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Dans le donjon de Mavado Charon, le Mad Max de la BD porno gay hard-core.

Par Thomas BERNARD le 24 juin 2019                      Lien  
Si vous êtes un survivaliste à la sexualité plus que déviante, inutile de farfouiller dans les recoins du darknet pour dénicher de quoi rassasier vos pulsions les plus tordues. Il vous suffit tout simplement de taper Mavado Charon dans n'importe quel moteur de recherches et vous découvrirez que la fin de la civilisation peut très bien s'accompagner d'une bonne partie de jambe en l’air. ActuaBD a rencontré cet auteur singulier.

Qui aurait pu croire que l’apocalypse puisse donner des érections ? Pour Mavado Charon, dessinateur natif de Nantes, il paraît tout à fait évident que quand les hommes auront fini de s’entre-tuer avec passion, ils continueront à le faire, mais en s’embrassant à pleine bouche, le poing profondément enfoncé dans l’anus.

Après avoir pris une bonne dose de poppers et le premier Ouigo pour la Cité des Ducs afin d’interviewer le Mad Max du porno gay hard-core, direction la back room d’un café près de la préfecture, où il fêtait avec quelques ami.e.s son Prix Sade du livre d’art pour son recueil Dirty édité chez Mania Press. Nous avons alors évoqué ses passions pour les armes blanches, le stylo à bille et l’orgasme par décapitation.

Quand avez-vous commencé à dessiner des orgies sanglantes ?

Ce fut l’aboutissement d’un processus créatif assez long. Je suis depuis toujours passionné par le dessin, la cruauté et la pornographie mais pendant longtemps je suis resté insatisfait de ce que je créais. Je m’acharnais à vouloir m’exprimer avec des techniques classiques de dessin : je réalisais des croquis préparatoires, des crayonnés, que j’encrais ensuite à l’encre de chine et à la plume.

C’est lorsque je me suis lancé avec un stylo-bille tout simple, sur des feuilles de papier-machine, que le déclic est venu, et mes grandes scènes d’orgies sont alors sorties toutes seules, dans une grande frénésie et un immense enthousiasme ! Le stylo-bille m’a libéré !

Dans le donjon de Mavado Charon, le Mad Max de la BD porno gay hard-core.
Extrait de Dirty (Mania Press 2017)

Et quelle libération !

Oh, oui ! Moi, ce que j’aime particulièrement dans le fait de développer un univers post-apocalyptique, c’est d’imaginer comment avoir des pratiques S.M. extrêmes avec des objets de tous les jours. Ça fait travailler l’imagination, c’est très jouissif !

Extrait de Dirty (Mania Press 2017)

La composition de vos images est aussi fouillée que les toiles d’un Jérôme Bosch sous MD...

Ah, ce très cher Bosch ! C’est évidemment un maître en la matière lorsque l’on se lance dans la réalisation de grandes fresques orgiaques ! Mais j’ai récemment redécouvert les peinture de Bruegel l’Ancien, qui sont également fascinantes... Le Triomphe de la Mort par exemple est absolument splendide !

L’imagerie médiévale est très présente dans vos délires érotico-sadiques. Les armures, les épées, les masses d’armes… Le Moyen Âge vous fait fantasmer ?

Hmmmm... Pour tout avouer, je pense que l’aspect médiéval de mon travail – si vous mettez de côté mon goût pour les armes blanches - vient plutôt de certains jeux vidéo d’action, comme Dark Souls, Berserk ou Soulcalibur... Mais je me suis récemment passionné pour la figure de Gilles de Rais, le tueur d’enfants qui fut compagnon de Jeanne d’Arc durant la guerre de Cent Ans. Ça n’a pas encore eu le temps d’imprégner mon œuvre... Patience !

Les Chiens, bande dessinée non-publiée

C’est assez varié comme influences…

Mon univers est un mélange de choses que j’aime ou qui m’ont marquées, et qui viennent pour la plupart d’horizon très différents... Il y a l’influence des mangas sanglants des années 1990 comme Hokuto No Ken (Ken Le Survivant) mais également celle du catch, ou du porno-gay (avec une préférence pour le vintage, celui des années 1980). On y retrouve également la marque des écrivains qui me nourrissent, comme Sade, Burroughs, Pierre Guyotat, Jean Genet, Tony Duvert...

Que des vieux trucs !

Ah, ah ! En ce moment, je m’intéresse à ce qui se fait en matière de dessin en marge, chez les micro-éditeurs indépendants, dans les fanzines ou sur Internet. Il y a d’ailleurs un renouveau de l’image pornographique chez les petits éditeurs, que je trouve extrêmement réjouissant ! Je continue à chercher parmi les écrivains ceux qui repoussent les limites, et j’ai récemment été transporté par la lecture de Hogg de Samuel Delany, et par celle des Saisons de Maurice Pons.

Extrait de Dirty (Mania Press 2017)

Ce que je trouve intéressant aussi dans vos bandes dessinées, c’est que l’hétérosexualité est reléguée à une pratique marginale voire honteuse.

Cela fait partie de ce que je voulais exprimer dans ces dessins dès le début : montrer des homosexuels redevenus sauvages, en guerre contre l’humanité, et qui se vengent des tourments qu’elle leur a fait subir, d’une certaine façon... La violence est en effet inversée, et ce sont eux qui l’infligent, mais de façon « gaie » : avec joie et enthousiasme. Mes bourreaux homos sont tous très souriants et joyeux, comme dans les dessins de Tom of Finland, un dessinateur fabuleux qui m’inspire également beaucoup !

Une dernière question : où sont les femmes ?

Dès le début, j’ai volontairement exclu les femmes de mes grandes fresques. Elles sont déjà beaucoup trop souvent les victimes dans la plupart des films, des bandes dessinées, des séries… Je voulais échapper à ce lieu commun et les épargner, d’une certaine façon.

Cela dit, la question du « féminin » est très présente dans mes dessins, et certains de mes personnages ont tous les attributs de la féminité… À part le vagin. J’ai toujours été fasciné par le changement de genre, et je considère que les gens qui font la transition de l’un à l’autre sont les héros de notre temps, ceux qui bravent le plus d’interdits.

Dirty par Mavado Charon, prix Sade du livre d art 2018

(par Thomas BERNARD)

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