Collectors

Daniel Maghen : « Il manque un vrai musée de la bande dessinée à Paris. »

Par Vincent SAVI Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 septembre 2019                      Lien  
Alors qu'il a récemment pris son indépendance et qu'il s'apprête à lancer sa première vente aux enchères, nous avons rencontré le galeriste Daniel Maghen qui nous explique les dessous de cette première vacation exceptionnelle.

Pourquoi créer votre propre maison « Daniel Maghen Enchères et Expertises », pour faire payer moins cher les collectionneurs ?

Non parce que, même s’ils veulent légitimement toujours avoir le moins de frais possible, il n’y a pas de secret : faire des beaux catalogues, disposer de collaborateurs compétents et experts en bande dessinée, avoir le premier choix auprès des meilleurs auteurs, cela a un coût. Nous avons fait de superbes événements en partenariat avec Christie’s lors des ventes de 2014 et 2015. J’ai toujours eu la volonté d’ouvrir la bande dessinée à de nouveaux horizons. En 2015 nous avions fait une exposition à New York et Gibrat, Guarnido, Loisel étaient venus présenter leurs œuvres. Malheureusement, je n’avais plus les leviers nécessaires pour faire ce genre d’événements. J’ai préféré avancer seul avec le savoir -faire de mes équipes qui prenaient déjà en charge le travail des trois dernières ventes.

Cette structure nouvelle exigeait d’être accepté par le Conseil des ventes parce que tout cela est très réglementé. On m’a demandé de faire un CV, je n’en avais pas fait depuis 25 ans ou 30 ans ! C’était quelque chose d’un peu nouveau pour moi, et je suis heureux d’avoir été accepté, content de pouvoir faire de belles ventes, dans de beaux espaces avec des auteurs que j’ai choisis, et d’être libre de A à Z de faire les choses par moi-même sans contingences économiques, et surtout de travailler avec une équipe de passionnés exclusivement dédiée à la bande dessinée.

Daniel Maghen : « Il manque un vrai musée de la bande dessinée à Paris. »
Toutes les pièces de la vente sont exposées à la Galerie Daniel Maghen
© Galerie Daniel Maghen
Une somptueuse aquarelle de Hugo Pratt.
© Cong S.A. 2019 / Hugo Pratt
Encre de Chine et aquarelle sur papier
49,7 × 34,8 cm (19,57 × 13,7 in.) 1954

Qu’est-ce qui caractérise cette vente-ci par rapport aux précédentes ?

Soyons tout à fait honnêtes, cette vente ressemble à tout ce que j’ai pu faire auparavant : j’ai le même souci d’offrir un panorama de la bande dessinée franco-belge, européenne. Ceux qui appréciaient nos catalogues chez Tajan et Christie’s apprécieront tout aussi bien celui-ci. C’est plus stressant pour moi car c’est mon propre nom tout seul sur le catalogue, alors qu’avant, il était associé à une prestigieuse salle de vente. Mais dans les faits, ça ne change pas mon travail précédent. Simplement, j’ai essayé de recentrer ce catalogue sur la BD, il y a moins d’illustrateurs. Et nous sommes allés beaucoup plus loin dans l’approche du catalogue dédié à André Juillard. On peut considérer que c’est un ouvrage dédié à son œuvre plus qu’un catalogue de vente.

Les frais sont différents ?

Il y a peu de différence entre les maisons de vente. J’offre deux pour cent de frais acheteurs de moins que mes concurrents soit 23% hors taxes au lieu de 25% hors taxes pour mes concurrents. Pour le tiers de la vente déposée par les auteurs, les frais sont de 27,6% TTC. Pour les œuvres déposées par les collectionneurs, étant donné que le droits de suite [NDLR. Les droits payés aux auteurs à partir d’un certain montant réglementé] est appliqué sur les acheteurs et non sur les vendeurs, les frais sont de 31,6% TTC. Dans leurs ventes, Artcurial doit être à 30% TTC avec les droits de suite prélevés sur les vendeurs et Christie’s à 34% TTC.

Deux illustrations originales de Morris réalisées pour les pages-titres de Lucky Luke.
© Lucky Comics 2019 / Morris
Encre de Chine et rehauts de gouache blanche sur papier
13,2 × 17,4 cm (5,2 × 6,85 in.) 1966 / Encre de Chine et rehauts de gouache blanche sur papier
14,9 × 18 cm (5,87 × 7,09 in.) 1963

Ce que j’essaye de faire, et je suis le seul à le proposer, c’est que 70% des prix de mes catalogues tiennent compte de ces frais en plus. Cela veut dire que nos prix sont minorés dans les estimations en tenant en compte que le client va payer ces 27 ou 31% de frais en plus.

Pour cette première vente, j’ai la chance que 80% des déposants collectionneurs et auteurs aient accepté de mettre des pièces à des prix entre 20 et 30% en dessous du prix du marché, par exemple Ralph Meyer, dont l’estimation est à 5 000 / 7 000€ quand elle vaut 8 000 / 10 000€ sur le marché, Miralles qui est à 10 000 / 15 000€ quand elle vaut 15 000 / 20 000€. 90% de ces auteurs ont dit « - OK, on met des prix pas chers. », ainsi que 50% des collectionneurs déposants.

La star de ce catalogue, c’est Hergé ?

Hergé reste la star de tous les catalogues, donc oui, évidemment. Nous présentons aussi une pièce exceptionnelle de Franquin qui peut faire un très bon prix. C’est rare de trouver une couverture d’album de Franquin en vente, beaucoup de clients paraissent très intéressés. Hergé est l’auteur numéro 1 sur le marché depuis toujours. Ce qui est un peu injuste dans les ventes, c’est que souvent, on est jugés sur la vente de sa pièce-phare. Ici, nous avons une exceptionnelle couverture du Petit Vingtième, un crayonné de Vol 714 pour Sydney aussi. C’est difficile de trouver des œuvres de ce niveau sur le marché.

Un crayonné préparatoire pour "Vol 714 pour Sydney"
© Moulinsart 2019 / Hergé
Encre de Chine et mine de plomb sur papier
36,2 × 50,9 cm (14,25 × 20,04 in.) 1968
La couverture originale de "Tembo Tabou", 24e tome de Spirou & Fantasio.
© Dupuis 2019 / Franquin / Roba
Encre de Chine sur papier
25,3 × 36,4 cm (9,96 × 14,33 in.) 1974

Il y a des critiques qui fusent sur le fait que Maghen a bousculé le modèle économique de l’édition en commandant des pièces particulières aux auteurs, lesquelles leur rapportent parfois plus d’argent que les avances des éditeurs... Avez-vous eu des retours de bâton ?

Je suis l’un des premiers à avoir passé des commandes de dessins à des auteurs, déjà il y a 30 ans où Frank LeGall et Blanc-Dumont avaient réalisés des dizaines de dessins pour ma galerie. Maintenant, sur les catalogues de vente, je n’ai rien innové en faisant ça : j’ai la même démarche que ce que font les artistes contemporains ou les peintres pour leurs catalogues.

La manière dont j’appréhende la BD en tant que galeriste a toujours été la même : je considère que les plus grands dessinateurs figuratifs contemporains sont dans la BD, que Juillard n’est pas seulement un auteur de BD, c’est un peintre, un illustrateur, un graphiste comme peuvent l’être Bilal, Ana Miralles, Tardi ou Rosinski. La BD exprime une partie de leur travail, mais pas seulement. Ce sont des créateurs capables de tout faire, des illustrations de livres, des affiches de cinéma...

Illustration originale réalisée en 2018 par André Juillard.
© André Juillard
Encre de Chine et encre de couleur sur papier
50,8 × 36 cm (20 × 14,17 in.) 2018

Je n’impose rien à un auteur. J’ai eu la chance pour ce premier catalogue de ma maison de vente de m’appuyer sur un auteur historique : André Juillard. Il me connait bien. C’est le premier auteur à m’avoir fait confiance, en 1990, quand j’avais 20 ans, alors que j’étais un fan qui avait fait un prêt étudiant pour acheter ses planches. C’est un auteur que j’adore pour la qualité de son travail. Malheureusement, il n’y a plus beaucoup d’originaux de la période que les gens préfèrent, celle des 7 vies de l’épervier et du Cahier bleu.

J’ai eu de la chance pour ce catalogue, qu’il ait conservé précieusement, depuis toujours, vingt pièces qu’il considérait comme ses chefs d’œuvres. Il accepte aujourd’hui de les vendre dans le cadre de ce catalogue spécial qui, du coup, restera comme un livre incontournable pour les amateurs. Je lui ai aussi suggéré de montrer un autre aspect de son travail, de présenter des illustrations qui reflètent les grands passages de ses albums-cultes. Il a donc travaillé pendant six mois sur ce catalogue, ce qui est exceptionnel.

Donc effectivement, dans ma collaboration avec les artistes, je leur explique qu’on ne peut plus travailler comme dans le passé, que ce n’est pas suffisant de présenter uniquement les pages de l’album. Certains éditeurs pensent que je détourne les auteurs de leur métier de base, mais en fait pas du tout : c’est une demande qui vient des auteurs eux-mêmes.

Francis Vallès ou Philippe Francq n’ont pas envie de faire des illustrations, mais Juillard, il fait des dessins tout le temps, ça lui plaît, et ça représente son travail. Dans mon approche, je ne demande ce genre de travail pour la galerie que pendant trois mois, tous les trois ans. Donc ça ne concerne que 10% du temps d’un auteur, mais ces 10% sont indispensables pour faire une bonne exposition, et ils peuvent parfois amener à l’auteur jusqu’à 30 ou 40% de ses revenus courants. Donc c’est rentable pour l’auteur, mais la plupart le font aussi pour d’autres raisons : c’est une forme de reconnaissance.

Illustration originale d’Uderzo pour une carte de voeux, nos deux Gaulois se rendent à Angoulême.
© 2019 Goscinny-Uderzo
Mine de plomb sur papier
25 × 32,2 cm (9,84 × 12,68 in.) 1992

Pourquoi les collectionneurs vendent-ils leurs planches ?

Certains ont des besoins financiers, d’autres le font par ce qu’ils se disent que les prix ont augmenté et que c’est le bon moment de vendre. Le crayonné d’Hergé que nous vendons ici a été offert à un peintre espagnol dans les années 1970, et à l’origine, c’est la famille du peintre qui a vendu le crayonné. Chaque cas est différent.

Ou alors, et c’est une chose propre à ce genre de vente, un certain nombre d’amateurs vendent des choses en espérant en acheter d’autres. Ce qui pose une double problématique et un stress pour moi, parce que ces gens-là m’interrogent tout le temps, "- Est-ce que tu vas avoir un client sur ma planche ? Parce que si tu vends ma planche, autre chose m’intéresse..."

Quand on commence une collection, on s’imagine qu’on va l’avoir pour toute sa vie, et qu’on ne vendra jamais. Heureusement ou malheureusement, il y a beaucoup de collectionneurs dont les enfants ne s’intéressent pas à la collection accumulée toute une vie. Ils ont 60 ou 70 ans et ils remettent alors leurs pièces en vente sur le marché. Ça rend le marché vivant car ces pièces vont trouver leur place chez de nouveaux collectionneurs.

Mise en couleur originale de la couverture de "L’Étoile mystérieuse" par Hergé.
© Moulinsart 2019 / Hergé
Gouache sur papier
29,2 × 36,4 cm (11,49 × 14,33 in.) 1942
Magnifique aquarelle, couverture originale de l’intégrale Cycle India.
© Dargaud 2018 / Ana Mirallès
Aquarelle sur papier
70 × 47,3 cm (27,56 × 18,62 in.) 2019

Il y a donc cette partie générationnelle qui vend sa collection pour préparer une succession. D’autres ont besoin d’argent, ils se disent : "- J’ai acheté une planche de Franquin 200 000 francs belges [environ 5 500 €, NDLR] et je peux la vendre entre 50 et 100 000 € ? Bah, j’en profite car c’est une grosse plus-value !" Ce qui prouve que le marché est sain, c’est que 20 ou 30% des pièces mises en vente viennent de clients qui veulent acheter d’autres pièces pour améliorer leur collection.

C’est pour moi une double responsabilité, parce que si je ne vends pas ces planches, par effet ricochet d’autres planches ne seront pas vendues. Par exemple dans une vente que j’avais faite en 2015 avec Christie’s, j’avais vendu très cher une planche de Blake & Mortimer. Avec cet argent, son ex-propriétaire a acheté très cher une peinture de Giraud d’un autre collectionneur qui, du coup, a acheté une autre pièce dans la vente elle-même très chère. Inversement, un client qui m’avait confié une Peyo pour acheter plusieurs Joubert ne l’a pas vendue, et donc il n’a pas pu acheter les Joubert...

Une illustration originale de Milo Manara pour l’exposition "Les Vénus de Milo" en 2012.
© Milo Manara
Fusain sur papier
49,5 × 70 cm (19,49 × 27,56 in.) 2012
Illustration originale de Patrice Pellerin réalisée en 2018.
© Patrice Pellerin
Encre de Chine et encres acryliques sur papier
58 × 43 cm (22,83 × 16,93 in.) 2018

Comment va évoluer le marché ?

Je vois les choses de manière positive. Les clients qui achètent les pièces, même à 500 000 €, ce sont des passionnés de BD, donc j’ai le grand luxe de vendre des pièces très chères à des personnes qui me remercient parce qu’elles elles adorent ça. Ce n’est pas du placement, c’est de la vraie passion. Inversement, le marché de la BD reste finalement un marché d’œuvres de bande dessinée. Même s’il a explosé, il reste méconnu et il est à 90% composé de passionnés. Donc je considère que sur la question de la relève, parce que j’ai maintenant une cinquantaine d’années, je n’ai pas de souci à me faire pour les 20 prochaines années, parce que je connais mes clients, ils vont m’acheter pendant encore 20 ans.

Pour la génération d’après, je pense que ce qui va décider de l’évolution de ce marché, c’est la manière dont la BD est perçue par les lecteurs de demain et dans le monde de l’art. Est-ce que ce seront uniquement des nostalgiques qui achèteront par passion des pièces ou sera-t-elle perçue comme un art majeur ? Ce qu’est pour moi la bande dessinée et ce que revendique Steven Spielberg, George Lucas ou Guillermo del Toro qui achètent eux-même des originaux et disent que la bande dessinée est une inspiration majeure de leurs œuvres.

Couverture originale du 5e tome de Buck Danny "Dans les griffes du Dragon noir"
© Dupuis 2019 / Hubinon / Charlier
Encre de Chine sur papier
29 × 39,4 cm (11,42 × 15,51 in.) 1951
Illustration originale réalisée en 2019 par André Juillard.
© André Juillard
Encre de Chine et encre de couleur sur papier
50,9 × 36 cm (20,03 × 14,17 in.) 2019

Il faut savoir si la BD va être vue comme un art très important, et pour cela il y a des grandes expos qui nous aident : il y a eu l’expo Hergé au Grand Palais, celle de Sempé à la Mairie de Paris...

Le rôle des galeries et des salles des ventes n’est pas suffisant. Ce qui manque à Paris, c’est un musée, un vrai musée consacré à la BD qui est notre patrimoine national. Et ce musée n’a lieu d’être qu’à une seule place : à Paris. Ce serait un centre culturel européen pour voir les œuvres, pour rencontrer les artistes, c’est un lieu comme ça qui manque pour que la BD soit établie comme un art, comme la peinture.

J’essaye de me battre pour ce projet, il n’est pas commercial mais culturel. Je suis allé voir la Mairie de Paris qui m’a dit qu’elle n’avait pas de budget ; je suis allé voir le Ministère de la Culture qui m’a dit qu’il n’avait pas de budget - alors que je leur ramène les collections privées de tous mes clients qui sont prêts à prêter et à donner des pièces pour un musée...

Mais récemment, j’ai rencontré un mécène privé qui est en train d’ouvrir les portes pour ce projet. C’est important et pour moi cela fait partie des arguments qui peuvent changer le marché.

Une planche originale signée Moebius.
© Moebius Production / Éd. Humanoïdes Inc.
Encre de Chine sur papier
32,7 × 40,6 cm (12,87 × 15,98 in.) 1983
© Galerie Daniel Maghen
Photo : R.Meigneux / Galerie Daniel Maghen.

Voir en ligne : LA VENTE EN LIGNE SUR DROUOT DIGITAL (catalogue téhéchargeable)

(par Vincent SAVI)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Exposition de la vente "Bande dessinée & illustration" - du 25 septembre au 11 octobre 2019 - 10h30 à 19h00 - Galerie Daniel Maghen - 35 rue du louvre, 75001 Paris

Vente le 11 octobre 2019 - Maison de l’Amérique Latine - 19h00 - 217 Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris

Retrouver sur ActuaBD :
Daniel Maghen Enchères et Expertises lance sa première vente

En médaillon : Daniel Maghen par R.Meigneux / Galerie Daniel Maghen.

 
Participez à la discussion
8 Messages :
  • La question que je me pose en lisant votre article : c’est quoi l’art de la bande dessinée ?
    J’ai l’impression qu’on est ailleurs, qu’on confond une œuvre qui s’imprime et se publie avec des reliques.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 1er octobre 2019 à  10:00 :

      Vous avez bien raison !

      Répondre à ce message

      • Répondu par Un nuage entre les dents le 1er octobre 2019 à  22:46 :

        La bd ce serait d’abord des "images narratives" , non ?

        Selon moi, sila peinture et la littérature pourraient s’assimiler à de la musique classique...alors la bande dessinée ce serait du jazz !

        Pour le reste "Art" ou pas, peu importe...Ces débats ne sont pas nouveaux et sont peut-être un peu dépassés.
        Par le passé, ce genre a souvent été pris de haut par certaines "élites". J’insiste sur les guillemets. Mode d’expression jugé parfois " infantilisant" pour faire court.

        La bd existe , fédère sans complexe vis à vis d’autres modes de créations et apporte son lot d’émotions et de réflexions ... Ni plus , ni moins. Pas mieux , pas pire !

        La bd trace sa route singulière. Pas de souci de crédibilité. Tout commence sous forme d’artisanat dans un atelier et s’achève dans un processus industriel.

        Je crois qu’Hugo Pratt aimait particulièrement qu’un auteur de bd soit reconnu pour ce qu’il est c’est à dire un auteur de bd qui réalise de la bd. Et non un auteur de bd qui s’essaie à la peinture. D’où ces essais dans les années 70 pour jouer sur ces frontières entre la peinture et la bd...Une démarche proche de Roy Lichtenstein mais en faisant le chemin inverse.*
        Et à la limite , c’est très bien de passer d’un genre à un autre pourquoi s’en priver si on a la liberté de le faire.

        Il faut certainement s’affranchir de étiquettes pour explorer un genre puis un autre sans tomber dans le "n’importe quoi" mais en gardant un propos, une assise. Chaque mode d’expression est noble sans hiérarchie. Et le mot ART est un peu galvaudé et utilisé trop fréquemment jusqu’à plus soif !

        extrait *
        "En fait, Pratt avait déjà testé le monde de la peinture en 1958 et avait exposé à la galerie Bonino de Buenos Aires avec Leopoldo Torres et Kasuya Sakay. Pourtant, l’occasion de montrer sa veine pop spectaculaire s’est présentée en juillet 1965 à Venise, avec une exposition à la Galleria Numero de Campo Santo Stefano. L’exposition “La telefonata” (“Le coup de téléphone”) a suscité un vif intérêt de la part des principaux journaux vénitiens et de leurs critiques : Paolo Rizzi, Berto Morucchio, Enrico Buda. Le 21 juillet 1965, Il Gazzettino a commenté, dans un article signé « Vice », que « Hugo Pratt ne cherche pas de nouvelles formules pour une production plus engagée ; Reprenant les mouvements de l’art de Lichtenstein, Pratt répète sans sarcasme les motifs de la bande dessinée en tant que documentation fidèle de personnages et de formules visuelles qui sont devenus des symboles de notre époque. Galleria Numero comprend maintenant un groupe important de ses œuvres qui témoignent de l’éloge de la bande dessinée avec une fraîcheur - nous devrions même dire avec une franchise - vraiment appropriée aux objectifs fondamentaux de la bande dessinée : une lecture aussi simple que possible comme s’il s’agissait d’une affiche ; le ballon latéral typique ; la répétition de clichés pour raconter un téléphone qui sonne. Magnifié et amené à la galerie d’art, nous avons tout ce qu’il y a dans la bande dessinée. Un phénomène contemporain de notre époque, désormais cadré. »Un phénomène contemporain, bien sûr, puisque Pratt disposait d’antennes réglées sur des fréquences internationales et d’un goût actualisé, sans aucun doute. Sur la longue vague des récents succès et de Roy Lichtenstein et du Pop Art, il a voulu suivre une direction opposée : de la bande dessinée à l’art." Lien http://www.littlenemo.eu/HugoPrattanItalianGenius.htm

        Répondre à ce message

        • Répondu le 2 octobre 2019 à  09:17 :

          Nous sommes bien d’accord, la BD est un Art à part entière. Il ne s’agit pas là de remettre en cause cet Art narratif, mais de poser la question du démantèlement d’images de planches de bds pour en faire des images icôniques, accrochées au mur, alors que ces images n’ont absolument pas ce rôle. Ca serait comme démonter un rétable de Van Eyck, ou de Bacon si vous préférez avoir des références contemporaines, pour ne pas exposer les trois images qui le composent mais une seule séparément. Ca n’a pas de sens artistique. Il s’agit là seulement d’histoire de gros sous.

          Répondre à ce message

          • Répondu par Un nuage entre les dents le 2 octobre 2019 à  22:10 :

            Je comprends votre point de vue et votre analyse se défend je l’admet.

            Répondre à ce message

        • Répondu le 2 octobre 2019 à  09:35 :

          Encore un bobo pseudo-intellectuel.
          "Pour le reste "Art" ou pas, peu importe...Ces débats ne sont pas nouveaux et sont peut-être un peu dépassés."
          N’importe quoi !
          Si vous ne définissez pas un objet, il n’existe pas. Je dis que La bande dessinée, c’est de l’imprimé et du publié, pas des originaux qu’on expose dans une galerie. Une bande dessinée est faite pour être diffusée, lu et traduite.
          "La bd ce serait d’abord des "images narratives" , non ?"
          Ben non, ça ne suffit pas pour la définir. Si vous pensiez "suite d’images narratives", ce serait déjà mieux mais ça ne suffirait pas encore. Si vous pensez "suite d’images narratives dans un même espace en deux plans" ce serait déjà une meilleure définition. Parce que c’est cet espace qui définit le temps en bande dessinée. Mais ça ne suffirait pas encore parce que c’est la reproduction de cet espace-temps en plusieurs exemplaires qui est la propagation de cet art et ce ne sont pas seulement des images mais des dessins.
          Important de définir ce qu’est un art en plus de deux mots parce que plus la définition de ce qu’est La Bande Dessinée et plus on se rend compte que d’exposer des reliques est un autre métier qui n’apporte rien à cet Art, bien au contraire !

          Répondre à ce message

          • Répondu par Un nuage entre les dents le 3 octobre 2019 à  01:28 :

            Vous avez vraiment une approche restrictive et peut-être un conservatrice de ce que représente la bande dessinée, les "dessins" narratifs et les musées, hélas. Je salue l’initiative de Maghen. Laissons le faire et portons éventuellement un regard une fois que les choses sont faites. Avant la critique est facile et un peu vaine...

            Tous les musées ne renferment pas des reliques fort heureusement. Il Il faut visiter des éco-musées et des espaces scénographiques. J’ai été il y a vingt ans j’étais responsable d’un éco-musée où l’on avait des guides (des bateliers professionnels) des dispositifs interactifs et où l’action se résumait à valoriser des collections , organiser des visites commentée crée de l’événementiel : spectacle par exemple, valoriser le catalogue ancien, assurer l’animation (médias, concours atelier), organiser des partenariats avec des artistes et d’autres musées, des rencontres et débats avec des historiens... médiations culturelles, régie , inventaires et conservations des collections, organisation d’expositions temporaires ou permanentes etc Bref la muséographie aujourd’hui , de nos jours ... On parlait du passé mais il était dépoussiéré...Ce n’était pas qu’un relique
            Il fallait visiter l’exposition Pratt à Lyon avec des procédés immersif, interactivité et visites commentées. Dispositif audio et visio. Bornes et tables interactives sur l’univers gérographique de Corto Maltese. Planches commentées à l’aide de panneaux. Projection de documentaire vidéo Trait pour traits. Pourquoi parce qu’aujourd’hui qui mettait en valeurs certains aspect de l’oeuvre de Pratt. Y compris ces visuels. Voir les expositions au festival de la bd d’amiens , par exemple Pellerin en 2013 montrant son approche archéologique dans son travail m"langeant objet d’poque et ses travaux. Objets marins, dispositifs vidéos etc. Différentes étapes : l’écriture et la constructions des images. J’ai par la suite travailler sur un projet éditorial avec cet auteur et je peux vous dire que son approche en terme de recherches est bluffante : ayant pour collaborateur, Jean Michel Charlier par exemple pour le scénario ou bien Jean Boudriot pour l’archéologie naval ou bien encore Yannick Leroux et j’en passe... Un documentaire Des embruns dans les bulles chez Vivement productions met en avant son travail , par exemple.

            Le musée Hergé est un peu sur ce schéma alors que le CBBD de Bruxelles est peut-être plus datés..cela fait 15 ans que je n’y suis pas retourné je l’avoue...

            Lire Jean Teulé dans les années 80 : Bandes dessinnées castreman, Bloody Mary , Gens de France et Gens d’ailleurs. Usage de cases BD avec espaces inter iconiques avec images narratives et non de dessins . Ces albums constitués de photos stylisées en dessins ou bien simplement de photo disposer selon le principe du gaufrier...C’est un exemple parmi d’autres...

            Pour ce qui concerne l’éditique, beaucoup de bd se font aujourd’hui sur numérique ... izneo propose de la publication mais nous ne sommes plus sur de l’impression à proprement parler.
            D’autres tentatives existent comme celle de Dupuis en ce moment par exemple...

            https://www.dupuis.com/blog/FR/eazycomics-izneo-lance-un-systeme-de-lecture-case-a-case-pour-la-bd-/27

            Certains éditeurs poussent je crois à créer sur ce support numérique uniquement de nos jours donc les originaux papier classique aux oubliettes ...Mais certains auteurs BD créent encore sur papier ; Pellerin, Francq , Bilal... d’autres sont mixtes... TaDuc

            Je ne reviens pas sur l’élément introductif de votre propos qui n’est pas un argument mais qui n’est pas laborieux à comprendre hélas et qui contraste avec le reste parfois moins intelligible car peu étayer jusqu’ici par des exemples concrets ou référencés.
            Enfin , je trouve que la couverture de la marque jaune a une dimension iconique ... composition reprise et détournée.
            L’illustration de lucky luke tirant plus vite que son ombre et universellement connu et complètement singulière dans l’approche... Ne parlons pas de la fusée de Tintin iconique et immédiatement identifiable à l’univers d’Hergé...

            Le débat est long... Je pense que certains éléments du débat précédent sont dépassés selon moi . Cela je l’affirme car ils ne sont pas nouveaux...

            Pour la définition je n’affirme rien puisque j’ai mis un point d’interrogation et que j’ai nuancé avec "d’abord" ne prétendant nullement à l’exhaustivité.

            En 1986 Pratt était fier d’être au grand palais en tant qu’auteur BD ’ voir le documentaire trait pour trait " mention faites à la fin du documentaire ...Un extrait d’une émission avec Bernard Rapp où il est interviewé et où il parle du dédain de certain quand Pratt dessine " des petits mickeys" ... Dans ce même documentaire, certaine cases sont analysés et montre combien Pratt fait usage de différentes techniques empruntées à la peinture ou parfois à la poésie... Mélangeant librement les techniques et les genres au service de son récit .... D’autres exemples existent avec d’autres artistes...

            D’autres comme Druillet ( auteurs de bd, décorateurs, sceénographie projet space opéra avec attali, sculpteur pâte de verre, réalisateur de clip Sheller nouveau monde etc) ou bIlal ( bd, cinéma, sculpture aussi ...) nourrissent leurs univers de genres qui se répondent au fil des expériences...

            Répondre à ce message

            • Répondu le 15 octobre 2019 à  09:43 :

              Vous ne définissez pas ce qu’est l’art de la Bande Dessinée mais ce qu’est une auberge espagnole.

              Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Vincent SAVI,Didier Pasamonik (L’Agence BD)  
A LIRE AUSSI  
Collectors  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD