Dès que l’on sait que cet album intitulé Cruelle est autobiographique, on ressent toute la singularité de son propos. En effet, Florence Dupré La Tour raconte comment, dans son enfance et ce, jusqu’à la fin de son adolescence, elle a torturé, mutilé, tué les petits animaux de compagnie qui lui passaient entre les mains.
Le récit ne se résume pas à cette perversion, car l’auteur explique comment son cadre familial a participé à son évolution : une mère qui choyait ses trois filles dans une éducation très convenable tandis que le père était empêtré dans son travail et baladait sa famille d’expats de Buenos Aires à La Guadeloupe en passant par une propriété française de six hectares. C’est d’ailleurs dans ce lieu récurrent de son enfance que l’auteure explique son attrait pour la vie sauvage, et comment elle décoda les préceptes sociaux de ses contemporains au travers de ces rudes apprentissages.
Si l’on connaissait la vision moyenâgeuse particulière de Florence Dupré La Tour via entre autres Capucin, cette auteure qui travaille autant dans l’animation que dans la presse nous surprend dès les premières pages de Cruelle. Presque sans aucun pudeur, l’auteure confie au lecteur des expériences aussi bouleversantes qu’interpellantes.
Cette sincérité presque choquante provoque un étrange mélange d’intérêt et de crainte chaque fois qu’un nouvel animal entre en scène ; on vient à se demander ce que l’inquiétante Florence pourrait lui faire subir, tout en espérant qu’un déclic de bonté (ou de pitié) lui sauvera la mise.
Mais derrière une volonté de choquer le lecteur, l’auteure revient sur les fondamentaux de la relation entre parents, enfants, frères, sœurs, et amis proches. Elle s’appuie sur l’instinct animal pour expliquer nos actes quotidiens. De quoi happer l’attention du lecteur jusqu’à une conclusion pour le moins surprenante !
(par Charles-Louis Detournay)
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La Sorcière du placard aux balais
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