Jeph Loeb et Tim Sale font partie des grandes stars de la BD outre-Atlantique. Depuis qu’ils ont émerveillés les fans du justicier de Gotham (Des Ombres dans la nuit, Amère Victoire ou Un long Halloween), leur tandem a carte blanche aussi bien chez DC que chez Marvel. Entre 2001 et 2004, ils se sont intéressés aux origines de Daredevil lorsqu’il était encore en costume rouge et jaune, de Spider-Man alors en couple avec Gwen Stacy et de Hulk juste après son irradiation, alors qu’il était gris et non vert.
Ils ont sobrement intitulé ces différents arcs narratifs : Daredevil jaune, Spider-Man bleu et Hulk gris.
Ces histoires sont toutes chargées d’une tonalité mélancolique et d’une ambiance rétro magnifiquement soulignée par le style de Tim Sale.
Elles suivent également toutes la même trame du deuil et du héros revenant, par le biais de lettres, d’un dictaphone ou d’une séance chez le psy, sur ses débuts et son amour perdu.
Ainsi les défuntes Karen Page, Gwen Stacy et Betty Ross (alors morte pendant la publication de ces mini-séries) reprennent vie dans ces pages bercées par les mots pleins d’amertume des trois super-héros.
Cette initiative a été couronnée d’un franc succès auprès des lecteurs séduits par le look irréprochable, le concept d’une couleur par personnage mais également par l’audace d’embrasser les codes du drame et même du mélodrame.
Et ça serait sur ce dernier point que cette proposition pèche. Même s’il est toujours intéressant de tirer ces personnages sur des versants plus adultes, il ne faut tout de même pas perdre de vue que l’on parle de zozos en collant inventés pour distraire et faire rêver les enfants.
Et il est vrai que de les entendre se lamenter sur 448 pages (car ce recueil est quand même un beau bébé) en pensant à leur grande peine de cœur peut avoir tendance à ennuyer, voire même à agacer. Sans compter que les histoires sont tout de même largement connues et qu’on ne risque pas d’être surpris de ce côté.
Alors oui, ce recueil est magnifique, les planches de Tim Sale sont toutes plus époustouflantes les unes que les autres et le concept part d’une ambition très intéressante... Mais il aurait peut être fallu veiller à ne pas tant alourdir le propos qui en devient parfois risible à force d’en faire trop.
Après si vous aimez les mélodrames, n’hésitez pas.
(par Mathieu Drouot)
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