Le « comment ? », il faut bien le dire, est à chaque fois somptueux. Le Mickey Steampunk de Silvio Camboni, Mickey et l’océan perdu, est une succession d’images époustouflantes qui transcendent véritablement l’univers de Walt Disney. Le scénario de Denis-Pierre Filippi est très solidement charpenté et tourne autour de l’activité de récupération de vieilles technologies pour laquelle Mickey et Pat Hibulaire sont en concurrence. Jusqu’à ce que la souris tombe sur un cube aux pouvoirs extraordinaires.
Passé par une phase par la filière italienne de la création Disney, l’une des plus actives du monde, et notamment sur l’une de ses avatars les plus créatifs : Monster Allergy, Camboni donne des atours modernes au vieux style disneyen. Des images sont denses et la palette de ses couleurs d’une grande subtilité. Si, désormais, tant en termes de thématique que de lisibilité, on s’adresse à un lectorat plutôt adulte, le merveilleux, entre Jules Verne et Walt Disney, fait toujours rêver avec comme résultat que cet album est sans doute l’un des plus réussis de la collection.
Frankenstein éditorial
Même constat d’excellence pour l’album de Giorgio Cavazzano. L’idée d’associer l’univers d’Hugo Pratt à celui de Walt Disney relevait, écrivions-nous, du « Frankenstein éditorial. ». Évidemment que les admirateurs de Cavazzano sont ravis, d’autant que l’album est vraiment plutôt réussi avec son graphisme impeccable et ses situations et ses dialogues énigmatiques.
Mais notre position n’a pas changé : les amateurs de Pratt constateront, peut-être avec curiosité et sans doute avec amusement que le schéma narratif prattien fonctionne à merveille, en dépit des atours grotesques du graphisme disneyen. Reste que la magie graphique du maître vénitien est totalement absent, et heureusement, car ce titre détestable : La Ballade de la souris salée, est d’un ridicule achevé !
On en vient à la question du « pourquoi ? ». Pourquoi se sent-on obligé de multiplier les variations sur le même thème, à recycler les classiques dans des succédanés rarement originaux ?
Certes, une pépite peut parfois surgir de cette gangue informe qui laisse à penser que tout se vaut et que tout est dans tout. Tant qu’à faire, on pourrait tenter la même expérience en offrant une variation de La Ballade dans sa version Tintin ou Gaston Lagaffe, dessinée par Chris Ware ou par Richard Corben. Avant, ce genre de friandise-pastiche faisait l’objet d’une page, maintenant c’est un album complet. Boursouflures de l’époque.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Commander "Mickey et l’océan perdu" par Filippi & Camboni - chez Amazon ou à la FNAC
Commander "Mickey Maltese : La Ballade de la souris salée" par Giorgio Cavazzano & Bruno Enna chez Amazon ou à la FNAC
Giorgio Cavazzano fera l’objet d’une RENCONTRE DESSINÉE
à Livre-Paris, le vendredi 16 Mars 2018, de 18h00-19h00 heures
Scène BD-Comics-Manga
Participez à la discussion