Pas de bol pour Alex, jeune américain jusque-là sans histoires, hormis celles qu’il se croyait devoir mettre en scène avec ses parents, sa copine et ses amis. Mais un soir que, mal-être adolescent oblige, il venait de claquer la porte de chez les premiers, puis d’envoyer bouler la deuxième qui cherchait à le consoler, pour partir en virée avec les troisièmes, le voilà qui tombe sur une bande vraiment pas commode, en plein Central Park.
D’autres jeunes, croyait-il, centenaires en réalité pour certains. Avec qui la discussion tourne court rapidement, dès lors des crocs sont plantés dans des gorges et que des mâchoires arrachent violemment les chairs des amis d’Alex, faisant voler membres et organes un peu partout sur l’herbe désormais empourprée du sang des victimes - le comics ne s’intitule pas "Crimson" pour rien. Pas de bol pour Alex, il était tombé sur des vampires.
Mais sauvé par une autre créature, elle millénaire, Alex s’en sort. Devenu vampire à son tour, il se découvre un destin d’Élu, qui s’inscrit dans une relecture de la Genèse. Aux Hommes s’ajoutent d’autres espèces - Grigori, Anges, Chakydri... - parmi lesquelles les vampires, qui règnent sur la nuit. Et dont Alex va devenir le plus important dans le cadre d’une guerre gigantesque appelée à complètement modifier la Création divine.
Originellement publié sous le label en partie fondé par Humberto Ramos "Cliffhanger", au sein Wildstorm, Crimson parut entre 1998 et 2001, pour 25 numéros au total (24 pour la série elle-même, et un épisode bonus). C’est tout cela qui se trouve compilé dans ce copieux volume "omnibus" : 656 pages, quand même, au prix de 49 euros !
Vingt ans plus tard, on découvre donc le Humberto Ramos des débuts, alors qu’il amorçait des projets personnels. Mais aucun doute : on reconnait aisément son style particulièrement identifiable, légèrement cartoon. Et c’est là que le comics détone : le ton très sombre, violent et sanglant de Crimson se marie étrangement avec ce style de dessin. Pour un résultat surprenant et intéressant.
Mais côté scénario, à vrai dire, rien de bien stimulant. On se situe dans un récit certes ambitieux dans son approche mythologique, mais en fin de compte trop balisé et sans grande originalité. L’épopée d’Alex Elder, sous-titre de la saga, manque de souffle, malgré un brassage fantastique nourri. Reste que l’intrigue progresse de manière cohérente jusqu’à son terme et offre un vrai récit que les fans du dessinateur mexicain et les amateurs de comics d’action débridée et sanguinolente auront plaisir à (re)parcourir.
(par Aurélien Pigeat)
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