Actualité

Dargaud réédite les Hauts de page de Yann & Conrad

Par Morgan Di Salvia le 15 novembre 2013                      Lien  
Nous sommes en 1980 après J.C., toutes les pages de Spirou sont politiquement correctes. Toutes ? Non, car un îlot de punkitude resiste et trône dans les hauts de pages...

Alors que les grands anciens (Franquin, Peyo, Roba,...) ont ralenti la cadence et que la génération suivante tombe dans le panneau du néo-classicisme, une horde de garnements frappe à la porte du journal Spirou, piloté depuis 1979 par le journaliste Alain de Kuyssche. Hislaire, Frank Pé, Geerts, Jannin, JR+PH,... incarnent un vent frais dans les pages de l’hebdomadaire qui vient de franchir le cap de la quarantaine. Mais la trouvaille la plus explosive du rédacteur en chef est certainement l’animation des hauts de pages, confiées à deux Marseillais avec la langue bien pendue : Yann & Conrad.

Dargaud réédite les Hauts de page de Yann & Conrad
Le "directeur du concept", cible privilégiée de Yann & Conrad

En parfaite position de snipers (quoi de mieux que le sommet des pages pour tirer à vue ?), le duo commente la vie du journal avec un ton acerbe, se moque du ronron de la génération perdue (celle qui a émergé dans les années 1970, à l’ombre de l’âge d’or) et dynamite le ton gentillet du journal. Pompier pyromane, De Kuyssche lâche la bride à son duo qui dézingue avec un franc parler inimaginable. Bourgeon miraculeux du Trombone Illustré, les hauts de pages de Yann & Conrad se permettent tout : critiquer la ligne du journal, se moquer du physique des auteurs, glisser des allusions sexuelles ou répandre des rumeurs incendiaires... La rubrique provocatrice perdurera 11 mois, avant que les insolents ne soient priés de prendre la porte (malgré le soutien d’André Franquin).

Une premier recueil fut édité "à chaud" en 1981
par les Editions Bidouille

Trente-trois ans après les faits, la lecture de ces strips laisse à penser que les réunions de rédaction devaient à l’époque faire passer celles du conseil de sécurité de l’ONU pour un aimable pique-nique. L’eau a coulé sous les ponts, et le duo (qui créera « Les Innommables » dans la foulée) s’est séparé avant de rejoindre l’establishment dénoncé dans les hauts de pages : Conrad dessine Astérix et Yann scénarise Thorgal.

Les punks finissent-ils toujours par tourner casaque ?

(par Morgan Di Salvia)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN :

Dans l’enfer des hauts de pages – Par Yann & Conrad – Dargaud

Commander ce livre chez Amazon ou à la FNAC

Dargaud
 
Participez à la discussion
10 Messages :
  • Aucune punkitude chez Yann & Conrad ; leur démarche se résumait simplement à "Pousse-toi d’là pépé que je m’y mette". La place de leurs aînés, voilà tout ce à quoi ils aspiraient. Quelque part ils y sont arrivé... Une attitude punk impliquerait de vouloir remettre en cause l’ordre établi ; rien de tel ici, tout au plus ont-ils gentiment secoué le cocotier Spirou pour en faire tomber les branches mortes et s’y installer à leur place. Leurs victimes sont devenus leurs collègues, voire leurs amis... Aujourd’hui, les voici mercenaires spécialistes de la reprise de grandes séries classiques. Mais pas de retournement de veste ; leur trait s’est toujours inscrit dans la continuité d’un Franquin, quand les dialogues empruntaient à Tillieux. Pas de rupture, rien que de la continuité ; tout le contraire des punks. Yann & Conrad n’étaient d’ailleurs pas politisés, et affirmaient à Bocquet dès 83 qu’à présent ils allaient devenir propres et fréquentables... Et les hauts de page ? Aimable potacherie, Amusants et habiles mais en aucun cas la révolution qu’on a longtemps prétendu.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Yaneck Chareyre le 15 novembre 2013 à  16:59 :

      C’est toujours plaisant de lire des avis critiques et... anonymes. Un peu de courage d’assumer vos propos, ce serait possible ?

      Répondre à ce message

      • Répondu par Eric Bouchard le 18 novembre 2013 à  19:27 :

        Ah, ça ! Il n’en tient qu’à ActuaBD de l’exiger, ça remonterait évidemment le niveau général des débats sur ce site. Mais peut-être que les dirigeants du site souhaitent-ils pour une raison obscure que les commentaires puissent demeurer gratuits et dépourvus d’arguments...
        (Notez que je ne vise pas le commentaire plus haut.)

        Répondre à ce message

  • Dargaud réédite les Hauts de page de Yann & Conrad
    15 novembre 2013 21:26, par J-Jacques

    Quand on voit ce que sont devenus Yann & Conrad, c’est Hauts de page font rire jaune (surtout que certaines de leur cibles tiennent toujours la route et le haut du pavé).

    Répondre à ce message

  • Dargaud réédite les Hauts de page de Yann & Conrad
    17 novembre 2013 15:00, par Bob

    Pourquoi est-ce Dargaud et non pas Dupuisqui édite ces archives du journal de Spirou ?

    Répondre à ce message

    • Répondu par Almer le 17 novembre 2013 à  22:27 :

      C’est le même groupe.

      Répondre à ce message

      • Répondu par Bob le 18 novembre 2013 à  07:37 :

        Je sais, donc ma question, pourquoi Dargaud plutôt que Dupuis ?
        Les planches appartiennent bien à Dupuis si elles son parues dans leur journal ?

        Répondre à ce message

        • Répondu le 18 novembre 2013 à  18:13 :

          Les journaux payent un droit de publication en
          exclusivité en leur sein mais, sauf contrat spécifique, les auteurs gardent leurs droits pour tout le reste (album, étranger, audio visuel, numérique etc)

          Répondre à ce message

          • Répondu par Michel Dartay le 18 novembre 2013 à  23:02 :

            Il y a aussi de nombreux transferts. Boule et Bill de Dupuis à dargaud (comme la Ribambelle), Michel Vaillant du Lombard à Graton, puis Dupuis. les Schtroumfs de Dupuis à lombard (pour les plus récents), donc oui, même s’il ya prépublication, les auteurs restent dans certaibs cas décideurs du choix de leur éditeur en album. Tant mieux !

            Répondre à ce message

  • Dargaud réédite les Hauts de page de Yann & Conrad
    18 novembre 2013 09:55, par Richard

    Dargaud & Dupuis, c’est pareil, c’est même pour çà que Futuropolis existe (salut Gendrot) !

    Répondre à ce message

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Morgan Di Salvia  
A LIRE AUSSI  
Actualité  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD