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Créer des personnages [pour illustrateurs, Character Designers et animateurs 3D)] – Collectif – Éditions Eyrolles

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 17 août 2020                      Lien  
Les personnages sont les figures centrales du récit, que ce soit pour le conte, le roman, la bande dessinée, le dessin animé, le jeu vidéo ou le film. Les éditions Eyrolles et 3dtotal publishing proposent un manuel qui permettra au dessinateur débutant (et qui sait, peut-être même aguerri) de bâtir des personnages originaux. Un ouvrage pratique et plutôt bien foutu.

Il y a quelque chose d’agaçant quand on ouvre un ouvrage comme celui-là. D’abord dans le ton, ex cathedra, un peu péremptoire du narratif qui se donne pour mission de vous expliquer comment on fait les choses, comme cela et pas autrement.

Ce n’est pourtant pas trop le cas pour ce volume principalement conçu par des auteurs anglo-saxons pour une audience de Charac Designers, c’est-à-dire ces gens qui créent les personnages pour les bibles graphiques des productions le plus souvent audiovisuelles. Ces dessinateurs sont souvent peu valorisés dans une industrie où une multitude d’intervenants contribuent à une production collaborative dont seuls les réalisateurs et les producteurs ont le dernier mot. Pourtant, des milliers d’artistes passent par ces étapes ultra-formatées de l’Entertainment qui engagent des dizaines de millions d’euros au profit d’actionnaires qui ont peur de l’ombre de leur investissement. Voilà pourquoi les stéréotypes se multiplient à l’envi : les grands yeux à la Walt Disney, les monstres et les "Meca" des mangas, les costauds huileux et testostéronés à l’excès du modèle US.

Créer des personnages [pour illustrateurs, Character Designers et animateurs 3D)] – Collectif – Éditions Eyrolles

On en sort bien souvent, pour créer des choses « à soi », comme Guarnido avec Blacksad, par exemple, qui est passé par la case Disney. Mais on en garde toujours quelque chose dans son "ADN graphique" qui vous rattache à une famille, comme c’est le cas pour les tenants de la Ligne claire, les imitateurs de Franquin ou pour les dessinateurs issus du dessin de presse. Pas évident de « faire œuvre. »

Mode d’emploi

Mais si comme le suggérait André Gide, « L’art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté. » Il y a foule d’artistes qui se plient facilement à ces stéréotypes et arrivent même à dépasser le modèle, cela a été le cas pour Tex Avery, Edmond-François Calvo, Franquin ou Albert Uderzo qui, bien que nés sur les fonds baptismaux de Disney, ont fait une carrière personnelle qui a marqué l’histoire de leur art. Il faut donc regarder cet ouvrage comme un outil, un mode d’emploi à partir duquel le dessinateur créatif saura prendre ses distances. Ou non, selon les circonstances de la vie.

L’album est divisé en trois parties : « Pour commencer », où l’on étudie les figures, les gestes, les expressions, la couleur et le processus de stylisation ; « Projets de personnages », où divers caractères héroïques sont construits pas à pas par six dessinateurs différents ; et une galerie de personnages très différents, la section plus importante du livre, où une multitude de graphistes racontent comment ils ont bâti leurs sujets, de la première recherche souvent observée sur le vif à l’élaboration finale, parfois en interaction avec l’éditeur ou le réalisateur/producteur.

Si vous avez dans votre entourage un jeune qui s’essaye au dessin, cet ouvrage est un premier viatique plaisant et solide. Après tout, Albert Uderzo comme Yves Chaland avaient commencé à suivre les cours de dessin par correspondance ABC (« Si vous pouvez écrire, vous pouvez dessiner »...) avant de faire leur brillante carrière.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN : 9782212679526

 
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5 Messages :
  • mouais il y a plein de bouquins comme celà qui vous font croire que vous allez pourvoir dessiner des personnages facilement.
    Sauf que pour dessiner des personnages il faut d’abord etudier le corps humain donc l’anatomie en passant par le squelette puis les muscles et le modele vivant ensuite on étudie les drapées pour les habiller.
    A voir et écouter Raymond Poivet à 5.33 pour savoir ce qu’il faut étudier en priorité
    https://www.youtube.com/watch v=Vs5RsyrcYKg&feature=emb_err_woyt

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    • Répondu par Richard (Teljem) le 5 novembre 2020 à  17:42 :

      « Sauf que pour dessiner des personnages il faut d’abord etudier le corps humain donc l’anatomie en passant par le squelette puis les muscles et le modele vivant ensuite on étudie les drapées pour les habiller. »

      Vous croyez que Uderzo (par exemple) a fait tout ça ? Non, et pourtant quel dessinateur de personnages ! Jijé disait que c’était très difficile de reprendre Tanguy et Laverdure derrière lui car son dessin ne ressemblait à rien qu’on apprend dans les académies, et pourtant son dessin réaliste est magistral.

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      • Répondu le 7 novembre 2020 à  14:18 :

        sauf que uderzo à travaillé comme apprenti à la Société parisienne d’édition, il cotoie calvo il apprend sur le tas.
        Jijé à repris à contre coeur cette série c’était alimentaire.
        Ici je dis que si on veux apprendre à dessiner correctement les personnages, parce que on n’a pas la chance d’avoir un calvo ou un jijé à coté de soi, il vaut mieux avoir une formation académique et qu’il existe des ouvrages qui décrivent parfaitement la morphologie anatomie etc... ou si on est riche les écoles à 8000 l’année.
        Ici il est question d’apprendre avec un support, pas autre chose

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        • Répondu le 8 novembre 2020 à  21:22 :

          Uderzo n’a jamais travaillé aux côtés de Calvo et encore moins de Jijé, il était totalement autodidacte, c’était surtout dans les BD américaines qu’il puisait son inspiration à ses débuts.

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  • "des auteurs anglo-saxons"

    Les anglos-saxons ne le sont plus depuis Guillaume le Conquérant. La période anglo-saxonne s’étend du Ve siècle à 1066.
    Les irlandais, les écossais et les gallois ne sont pas ni des angles, ni des saxons. Ils n’ont jamais été anglo-saxons ce qui explique leur animosité envers les anglais. Les américains des états-unis sont le fruit d’un melting-pot. Des descendants d’européens (mais pas seulement), 14,1% d’entre-eux sont d’origine allemande ( l’origine européenne la plus nombreuse aux USA).10% sont d’origine irlandaise. 3% d’origine française…
    Si vous parlez d’américains des États-Unis, dites américains ou afro-américains ou euro-américains ou hispano-américains ou italo-américains ou germano-américains ou asio-américains ou franco-américains, etc. Mais par pitié, bannissez cette invention francophone "anglo-saxon" pour parler de personnes qui n’ont aucune origine angle ou saxonne.
    Vous dites anglo-saxons à cause de la langue anglaise qui vous semble être celle des USA. Cette langue est officielle au Royaume-Uni mais aucune langue n’est officielle au niveau fédéral aux USA. L’allemand aurait pu devenir la langue la plus parlée là-bas. La constitution américaine a été rédigée en 1787 en anglais, ceci explique en grande partie cela.
    De la même manière, ne dites pas franco-wallon pour parler d’un berrichon. Dire anglo-saxon, c’est tellement franco-belge !

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