Il y a en fait une collection dans la collection : Didier Convard et Éric Adam ont multiplié les One Shots qui mettent en relief les joyaux de notre patrimoine : dans la série, nous auront bientôt Versailles (nous vous en reparlerons) ou le Panthéon.
"J’ai été convaincu quand on m’a proposé le projet, nous dit Serge Chambaud, directeur du Musée National des Arts & Métiers (CNAM). J’avais vu ce qui avait été fait avec d’autres établissements publics et j’ai trouvé l’idée intéressante car elle permet aux gens d’avoir accès à notre patrimoine sans se déplacer pour venir ici."
Créé peu de temps après la Révolution Française en 1794, cet établissement public, qui est directement l’émanation de l’esprit des Lumières, est le premier musée scientifique au monde et accueille chaque année près de 250.000 visiteurs. Son directeur est persuadé que cette BD éveillera la curiosité des lecteurs et leur fera prendre conscience de la richesse du patrimoine scientifique français.
L’album se base sur une histoire vraie : Le 3 février 1851, le scientifique Léon Foucault invita ses collègues et les curieux "à venir voir tourner la terre..."
Qu’elle tournât, c’était désormais prouvé, mais le voir de ses propres yeux, voilà qui était exceptionnel. L’expérience fut renouvelée le 31 mars suivant, devant l’empereur Louis-Napoléon Bonaparte sous la voûte du Panthéon. Un pendule, muni d’un stylet, oscillait lentement, inscrivant dans le sable mouillé la preuve indéniable que, le temps de sa révolution, la terre avait pivoté sur elle-même. Le musée conserve les sphères en laiton et en fer qui ont servi à ces démonstrations. C’est une de ses attractions-phare du lieu.
Didier Convard a choisi d’en faire une fiction, une sorte d’uchronie qui imagine un futur où l’humanité est revenue en arrière : "Je vous assure que dans quelques années, quand l’homme, dans sa bêtise suprême, aura détruit à peu près toute la planète, il n’y aura plus d’électricité, ni de machine... Nous reviendrons à des temps médiévaux et la terre redeviendra certainement plate car ce sera un gage que Dieu existe et que la terre est au centre de l’univers !" dit-il avec conviction.
"Dans cette histoire, la terre est à nouveau plate car des extrémistes ont confondu science et religion. Ils pensent que l’on peut voyager comme cela sur la terre et qu’à un certain moment, on tombe dans un grand gouffre. il y a une deuxième société, appelée Les Foucault, qui a hérité d’une tradition ancienne qui tend à penser que la terre n’est pas plate, qu’elle est non seulement ronde, mais qu’elle tourne sur elle-même ; que si elle ne le faisait pas, on n’y tiendrait pas debout..."
Le dessinateur Fred Vignaux est à l’aise dans cette uchronie steampunk, car il a été lui-même un ancien élève du CNAM : "On a fait deux visites dans le musée, nous explique-t-il, une en préambule de la BD, pour voir les collections et imaginer comment en inclure les différentes pièces dans l’univers ; puis aux deux tiers de l’album, lorsqu’on pénètre dans l’univers des Foucault qui veillent sur les trésors du Musée plus ou moins détruit. Il y a dans l’album un côté steampunk effectivement, victorien en fait, car je n’ai pris que les objets mécaniques -et non technologiques : des objets en bois, dans des métaux nobles. Je n’ai pas pris tout ce qui était électronique. Ceci donne beaucoup de cohérence à un ensemble qui est très minéral puisque tout est en ruines."
Cela nous donne un album où Didier Convard (Le Triangle secret, INRI, Les Gardiens du Sang...) n’est pas dépaysé non plus puisqu’il y est question de connaissances ancestrales et de sociétés secrètes. Comme de juste, à la fin, les Lumières triomphent...
On ne se refait pas...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Musée des Arts et Métiers
60 rue Réaumur
75003 Paris
Renseignements sur le site du musée
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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