Yuzu est une adolescente bien dans son temps, énergique, enthousiaste au style vestimentaire fashion et décontractée. Pour parfaire ce tableau très « moderne », elle vit avec sa mère divorcée et récemment remariée.
En dépit de l’image très « cool » qu’elle entretient, Yuzu détient un secret honteux à ses yeux : elle n’est jamais sortie avec un garçon et n’en a même jamais embrassé ! Cependant elle ne désespère pas d’enfin se trouver un copain, après tout elle n’est encore que lycéenne !
Ces espoirs partent en fumée lorsqu’elle doit intégrer un lycée pour filles très strict, sur décision de son nouveau père. C’est une catastrophe sans nom car ses nouvelles camarades se révèlent coincées et la prennent rapidement pour une « délinquante » à éviter.
Il faut dire que Yuzu n’est pas du genre à mâcher ses mots et se montre même capable de coups d’éclat en public, comme elle en fait la démonstration dans ce premier tome.
C’est lors de son premier jour au lycée qu’elle rencontre Mei, la présidente du conseil des élèves, une jeune fille froide et austère, responsable du respect de ces règles si strictes qui étouffent Yuzu. On va vite faire le constat que les opposés peuvent s’attirer de façon irrésistible même si tout semble les séparer !
D’autres rebondissements sont également présents et la situation va se complexifier pour cette pauvre de Yuzu, mais nous en resterons là pour le moment côté scénario.
Avec Citrus, Saburouta propose un yuri manga, c’est-à-dire un type d’histoire basé sur des relations homosexuelles entre femmes, qui mêle habilement divers clichés, mais pour davantage en jouer que par simple opportunisme commercial, dans un traitement réaliste et posé qui fait mouche.
En effet l’histoire aborde un thème relativement classique, très fantasmé chez les Japonais -mais que nous retrouvons aussi de par le monde- pour développer une histoire d’amour interdit, et ceci à plusieurs niveaux.
Saburouta aborde son sujet de façon simple, sans forcer les effets, avec une montée en tension parfaitement rythmé et un ton qui reste bon enfant. Le récit se présente tour à tour drôle et touchant, avec des séquences forcément intenses entre nos héroïnes qui apprennent à se connaître.
On appréciera en particulier la façon dont leurs caractères sont utilisés et se répondent de façon naturelle et dynamique, donnant lieu à des « passes d’armes » où chacune affirme sa personnalité et défend son « univers ».
Évidemment, ce premier tome se consacre essentiellement à percer « l’armure » de Mei, à travers diverses petites péripéties dont Yuzu se révélera toujours l’élément perturbatrice. On suit les doutes et les questionnements de cette dernière, toujours plus attirée par l’insondable présidente qui semble s’être fermé à toute émotion.
Du côté du graphisme, le trait de Saburouta se montre clair, précis et relativement détaillé. Les décors sont très présents, d’angles variés, permettant de s’immerger facilement dans le récit, sans oublier le point crucial : l’expressivité des personnages qui nous transmettent admirablement bien leurs émotions.
Un premier tome presque sans faute, dont il nous tarde de découvrir la suite et ce qui se cache derrière l’armure de Mei !
(par Guillaume Boutet)
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