Dark Vador | La Prison fantôme – Par Haden Blackman & Agustin Alessio – Panini Comics

L’intrigue proposée par le scénariste Haden Blackman n’est pas banale : un attentat frappe Coruscant, et l’Empereur Palpatine en réchappe de peu ! À l’occasion de la venue dans la capitale impériale de la nouvelle promotion de jeunes officiers de l’Empire, le Directeur Gentis, héros de la Guerre des clones, a décidé de mettre son plan en branle : tuer l’Empereur, avec le soutien de presque toute la nouvelle promotion, afin de le remplacer à la tête de l’Empire pour que les jeunes ne servent plus de chair à canon aux ambitions démesurées de Palpatine.

© & TM 2022 LUCASFILM LTD./Panini Comics

Ayant survécu lui aussi à l’attentat, Vador récupère son maître meurtri et prend la direction de la « Prison fantôme », l’ancienne geôle secrète des Jedi pendant la Guerre des clones. Il sait que personne ne connaît ce site (même au sein de l’ancien ordre Jedi), et il se doute que la compassion des Jedi (même pour leurs prisonniers) les a poussés à installer de l’équipement médical de qualité dans cette installation… Les petits secrets des Jedi vont donc faire l’affaire des deux Sith, et même conforter Vador dans l’idée qu’ils complotaient contre la République en réservant ce sort à leurs prisonniers.

Le héros principal de cet album n’est pas Vador, mais Laurita Tohm, un jeune officier qui fait partie de la promotion rebelle. À cette différence près qu’il est le seul parmi ses camarades à ne pas avoir été averti de cette entreprise et qu’il est donc resté fidèle à l’Empereur… Pourquoi a-t-il été mis à l’écart ? À cause de son caractère ? Non, la raison est bien moins vertueuse : Laurita Tohm n’a pas fait partie des conjurés car il est porteur d’un handicap, son bras gauche ayant été arraché dans sa jeunesse lors de l’attaque d’une exploitation gazière.

La trajectoire de Laurita Tohm est intéressante à suivre, mais terriblement tragique : elle rappelle sans détour le jusqu’au-boutisme de l’éducation des jeunes au sein des régimes totalitaires européens au cours des années 1930. Le héros est ainsi « invité » à commettre des crimes qui rendent tout retour en arrière impossible, et donc renforcent sa foi dans le régime à protéger. Une trajectoire qui nous rappelle celle du personnage d’Adolf Kaufman, brossée dans les années 1980 par Osamu Tezuka dans L’Histoire des 3 Adolf.

© & TM 2022 LUCASFILM LTD./Panini Comics

Une plongée dans l’idéologie de l’Empire qui se fait dans l’ombre, bien évidemment, de Vador. Par son caractère imprévisible, il est à l’origine de nombreux retournements de situations qui maintiennent l’attention du lecteur tout au long de l’album. Craint et admiré par Laurita Tohm, il incarne à ses yeux le mentor qu’il doit servir et la justesse du régime qu’il défend. Toutefois, attention à ce que l’on souhaite lorsque le Seigneur noir des Sith est dans l’équation...

Porté par les très beaux dessins dans un style réaliste de Agustin Alessio, Dark Vador | La Prison fantôme est un très bon album qui fait forte impression. Le cocktail est ici savamment dosé : du spectacle, des retournements de situations, de l’imprévu et une justesse bienvenue dans le traitement de l’idéologie impériale. Jusque-là, c’est l’album que nous recommandons le plus chaudement aux amateurs de Star Wars au sein de la collection estivale consacrée à Dark Vador.