Clara Bronson cherchait un endroit où effectuer un nouveau départ. Pour elle et pour son fils. C’est comme ça qu’elle atterrit, littéralement, à Copperhead, caillou perdu dans l’espace vivant essentiellement de sa mine, détenue par un potentat local ayant fondé son pouvoir sur la corruption et l’intimidation. Et heureusement que la jeune femme possède un sacré tempérament, car son arrivée coïncide avec une querelle familiale débouchant sur le meurtre mystérieux de toute une fratrie.
Trois aspects principaux caractérisent immédiatement Copperhead. Le premier tient au genre du western, base sur laquelle le titre est construit. De ce point de vue-là, les grands codes apparaissent repris et respectés : bourgade isolée au sein de grands espaces, fermes et saloons, enquête et fusillades, environnement sauvage symbolisé par des natifs inquiétants.
Mais tout ceci se trouve réévalué par la transposition dans un univers de Science-Fiction clairement assumé, qui offre une lecture renouvelée de ces motifs classiques. L’idée semble simple, évidente, mais en fin de compte rarement frontalement abordée dans la culture populaire américaine récente. Si on pense bien sûr à la trop brève série Firefly de Josh Whedon, il n’y a pas grand chose d’autre de cet ordre qui s’impose à l’esprit, même si certains passages de Black Science, la dimension de western futuriste de East of West ou certains éléments du space opera qu’est Saga approchent partiellement cela.
Mais avec Copperhead, la rencontre du western, des races extraterrestres et des créatures artificielles s’avère directe. Ainsi, on a droit à des fermiers cyclopes, verts et dotés de quatre bras, à un adjoint taciturne à fourrure ou a des mineurs semble-t-il sortis de la cantina de Star Wars. Et pour ce qui est des indiens, cela se complique de manière intéressante pour qu’on se demande s’il faut voir leur "rôle" tenu par des "Natifs" s’apparentant aux créatures d’Alien ou s’il faut plutôt les chercher du côté des "Artifs", robots intelligents relégués en marge de la société à l’issue d’une guerre évoquant lointainement la Guerre de Sécession américaine.
Enfin, le dernier élément fort de la construction de Copperhead touche à ses personnages, et en particulier à son héroïne. Clara s’impose immédiatement et sa caractérisation efficace de femme forte mais ne jouant pas sur le registre convenu et aguicheur de la femme fatale tranche et convainc. Poser comme shérif une mère soucieuse du devenir de son fils, prise semble-t-il dans un drame intime encore mystérieux, en fait d’ores-et-déjà un personnage doté d’une certaine épaisseur. Et à ses côtés, son adjoint, ou encore le médecin local, dans des postures plus typiques, fonctionnent bien.
Des ingrédients intéressants, servis par un dessin soigné et pêchu qui met bien en valeur créatures et environnements : il y aurait de quoi s’enthousiasmer pour Copperhead et on n’est pas loin de le faire. Mais pour l’heure le bât blesse du côté de l’intrigue, un peu terne, malgré une pirouette finale sympathique. Le tout fonctionne, mais l’histoire racontée manque pour le moment d’enjeu et on reste à l’issue du volume avec l’impression d’avoir eu affaire à un tome de prologue avant de débuter la véritable aventure, annoncée à l’ultime planche. Il faudra donc attendre le prochain volume pour voir si la série de Jay Faeber et Scott Godlewski transforme vraiment l’essai.
(par Aurélien Pigeat)
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