Conan – King-size Conan – Ribic, Thomas, Claremont, McNiven & Busiek – Panini Comics

À y regarder de plus près, ce hors-série nous réserve son lot de belles surprises. À commencer par « L’Exode », une courte histoire récente et muette, sans phylactère ni narration. Le dessin se suffisant à lui-même, tout en poésie, sert de mise en bouche et nous met doucement en condition pour la suite.

La première grosse pépite nous est offerte par Roy Thomas lui-même, ancien rédacteur en chef de Marvel et scénariste des premiers comics de Conan (est-il encore nécessaire de le rappeler ?). Le tout premier épisode était dessiné par Barry Windsor-Smith qui avait représenté le héros avec un casque à cornes de taureau (orientées vers l’avant et non sur les côtés comme de coutume). Ce détail est repris par le dessinateur Steve McNiven qui s’y prend à merveille pour allier le style classique des années 70 et un trait plus contemporain. Cette courte histoire écrite en 2021 surprend le lecteur car elle se situe chronologiquement juste avant la première aventure et sert ainsi de prélude à l’immense saga qui allait suivre.

Chris Claremont (le scénariste des X-men) nous gratifie d’une belle séquence narrative qui prouve encore que son titre de maître du scénario n’est pas usurpé, et pourtant, l’heroic fantasy n’est pas son domaine de prédilection. Cet épisode est illustré par Roberto De La Torre dont le style néo-classique est en adéquation avec ce type de récit.

Les tandems se succèdent avec efficacité jusqu’à l’ultime séquence « Le Bateau Des Damnés » qui nous étonne par l’arrivée de Bêlit, la reine des mers au destin tragique et préférée de Conan dont elle sera la compagne.

Une salve de récits courts mais bien ficelés par des auteurs qui nous prouvent encore leur science et maîtrise en rendant un vibrant hommage au héros howardien. Une célébration judicieuse dans ce qu’elle apporte d’inédit entre les différentes grandes phases de la vie de Conan. Les connaisseurs de ses comics Marvel en apprécieront toute la perspicacité. On peut même affirmer que cette pièce doit figurer dans la bibliothèque du collectionneur pour cette raison.

Toutefois, on regrette que cet album ne soit pas plus consistant. Il manque une ou deux histoires pour satisfaire le lecteur qui arrive assez vite au terme de ce « King-size » et ce ne sont pas les quelques pages de bonus reproduisant les esquisses de « L’Exode » au complet qui viendront combler la voracité d’un adepte qui s’était attablé pour fêter dignement le demi-siècle d’existence de Conan chez Marvel.