Policier à Paris, Philippe Martin vit seul depuis que Sophie l’a quitté, il y a vingt-cinq ans. Sa solitude est telle que son existence entière est vouée à son travail, pour lequel il est reconnu pour son efficacité...
Un jour, un appel de la police catalane le conduit à Barcelone, à titre privé. Emma, historienne de l’art et grande spécialiste de l’œuvre d’un ami de jeunesse de Picasso, vient de se donner la mort... Or, tous les indices laissent à penser que Philippe est le père de la jeune femme. S’agit-il cependant bien de la fille de Philippe Martin ? Son suicide en est-il vraiment un ?
Nouveau one-shot de la collection Ligne noire de Philippe Berthet et nouvelle réussite ! Dans le récit imaginé par Raule (Jazz Maynard, etc.), le scénariste et le dessinateur s’entendent pour entraîner le lecteur dans un récit à tiroirs. On s’engouffre dans une direction pour mieux finalement en prendre une autre.
Les personnages sont attachants, à commencer par ce policier parisien un peu largué, et sa présumée fille qu’on apprend à connaître par un jeu de flashbacks. Et puis il y a les les rôles secondaires, comme ce philosophe obligé de jouer au taxi à cause de la crise de l’emploi. Belle façon de planter le contexte social pour une intrigue qui se déroule de un milieu de l’art qui inspire le titre.
La ville de Barcelone est un personnage à part entière de cet album, sans qu’elle ne prenne tout l’espace, ni ne nuise à l’intrigue. Au contraire, elle participe à cette effervescence artistique qui anime l’album. Autre ville, autre ambiance : Saluons le très beau flashback dans le Paris de La Belle Époque (extrait ci-dessous), superbement mis en couleurs par Dominique David.
Les auteurs parviennent également à jongler avec un grand nombre de personnages sans perdre le lecteur, un exercice difficile dans le cadre d’un one-shot. Les amateurs de Berthet apprécieront notamment la multiplicité de personnages féminins, sans jamais que l’auteur tombe dans la facilité.
Jouant avec le lecteur, que cela soit dans la construction du récit, ou dans les clins d’œil aux précédents titres même s’il n’est pas du tout nécessaire de les avoir lus, Berthet et Raule maintiennent un excellent suspense tout le long de cet Art de mourir aux décors d’une belle vérité.
Saluons en particulier la réussite du scénario, le staccato des répliques entre les protagonistes et un point de vue qui permet d’entrer dans les pensées du héros. Nous avons aussi apprécié la référence à Jacques Brel , aussi asynchrone que réussie.
Et une fois encore, Berthet nous gratifie d’une superbe couverture, aussi intrigante que graphiquement réussie ! Non seulement, on aime, mais on en redemande !
(par Charles-Louis Detournay)
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A propos de la collection Ligne noire de Philippe Berthet, lire :
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