Les pérégrinations de Conan le Barbare l’ont conduit loin à l’Est, dans le royaume d’Uttara Kuru, ce royaume correspondant à la représentation d’une Inde fantasmée par l’écrivain Robert E. Howard. Là-bas, Conan se fait vite remarquer, comme à son habitude, par sa propension à coller de sérieux marrons aux badauds qui veulent se confronter à lui et séduire les femmes du coin. Un étranger doté d’une force herculéenne de surcroît : il n’en fallait pas plus pour que les habitants de la capitale fassent de Conan « le champion du peuple » !
Pas de chance pour le Cimmérien, il ne comprend pas la langue d’Uttara Kuru : être champion du peuple signifie, chaque année, être jeté en pâture aux jeux souterrains du dieu Challi-Maï, dieu-protecteur du royaume qui sélectionne dans la mort les guerriers les plus braves, pour une bataille à venir à la fin des temps. Sans pouvoir refuser cet « honneur », Conan est jeté, comme d’autres malheureux ou candidats, dans le creuset afin de connaître qui sera l’unique et heureux élu à survivre…
Une première histoire qui permet de saisir la rigueur avec laquelle le scénariste Jim Zub traite les aventures de Conan, car celui-ci ne prend pas par-dessus la jambe la caractérisation du royaume d’Uttara Kuru. Les habitants de ce royaume ont leur propre langue créée par le scénariste, une culture affirmée et une société hiérarchisée qui va de pair : tout comme Conan, le lecteur se retrouve à découvrir un nouveau pays qui lui est bien étranger, ce qui renforce la proximité du lecteur et du personnage principal car tout deux partagent un même sentiment de surprise face aux découvertes qu’ils font.
La narration extérieure prend une place importante dans cet album, car la plupart des événements sont racontés de la sorte. Bien évidemment, Conan et ses compagnons d’infortune échangent entre eux, mais la primauté laissée à la narration extérieure permet de donner un aspect romanesque très sympathique aux aventures du Cimmérien. Des aventures par ailleurs surprenantes, car la mort n’épargne personne dans les sombres galeries du creuset… Trahison, alliances éphémères et plus si affinités sont au rendez-vous de cette sanglante compétition.
Pour notre part, nous avons trouvé que le traitement réservé au personnage de Conan était respectueux. Cette facette étant notamment incarnée par la seconde histoire de l’album, où Conan se retrouve à manier une lame mystique et dangereuse. Le guerrier fait briller dans cette histoire sa capacité à pourfendre des hordes d’ennemis, mais fait aussi preuve d’un fort caractère : la lame se nourrissant de la vie de ses victimes et appelant Conan à plus de massacres, Conan saura lui montrer qu’il n’est pas simplement son « vaisseau ».
Les aventures de Conan sont portées ici par une équipe de différents dessinateurs dont les planches sont agréables et la violence graphique bien présente. Par habitude, nous avons particulièrement apprécié ici le trait du dessinateur Rogê Antônio pour suivre la première histoire de l’album.
Conan le Barbare | Dans le creuset est un album qui aura de grandes chances de plaire aux lecteurs réguliers des aventures du Cimmérien, mais aussi aux nouveaux lecteurs qui souhaitent tenter leur chance auprès de cet univers, car les récits ici présentés ne nécessitent pas fondamentalement de connaissances au préalable afin d’apprécier leur agréable propos.
(par Romuald LEFEBVRE)
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Conan le Barbare | Dans le creuset. Par Jim Zub (scénario), Rogê Antônio, Robert Gil et Luca Pizzari (dessins). Traduction de Thomas Davier. Panini Comics. Sortie le 14 avril 2021. 136 pages. 18,00 Euros.
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