Car si, en Europe, la notion de bande dessinée est bien cernée, il existe, aux Etats-Unis, une nuance que nous utilisons peu, celle de « roman graphique ». Considéré comme une forme « adulte » et évoluée de la bande dessinée par rapport aux fascicules de « comics » et à la bande dessinée publiée dans les journaux, il n’est pas distingué des autres formes de BD en Europe. Or, il est l’objet de l’introduction de ce livre. Et le traducteur a dû adapter le texte de base, copieusement illustré par des références américaines qu’il n’a pu changer, en tentant de le faire correspondre aux réalités européennes. Mission impossible : on sent que les arguments sont insérés au chausse-pied et l’introduction « des illustrés au roman graphique » entame mal un livre dont on sent vite qu’il est en total décalage avec son titre. On est ici dans l’histoire et les techniques de la bande dessinée américaine et les références plus universelles ne trouvent leur place que dans des encadrés « lectures conseillées » où le traducteur peut heureusement construire quelques ponts avec notre culture.
Le livre survole rapidement - encore une fois, « à l’américaine », sans approfondir, en se bornant à quelques courts commentaires et de petits conseils pratiques pour (très) débutants - toutes les étapes de la création d’un album, jusqu’à la signature d’un contrat avec un éditeur. Si vous n’y connaissez rien, il vous donnera un aperçu de tout ce qui entre dans la conception d’un album de bande dessinée. Mais il ne fera certainement pas de vous un créateur. Et ce n’est pas la hideuse couverture qui viendra nous démontrer le contraire.
(par Patrick Albray)
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