Le chat-robot Doraemon vient du futur. Il est un jour sorti du tiroir du jeune Nobita Nobi, tellement gaffeur que ses bévues pèsent encore sur sa descendance au 22ème siècle, plusieurs générations après lui. Sewashi, le petit-fils du petit-fils de Nobita, décide de lui envoyer le chat Doraemon pour l’aider à éviter les gaffes qui font le malheur de ses héritiers, en particulier dans le registre de ses études, car ses échecs scolaires ont une incidence directe sur le destin de sa famille. Pour l’aider, le chat-robot dispose d’une poche dont il peut extraire des gadgets plus fantastiques les uns que les autres. Mais bien évidemment, le futur n’est par définition pas contrôlable et les situations qui résultent de cette tentative ne sont pas exactement ceux escomptés par ses protagonistes.
Cette fable de Fujiko F. Fujio (pseudonyme de Hiroshi Fujimoto), simple mais foncièrement originale, et qui implique les notions de responsabilité et de maîtrise de soi, est l’archétype de la série Shônen des années 1970-1980, destinée aux jeunes garçons à partir de huit ans. Une suite de courts récits, publiée pour la première fois en décembre 1969, qui se développe en fraîches saynètes fantastiques et inventives (1344 aventures au total réunies en 45 volumes auxquelles il faut ajouter 5 « Doraemon + ») dont les caractéristiques principales – un enfant accompagné d’un personnage imaginaire – ont un lointain cousinage, dans le registre enfantin, avec le Calvin & Hobbes de Bill Watterson.
Le trait est rond et filiforme, élaboré avec rigueur, une ligne claire à la Tezuka ( Fujio porte d’ailleurs un béret comme lui) qui s’encombre rarement d’effets graphiques sophistiqués. Tout est au service d’un scénario astucieux dont les thèmes (les biscuitmorphoses, la chasse à l’ombre, la neige brûlante…) apportent à l’enfant à la fois sourire et matière à réflexion.
Adaptée en dessins animés par Tsutomu Shibayama à partir de 1979, Doraemon est l’une des plus longues séries de l’histoire de la télévision (actuellement en cours, elle atteint le chiffre record de 1095 épisodes ! Ceci sans compter quelques longs métrages sortis en salle). Son succès phénoménal au Japon (les ventes ont largement dépassé le cap des 100 millions d’exemplaires vendus) donne aujourd’hui à ce manga le statut de classique générationnel, la plupart de ses lecteurs étant capables de vous citer des séquences entières de ses aventures par cœur.
Les quatre premiers volumes sont disponibles en français chez Kana.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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