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Chronosquad T. 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns - Par Giorgio Albertini et Gregory Panaccione - Delcourt

Par Romain GARNIER le 9 avril 2022                      Lien  
Une nouvelle aventure de la célèbre agence des chronosquads face aux dérives continues du chronotourisme et de leurs promoteurs : de potentielles répercussions incontrôlables sur les lignes du temps. Gregory Panaccione et Giorgio Albertini signent un sixième tome maîtrisé qui confirme la grande qualité de la série démarrée en 2016. Aventure, suspense, humour. Une réussite intitulée « Chapeaux melons et hordes de Huns », parue chez Delcourt.

Après une année 2021 marquée par de nombreuses publications (Quelqu’un à qui parler – Prix Landerneau, Cabot-Caboche, Donjon Antipodes), Gregory Panaccione livre un nouveau tome de Chronosquad en duo avec son comparse italien Giorgio Albertini au scénario. Le nouvel album poursuit un nouveau cycle entamé au tome précédent (Vie éternelle, mode d’emploi) et a été pensé comme un album transitoire vers le suivant. Ce qui est de nature à nourrir quelques frustrations, le suspense étant habilement distillé.

Pour ceux qui ignorent tout de la série, Chronosquad évoque un univers contemporain dans lequel le voyage spatio-temporel est maîtrisé. Un espace-temps composé de dimensions parallèles et indépendantes dans lesquelles des voies de communication permettent un chronotourisme démocratisé. Afin d’éviter tout incident fâcheux, une police du temps a été mise sur pied et baptisée « Chronosquad ».

Chronosquad T. 6 : Chapeaux melons et hordes de Huns - Par Giorgio Albertini et Gregory Panaccione - Delcourt
Le tome qui a lancé le deuxième cycle © Delcourt

Dans « Chapeaux melons et hordes de Huns », nous retrouvons Bloch, un médiéviste et polyglotte en langues anciennes, brusquement devenu vieux à la suite de sa dernière mission temporelle avec Beylogu (voir tome 5). Une affaire éclate. Un voyage se conclut accidentellement par 16 morts et plusieurs dizaines de prisonniers sont vraisemblablement détenus par Attila le Hun. Avec le lieutenant Penn, sa compagne et chronosquad, Bloch embarque pour la toute fin de l’Antiquité dans l’espoir de délivrer les survivants. Pour sa part, Beylogu est sur les traces de Silverberg. Une activiste politique qui recourt aux voyages temporels pour diffuser ses idées révolutionnaires. Enfin, Korais Aritoteles, patron des Chronosquads, se rend en 1931, à Londres, afin d’adresser ses reproches aux dirigeants de Gold TimeTour jugés responsables du chaos avec les Huns. En cause, le non respect de législations intertemporelles et des voyages organisés qui ignorent les douanes temporelles.

© Delcourt

Pour ce nouvel album, Gregory Panaccione confirme son véritable talent pour le dessin informatisé. Pour avoir assisté à un concert dessiné sur tablette au festival « Quai des Bulles », voilà plusieurs années, nous pouvons vous dire que l’auteur est capable, en quelques traits, hors d’un amas de formes, de faire émerger des personnages au visuel puissant et immédiatement identifiables. Dans Chronosquad, il crée sans cesse des ambiances à même de happer le lecteur dans les différentes lignes temporelles explorées. La situation est renforcée par son choix, toujours pertinent, des couleurs qui accentuent l’immersion. Le dessin alterne des décors fouillés et des scènes centrées sur les visages. Les émotions y sont parfaitement rendues.

La réussite de cette bande dessinée réside autant dans le dessin, la couleur que le scénario. Giorgio Albertini, depuis six tomes, propose une véritable réflexion, enrobée d’humour, sur le capitalisme libéral, le tourisme de masse et l’individualisme forcené et amoral. Se dessine alors un duel entre des forces étatiques soucieuses du bien commun et des forces privées qui souhaitent se délier de législations qu’elles jugent lourdes et inutiles.

Dans cet album, la compagnie New World propose de fonder des colonies dans différentes lignes temporelles. Vous souhaitez participer ? Uniquement si vous êtes en possession de dix millions de dollars. L’objectif ? Se soustraite au réchauffement climatique, à la pollution, à la surpopulation ou aux pandémies mondiales qui menacent. Le scénariste pose alors une question essentielle : avons-nous le droit, alors que nous sommes responsables de ce monde devenu invivable, d’envahir les lignes temporelles de nos ancêtres, ce au risque de reproduire les mêmes erreurs et de perturber le continuum espace-temps ? Se pose également la question des fortunés qui échappent, grâce à leurs richesses, aux contraintes communes, tandis que les plus pauvres y sont irrémédiablement soumis.

© Delcourt

Dans ce même album, les chronosquads tentent de faire rendre des comptes aux entreprises de chronotourisme qui installent leur siège social dans différentes trames du temps, dans l’espoir d’échapper aux législations intertemporelles. Une allusion à peine voilée à toutes ces entreprises de notre monde qui pratiquent l’évasion fiscale, la délocalisation de sites de production, et recherchent les législations nationales les moins ambitieuses pour développer leurs bénéfices, sans en mesurer les conséquences. À cet effet, la série a développé un riche vocabulaire afin de désigner ces situations nouvelles (chronexit, chronoport, les temporels, législation intertemporelle, désépoc, intouchable, déchronolocalisation…).

Au terme de « Chapeaux melons et hordes de Huns », vous refermez la bande dessinée heureux ou heureuse d’avoir vécu une belle aventure, mais frustré par d’insoutenables cliffhangers. En cela, les auteurs confirment que nos chronosquads ont encore de belles aventures à vivre.

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782413039914

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