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Correspondances entre bande dessinée et dessin contemporain à Angoulême

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er novembre 2018                      Lien  
« Que savons-nous aujourd’hui des liens entre les créations de la bande dessinée et celles de la figuration contemporaine ? » Tel est le questionnement qui conduit une exposition temporaire du Musée de la bande dessinée au Centre International de la Bande Dessinée et de l’Image à Angoulême qui s’ouvrira le 20 novembre prochain jusqu’au 6 janvier 2019.

L’exposition BD/Drawing : Correspondances, dans sa première mouture, a été avait été présentée pour la première fois à Drawing Now, le salon du dessin contemporain, à Paris en mars dernier. Elle confrontait des œuvres issues des collections de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, ainsi que des dessins provenant d’ateliers des artistes ou de fonds de leurs galeries. « Le choix que nous en avons fait, disaient les commissaires, permet de mettre en lumière cette influence croisée entre dessin contemporain et BD à l’appui de tout un monde d’images très diverses et à l’écho de la création contemporaine tous modes confondus. Il en appelle ici à la construction de personnages et de saynètes typiques des cartoons pour quotidiens, là à un environnement fantastique, là encore à l’abstraction psychédélique, géométrique, voire minimaliste. » Voilà le programme.

Correspondances entre bande dessinée et dessin contemporain à Angoulême
Fred (1931-2013) Philémon, l’enfer des épouvantails, 1965.

Ces efforts s’inscrivent, pour la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image dans une volonté affirmée d’ «  élargir le champ de la bande dessinée et créer toujours plus de liens entre les disciplines » afin de positionner le 9e art comme un carrefour artistique et culturel. D’où cette idée de confronter des artistes de bande dessinée avec leurs homologues de Drawing Now, cette foire d’art qui fait autorité dans le dessin contemporain.

François Henninger (né en 1984) Village classé, 2016.

Longtemps, les collectionneurs de bande dessinée ont reçu ces approches artistiques d’un haussement d’épaules, les assimilant parfois à de la « fumisterie ». De l’autre côté, les amateurs d’art contemporain regardaient cet « art vulgaire » de la bande dessinée avec du mépris, sinon de l’hostilité.

La grande exposition aux Arts Décoratifs de 1967, intitulée « Bande Dessinée et Figuration Narrative », associant la bande dessinée avec la création picturale contemporaine (Monory, Télémaque, Rancillac, Fromanger, Erró, Adami…), avait été ressentie, du côté des amateurs de bande dessinée, jusqu’à aujourd’hui, comme un collage incongru.

Un autre regard sur la bande dessinée

Depuis longtemps pourtant, un article de circonstance de Thierry Groenteen le rappelle, le dialogue entre BD et art contemporain est une réalité qui s’est traduite notamment par des expositions majeures comme "Vraoum" en 2009 réalisée par Pierre Sterckx et David Rosenberg, « Bande Dessinée et Art Contemporain » au Havre (2010), initiée par Jean-Marc Thévenet, ou encore « Quelques Instants plus tard… » aux Cordeliers à Paris (2012) organisée par la Galerie Huberty & Breyne.. La chose a même été théorisée par Alain Berland. Des auteurs de BD comme Jochen Gerner ou Ruppert & Mulot sont représentés par des galeries d’Art Contemporain et ils sont d’ailleurs ravis de s’adresser à des publics qui s’ignorent avec une telle ostentation.

Il était donc temps de faire un point et c’est ce que font Anne Hélène Hoog, la directrice du musée de la bande dessinée, Joana P.R. Neves, la directrice artistique à l’international de Drawing Now et Philippe Piguet, le directeur artistique de Drawing Now, les commissaires de cette exposition.

Leur parcours s’articule autour des concepts de séries, de signes et de figures, de vertiges et de disparitions, de flux et de fragments, s’interrogeant de savoir quel est le rapport avec la bande dessinée, non sans s’intéresser au statut de l’autoportrait, au cœur de ces créations autobiographiques ou auto-représentatives dont les labels éditoriaux Ego Comme X ou L’Association furent longtemps les représentants, mais aussi aux rapports narratifs de ces œuvres avec la bande dessinée avec, en guest-star pourrait-on dire, The Cage [La Cage] de Martin Vaughn-James, considéré, notamment par Benoît Peeters, comme un pionnier du « roman visuel »..

Patrice Killoffer (né en 1966) Six cent soixante – seize apparitions de Kilofffer, pl. 28, 2002

En confrontant les travaux de Gerner, Killoffer, David B., Blain, Sfar, Mattotti,… avec ceux de Combas, Baxter, Shaw, Moolinex, Leger, Mrzyk ou Solomoukha… les initiateurs de cette exposition nous offrent un véritable regard critique sur le dessin et sa narration. Un travail nécessaire jusqu’ici peu étayé par les chiens de faïence de la critique des deux disciplines.

Patrice Sanahujas (1952-1996) "Les Dirigeables de l’Amazone, la cour des miracles", 1978.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

BD/Drawing : correspondances
Exposition au Musée de la bande dessinée, CIBDI, Angoulême
20 novembre 2018 – 6 janvier 2019
[LE SITE DE L’ÉVÉNEMENT- http://www.citebd.org/]

 
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