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Clones débarque sur les écrans... et dans les librairies !

Par Charles-Louis Detournay le 24 octobre 2009               Clones débarque sur les écrans... et dans les librairies !" data-toggle="tooltip" data-placement="top" title="Linkedin">       Lien  
Alors que Clones sort sur les écrans européens, avec Bruce Willis en tête d’affiche, les auteurs du comics originel donnent leur vision de cette anticipation pas si éloigné de notre quotidien. Delcourt sort d’ailleurs l’intégrale des cinq chapitres dans un recueil aussi dense qu’intense.

Le scénariste Robert ‘Bob’ Venditti est aussi loquace que Brett Weldele, son dessinateur de Clones est taiseux. Mais dans leurs yeux, on retrouve la même excitation de voir leur récit porté à l’écran dans un de ces blockbusters dont Hollywood a le secret, si pas l’exclusivité.

Jeune écrivain, Venditti s’est inspiré d’un livre de sociologie qui expliquait les comportements asociaux de certains accros d’Internet, et d’une étude sur les possibilités de créer des robots à l’apparence humaine, pour imaginer Clones. « Autour de moi, je remarquais des personnes qui passaient leur temps sur des chats, à travestir leur identité, quitte à changer virtuellement de sexe, pour intéresser les autres », explique Bob Vendetti. D’un autre côté, des gens passaient l’essentiel de leur temps sur des jeux en ligne, préférant faire évoluer leur avatar, plutôt que de continuer à mener une vie normale. Certains d’entre eux foiraient leur mariage, perdaient leur job sans que cela ne leur fasse ni chaud ni froid, tant qu’il pouvait se rattraper à ce qu’il croyait être leur vraie vie ! »

« De là, j’ai imaginé une société où l’on ne devrait plus sortir de chez soi, car des clones à l’apparence plus qu’humaine pourraient remplacer nos activités, développant des rapports que notre apparence physique rendrait impossible, comme obtenir un travail réservé aux hommes, ou ne jamais paraître vieux. Deux idées se sont alors imposées à moi : la première image de l’album représentant un clone de jeune fille sexy en train de s’envoyer en l’air dans une ruelle, alors que son propriétaire était un grand balaise bodybuildé ; et celle d’un couple marié qui, depuis des années, ne se serait plus vus qu’à travers les yeux de leurs clones respectif, même dans leur intimité, alors que l’un d’eux possède un clone par besoin professionnel, tandis que sa femme s’y réfugie pour des raisons privées. »

<i>Clones</i> débarque sur les écrans... et dans les librairies !
Feutre sur photographie en arrière-plan

C’est sans doute la grande valeur de Clones, cette immersion dans une société qui s’est progressivement métamorphosée, jusqu’à compter sur plus de 92% d’utilisateurs des ces robots sans âme, comme des doubles téléguidés. Bien entendu, cela peut créer des tensions avec les plus démunis, qui voient ce fossé social encore plus se creuser. Et cela met également en doute la globalité des échanges que vous pourriez avoir, mais tout va bien, tant que vous vous protégez derrière ce voile de virtualité, la plus dure des carapaces.

Un des grands bénéfices du comics en revient bien entendu à l’expérimenté Brett Weldele, déjà nommé aux Eisner Awards. Son mélange de traits au feutre, d’encre et de peinture donne une composition glauque et très subjective de la réalité présentée au travers les yeux de ces robots sans conscience, surtout lorsqu’il utilise la photographie comme base de quelques cases. « Je ne cherche pas à donner un aspect original à mon dessin, mais plutôt à faire ressentir l’état d’esprit dans lequel doit se plonger le lecteur pour saisir telle ou telle atmosphère. La grande différence entre un film et un comics, c’est le film va présenter une image réelle, alors que mes dessins vont apporter une vision subjective permanente. », explique-t-il. « J’utilise parfois un dessin diffus afin que le lecteur ne se fixe pas sur le personnage, mais bien sur l’ambiance globale. Et d’un autre côté, je suis parfois plus précis pour faire ressentir le sentiment qui traverse le héros. »

Brett Weldele (gauche) & Robert Venditti (droite)

Ceux qui iront voir le film qui sort actuellement ne manqueront pas de noter les libertés que les scénaristes ont pris avec le comics d’origine. « Nous avons toujours été en contact pour suivre la progression du récit », argumentent les auteurs. Il ne faut pas se le cacher, certains raccourcis, les déviations, voire le tournant radical que prend le film sur notre monde personnel peut sembler choquant, mais Hollywood dispose de sa propre marque de fabrique : il faut de l’action pour pimenter le film, des rebondissements nécessaires pour satisfaire aux règles du genre. Bien sûr, nous sommes fiers que notre histoire soit portée à l’écran, mais notre monde est dans le livre, et ce que le film décrit n’en est qu’une transposition, différente, mais tout aussi réelle car elle touche le public. Et ceux qui voudront en savoir plus iront alors se plonger dans notre récit originel. C’est dans l’ordre des choses. »

Anticipation, action, un brin de philosophie et une critique déguisée de notre société vivant de plus en plus par avatars et chat-rooms interposés, il n’en fallait pas plus pour que le film fasse un très beau score aux USA. Quand à son arrivée sur le continent, le bouche-à-oreille fait déjà bien parler de lui. Bien entendu, Bruce Willis porte déjà le film à lui tout seul !

Délaissant les détails, Brett Wedele insiste sur les sentiments dominant la scène : la surprise, la colère, la peur.

« Alors que le récit n’était pas encore au début de sa publication, je rêvais avec mon épouse d’une très hypothétique adaptation au grand écran », explique Bob Vendetti. « Dans mon délire très mégalomane, quand on imagine que j’étais un scénariste débutant, sans aucun succès préalable, je souhaitais dans l’absolu que Bruce Willis prenne le rôle principal : mis-à-part son expérience dans l’anticipation, comme pour L’Armée des douze singes, il était, selon moi, un des rares acteurs à pouvoir donner assez de punch à l’intrigue, tout en pouvant faire passer les sentiments contradictoires qui l’assaillent face à son épouse qui refuse de quitter son clone, alors qu’il a fait le choix inverse. Lorsque j’ai appris qu’il avait accepté le rôle, je ne pouvais en croire mes oreilles : mon rêve devenait réalité ! »

Malgré une intrigue comportant quelques temps morts, le comic book Clones (The Surrogates) est un album par lequel tous les fans du genre devront faire le détour obligatoire : les merveilles de schémas graphiques narratifs de Weldele et la vision minutieuse des conséquences sociales des ces clones (en particulier les petits articles en fin de chapitre) sont aussi audacieux que savoureux.

Quant à savoir si le film est aussi bien réussi, si vous vous risquez dans une salle obscure, laissez le noir vous envahir et assistez au spectacle de la vie se dérouler devant vous… comme un Clone !

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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