restitué par le recours à un traitement graphique jouant sur la lumière et les ombres.

Après avoir étudié la communication visuelle à Munich, Benjamin von Eckartsberg a travaillé comme illustrateur indépendant à partir de 1993 puis collaboré à l’adaptation du premier cycle des Chroniques des immortels. Depuis 2013, il se consacre à l’univers de Gung Ho, série post apocalyptique dont un nouveau tome sort ces jours-ci. Une autre série-phare des éditions Paquet réalisée en compagnie de Thomas Von Kummant.

Ce dernier a ainsi laissé la place à Chaiko (de son vrai nom Cai Fong) un auteur qui s’est d’abord fait connaître comme réalisateur de dessins animés puis en reprenant La Chronique des immortels.

Le Chinois s’accorde avec talent aux ambiances crépusculaires et aux paysages panoramiques avec des scènes de combats particulièrement spectaculaires. Les personnages expriment avec autant de force la violence et l’aspect maléfique que les regards graves et livides des suppliciés. L’ensemble grâce en partie, à une abondance d’ambiances sombres très « dark-fantasy » procure une impression terrifiante et diabolique à souhait.

Malgré une construction narrative parfois déroutante, le lecteur est entraîné petit à petit, comme les héros, dans un univers terrifiant et oppressant. Nul doute que les amateurs apprécieront cette manière de revisiter l’un des mythes les plus célèbres de la littérature fantastique.