La bonne idée, en effet, c’est ce procès. Mais de quoi l’accuse-t-on ? De légèreté sûrement, de n’avoir pas adhéré aux folies idéologiques de son siècle, d’avoir traité les guerres comme des futilités, d’avant participé à toutes les avant-gardes sans s’y laisser réduire, d’avoir vécu son homosexualité en liberté à une époque où l’on s’employait à l’interdire, d’avoir été multiple sans chercher l’étiquette, enfin d’avoir incarné mieux que quiconque l’artiste total, dans l’œuvre et dans la vie. Jean Cocteau, c’est Zarathoustra éveillé, fait enfant.
François Rivière récite Cocteau comme on le fait d’un missel : il le connaît par cœur, dans la lettre et dans l’esprit. Il faut un sacré talent pour résumer en quelque 200 planches aérées, graphiques cet homme qui a rencontré son siècle, de Pablo Picasso et André Breton, à Jean Marais et Edith Piaf. Laureline Mattiussi a réussi à rendre forme à cette glaise, à cerner les traits de Cocteau de façon juste et mouvante, à donner consistance à un accusé qui passa sa vie à se défendre, et à défendre les autres, comme ce Max Jacob en partance pour la mort dans le camp de Drancy ou ce Radiguet endiablé. Cocteau y est d’autant plus lumineux que l’Histoire s’assombrit. François Rivière et Laureline Mattiussi rendent justice à cet enfant en habit vert qui dessina lui-même son épée.
Nous avons croisé la dessinatrice aux Rencontres Chaland de Nérac. Voyez comment elle en parle.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Cédric Munsch)
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Cocteau, l’enfant terrible - Par François Rivière et Laureline Mattiussi. Editions Casterman - 256 pages - 24€
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