Trop c’est trop. Bien sûr, il y a la pandémie ; bien sûr, il y a la nécessité de se protéger, d’éviter la saturation des hôpitaux, de ménager le personnel soignant. Bien sûr, cette gestion n’est pas facile et, dans un contexte compliqué par la menace islamiste, on ne voudrait pas être à la place des autorités mises dans la nécessité de prendre des décisions fermes sans tergiverser.
Mais un minimum de réflexion et de cohérence sont nécessaires : pourquoi fermer les petits commerces et laisser ouvertes les grandes enseignes ? Pourquoi laisser les FNAC ouvertes et pas les librairies spécialisées ? Parce qu’elles vendent des biens de première nécessité comme les produits informatiques ? C’est absurde, et les auteurs de bande dessinée n’ont pas manqué de le faire savoir.
Dès l’annonce du confinement, Joann Sfar ou Riad Sattouf montaient au créneau pour que les librairies restent ouvertes. Dans la foulée, plusieurs points de vente se révoltaient : ce boulevard laissé aux tycoons de l’Internet comme Amazon (dont le chiffre d’affaire a bondi pendant la crise de la Covid) ou aux grandes surfaces tient des décisions du Père Ubu.
Aujourd’hui, coup de théâtre : Florence Cestac, Catherine Meurisse, Régis Loisel et Jul, les grands noms de la BD qui avaient apporté leur caution à BD2020 claquent la porte. Le soufflet est cinglant pour le gouvernement.
Dès le premier confinement, ActuaBD avait souligné l’absurdité de fermer les librairies à condition que les normes sanitaires (Drive-In, Click&Pick, paiement sans contact…) soient respectées. Face à la grogne des libraires, que fait le gouvernement ? Il demande de fermer les rayons de livres, une interdiction supplémentaire aux interdictions, alors que l’on pouvait donner aux points de vente des conseils et éventuellement un assistance responsables. Tout le monde sait ben que les principaux clusters sont dans les entreprises et dans les grosses réunions familiales. Pourquoi ne pas assouplir les normes et traiter les activités culturelles au cas par cas ?
Le monde de la BD a en tout cas pris position. L’année de la BD risque bien de passer, selon l’expression du Père Ubu d’Alfred Jarry, « Dans la trappe ! »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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