Commissaire Kouamé T. 2 : Un Homme tombe avec son ombre

Commissaire Kouamé T. 2 : Un Homme tombe avec son ombre – Par Marguerite Abouet et Donatien Mary – Gallimard BD

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C’est la seconde enquête d’un commissaire aux pratiques musclées qui nous fait découvrir les arcanes un peu particuliers de la pratique de la police à Abidjan en Côte d’Ivoire. Un univers fantasque, plutôt bienveillant, qui raconte une enquête sur l’enlèvement de la fille albinos d’un grand patron de l’industrie française par un commissaire en permanence sous la pression d’un ministre lui-même harcelé par les autorités françaises.

Le verbe enjoué de Marguerite Abouet, l’autrice à succès d’Aya de Yopougon (une série déjà adaptée en dessin animé et dont le 7e volume va paraître prochainement après quelques années d’interruption), d’Akissi et de Bienvenue est une conteuse hors pair qui n’évoque que ce qu’elle connaît bien : Abidjan et la Côte d’Ivoire dont elle est originaire.

Dans Aya de Yopougon déjà, on découvrait la sociologie particulière de ce monde méconnu : le poids de la société, les rapports de pouvoir, la corruption, une pauvreté qui côtoie la richesse clinquante des possédants, une population tiraillée entre le modèle occidental importé par les colonisateurs et leurs successeurs et le modèle traditionnel qui reste très prégnant au sein des familles. Sous la plume de Marguerite Abouet, tout cela prend un tour un peu farce...

Commissaire Kouamé T. 2 : Un Homme tombe avec son ombre – Par Marguerite Abouet et Donatien Mary – Gallimard BD

Le commissaire Kouamé avec son costume trop grand et ses lunettes en écran de télévision est déterminé, intègre, et pas vraiment gentil : ses interrogatoires confinent à la torture. Il y a son adjoint, un Blanc collectionneur de voitures de luxe souvent bloquées à la douane en attente de bakchichs. Il est en butte à des problèmes de couple qui viennent ponctuer régulièrement l’intrigue. Et puis, cette cohorte de fonctionnaires pas vraiment enclins à risquer leur peau dans des quartiers difficiles…

En dépit de son côté cinglant, jamais cette satire ne verse dans la charge cruelle, dans la caricature implacable. Comme le commissaire Kouamé, Marguerite Abouet ne s’attarde pas sur l’anecdote et se concentre sur l’essentiel : la résolution de l’enquête.

Donatien Mary a des emportements graphiques à la Christophe Blain et sait camper parfaitement ses personnages tous plus pittoresques les uns que les autres : une bourgeoise qui trompe son mari, une jeune fille en mal d’émancipation, un féticheur manipulateur et cupide, des enfants-soldats drogués jusque derrière les oreilles, toute une réalité qui balance entre l’étude sociale à la Simenon et une faconde africaine digne de Pagnol. Une série unique en tout cas…

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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