Cot Cot raconte le duel ubuesque entre un cowboy désabusé et la dernière vache qu’il lui reste. Retour Écrémé débute sur une discussion surréaliste au cours de laquelle deux metteurs en scène sont confrontés à un acteur aussi nul que motivé.
Avec son trait noir, semblable à des tâches d’encre de Chine, Ibn Al Rabin arrive à donner des expressions surprenantes à des personnages pourtant très stylisés. Le cowboy de Cot Cot est tellement crédible quand il déclare à la quatrième planche (après trois pages muettes mais criantes de sensation) : « qu’est que je peux m’emmerder... », qu’on a envie de l’aider à mettre fin à ses souffrances.
Le style Ibn Al Rabin, c’est essentiellement cette économie de moyen : le N&B et un découpage ultra-original sont ses armes. Il n’hésite pas à détourner toutes les habitudes de la bande dessinée : certaines pages sont entièrement blanches, d’autres encombrées d’une multitude de cases minuscules, dans d’autres encore certaines cases sont carrément absentes. Les cadrages sont syncopés et donnent un vrai mouvement à des scènes qui pourtant sont immobiles...
Bref, l’auteur invente là une bande dessinée qui n’aurait pas trouvé sa place chez un grand éditeur de la place. Heureusement, Atrabile (qui n’en est pas à son coup d’essai, cf. Les Pilules bleues de Frédérik Peeters) est là pour nous présenter ces petits morceaux de bonheur.
Retour Écrémé tire parfois un peu en longueur, mais la brièveté de Cot Cot en fait un chef d’œuvre éclatant. Voilà deux albums et un auteur qui font réellement avancer la bande dessinée.
(par Martin Grillard)
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