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De l’album à l’écran, la fabuleuse aventure de Fabcaro

Par Thelma SUSBIELLE le 22 février 2022                      Lien  
Paru en 2015, puis distingué par le Grand Prix de l'Association des journalistes et des critiques de BD l'année suivante, "Zaï Zaï Zaï Zaï" de Fabcaro est au cœur de l'actualité cette semaine avec la sortie de l'adaptation cinématographique avec Jean-Paul Rouve dans le rôle-titre, mais aussi pour l'occasion d'une première grande rétrospective à la Cité de la bande dessinée et de l'image à Angoulême à partir de cet été.

Lors de sa sortie en 2015, Zaï Zaï Zaï Zaï a connu un succès fulgurant qui n’en finit pas d’étonner : édité par Six Pieds sous terre à 2500 exemplaires, il passe le cap des 300 000 exemplaires vendus cette année. Cette histoire met en scène un auteur de BD qui, réalisant qu’il n’a pas sa carte de fidélité, s’énerve, menace la caissière et le vigile avec un poireau puis quitte le magasin précipitamment. Cet incident aurait pu s’arrêter là, mais l’affaire fait boule de neige, les médias s’en mêlent, le pays tout entier est captivé et l’histoire divise la société. C’est le début d’une longue cavale ponctuée de gags. Un pitch farfelu et absurde qui résonne comme un ode à la liberté.

Voici comment Charles-Louis Detournay en parlait sur ActuaBD.com à l’époque : « Celui-ci mêle dérision, satire de la société de consommation et des rapports artificiels qu’elle engendre, humour absurde, réflexion alambiquée sur le milieu de la bande dessinée, critique des médias et de leur exagération des faits, amplification des raccourcis de la pensée, stigmatisation d’un racisme latent, humour de situation, etc. Les registres abordés par Fabcaro dans cet étonnant road-movie sont aussi drôles qu’intéressants. »

De l'album à l'écran, la fabuleuse aventure de Fabcaro

Quelques récompenses (Landerneau BD, Ouest-France, ACBD... ) plus tard et une place dans les best-sellers de la décennie, la BD avait d’abord été adaptée en pièce radiophonique puis plusieurs fois au théâtre.

C’est aujourd’hui le cinéma qui s’en empare à son tour. C’est François Desagnat, un habitué des comédies (Les 11 Commandements, La Beuze, Adopte un veuf...) qui réalise le film, avec Jean-Paul Rouve dans le rôle principal et Julie Depardieu dans celui de son épouse. Zaï Zaï Zaï Zaï fait partie de la Sélection Officielle de l’Alpe d’Huez 2021. Et il sort ce mercredi 23 février dans les salles obscures.

Mais plus qu’une adaptation d’une œuvre du 9e art par le 7e art, Fabcaro fait l’objet d’une exposition inédite, une véritable rétrospective à la Cité de la BD d’Angoulême, intitulée "Fabcaro sur la colline, Zaï zaï zaï zaï", elle se tiendra du 13 juillet 2022 au 20 février 2023 et proposera de s’immerger dans la carrière de l’artiste, véritable star de la BD avec Zaï Zaï Zaï Zaï bien sûr, mais aussi Moon River, plus récemment.

Ce dernier album qui se déroule à Hollywood dans les années 1950, et dont la protagoniste, actrice vedette d’un western, est victime d’une odieuse agression.
L’exposition s’étendra sur près de 300 m2 et racontera le parcours d’un auteur hors norme à l’aide de nombreuses planches et dessins originaux, et on trouvera par ailleurs des entretiens exclusifs, des témoignages vidéos, quelques rares travaux d’animation...

Un parcours éclectique, si l’on considère ses collaborations avec, notamment, Fabrice Erre, Gilles Rochier, Alain Chabat, Blanche Gardin… ainsi que ses filiations revendiquées avec Gotlib, Edika, ou les Monty Python... Une partie sera également consacrée à son approche très particulière de l’humour, marquée par le nonsense anglais et la satire féroce de nos travers contemporains.

C’est donc une vraie déferlante Fabcaro qui confirme encore si besoin que ce ne sont pas forcément les albums formatés qui remportent les plus grands succès.

Un road-movie au nonsense non pas angliche mais franchouillard
Copyright 24 25 Films - Apollo Films - Orange Studio - France 3 Cinéma

(par Thelma SUSBIELLE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782352121169

6 Pieds sous terre ✏️ Fabcaro
 
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25 Messages :
  • À quoi tient le succès ? Au hasard, au coup de bol.

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    • Répondu le 22 février 2022 à  22:59 :

      Ce n’est pas un coup de bol. Personnellement, Fabcaro ne me fait pas beaucoup rire, mais il y a eu un véritable engouement dans mon entourage et chez des gens issus de milieux différents. Il a clairement touché du doigt un truc qui a fait rire et sourire un paquet de monde et leur a donné envie d’en parler à leurs amis ou de le leur offrir. Les libraires indépendants ont également été en première ligne pour lancer puis booster ce bouche-à-oreille. On peut ne pas être fan, mais personne ne vend 400 000 albums par hasard.

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      • Répondu par Xav le 23 février 2022 à  21:54 :

        C’est ce véritable engouement qui est un coup de bol, le livre aurait pu passer totalement inaperçu. Il n’est pas très différent de autres livres de Fabcaro, qui n’ont pas eu ce succès.

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    • Répondu par Milles Sabords le 23 février 2022 à  06:37 :

      Et dire que dans 20 ans on se demandera comment cet album a eu autant de succès... Reflet d’une époque en manque de grand scénario et à l’image de notre cinéma incapable de produire autre chose que des comédies.

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      • Répondu le 23 février 2022 à  09:13 :

        Dans 20 ans, personne ne sait ce qui restera des succès d’aujourd’hui. Refléter son époque, c’est déjà très bien, mais devenir un classique c’est autre chose. Qui lit encore Lauzier ou Régis Franc aujourd’hui ? Ils étaient eux-aussi d’excellents chroniqueurs de leur temps.

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        • Répondu par Milles Sabords le 23 février 2022 à  13:51 :

          Dommage que Fabcaro se fourvoie dans ce style faussement réaliste de décalque de photos. Son autre style graphique (et le sien) aurait mieux convenu à cet album pour en faire un trait d’auteur et peut-être un futur classique...

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          • Répondu le 23 février 2022 à  14:58 :

            N’importe quoi. Encore une fois vous dites du mal pour le plaisir. Trouvez-vous une vie, par pitié. Cet album est sorti il y a 7 ans. Et si un livre de Fabcaro reste un classique ce sera celui-là et aucun autre.

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            • Répondu par Milles Sabords le 23 février 2022 à  19:23 :

              Ça tombe bien, j’ai aussi une autre vie. Je vous explique : Fabcaro a un style graphique reconnaissable entre mille, un vrai style underground et humoristique, qui a de la gueule et lui assure une signature graphique. Mais, comme beaucoup d’autres qui ne maîtrisent pas le dessin réaliste, ça décalque de la photo, mal, et c’est raté, ou carrément, ça importe de la photo, retouché sur photoshop pour donner un air brut, mais c’est moche. Mais si le moche est votre dada, tous les goûts sont dans la nature. Le dessin réaliste n’est pas un truc que l’on fait sur un coin de table, c’est un art. Dommage que Fabcaro verse dans la facilité...

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              • Répondu par Toca le 23 février 2022 à  21:50 :

                Avouez que vous êtes un troll, vous faites de la provoc, c’est pas possible autrement.

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              • Répondu par lorentzo.B le 23 février 2022 à  22:50 :

                Z’êtes dur... Fabcaro est un auteur excellent. Il m’avait déjà interpellé dans le magazine ZOO et je n’ai pas du tout été surpris de son succès par la suite (on l’a quand même mis sur une liste pour la reprise d’Astérix !). Quand je cale sur un petit cadeau, et à des ami(e)s qui ne sont pas très portés sur la BD, j’offre un Fabcaro. Et ça fait mouche à tous les coups ! Je ne suis pas très bd "underground" - Franquin, Gotlib, Uderzo etc.. restent mes références en dessin et ça ne m’empêche pas d’aimer Reiser - mais je trouve ces critiques, même si les goûts et les couleurs appartiennent à chacun, féroces voire gratuites. En tant que scénariste, son Zorro - avec le trait idoine de Erre il est vrai - est vraiment marrant. Et il a plus que bien tenu ses versions modernisée de Gai-Luron et Achille Talon. Il m’avait d’ailleurs avoué en dédicace que les reprises le mettait finalement pas très à l’aise, préférant faire son truc dans son coin.. Une forme d’intégrité artistique non ? Après, lui reprocher que son "truc" fasse un carton (et ce sans le barnum des grands éditeurs), c’est un peu.. malveillant je trouve. En plus l’homme est un gars simple qui n’a pas pris le melon. Quand je vois certaines starlettes en festival..

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              • Répondu le 24 février 2022 à  09:36 :

                Fabcaro n’a jamais été un grand dessinateur. Il a mis au point cette technique avec des plans-fixes inspirés du roman-photo et ça fonctionne très bien. Ses livres font rire beaucoup de monde. C’est bien joué.

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              • Répondu le 24 février 2022 à  09:39 :

                Le dessin réaliste n’est vraiment pas le sujet concernant Fabcaro. C’est un humoriste. Il n’est pas là pour faire des anatomies et du clair-obscur à la Paul Gillon. Encore une fois vous mélangez tout.

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                • Répondu par Milles Sabords le 24 février 2022 à  10:49 :

                  Personne ne lui demande de faire du Gillon, mais pour lui, comme pour beaucoup d’autres, la décalque de photo n’apporte rien au genre et donne le sentiment au public que le dessin réaliste c’est facile, un bon ordi est le tour est joué ! Je ne suis pas dur, j’adore son trait plus brut de décoffrage, plus "fanzineux", et tant mieux s’il gagne très bien sa vie avec son succès de librairie. Pas besoin de rajouter de la polémique où il n’y a pas lieu. Le coup du type avec son poireaux en dessin "réaliste" ne fait pas de la grande cuisine, mais dans son autre style, là, ça devenait carrément du pot-au-feu goutu à la sauce des Deschiens ou des Robins des bois.

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              • Répondu le 24 février 2022 à  10:08 :

                Ca fait un bail que le dessin réaliste n’est plus considérait comme un art mais comme de la m... par un certain festival des Charentes.

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                • Répondu par Jacques le 24 février 2022 à  13:53 :

                  Ca fait un bail que le dessin réaliste n’est plus considérait comme un art

                  Et l’orthographe, je ne vous en parle pas.

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                • Répondu le 24 février 2022 à  13:54 :

                  Un peu comme votre façon toute personnelle de respecter l’orthographe.

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      • Répondu par Toca le 23 février 2022 à  21:51 :

        à l’image de notre cinéma incapable de produire autre chose que des comédies.

        Les plus grands chefs d’oeuvres du cinéma sont des comédies.

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        • Répondu le 24 février 2022 à  10:09 :

          C’est vrai que Citizen Kane est un film hilarant en un sens…

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          • Répondu par Toca le 24 février 2022 à  12:54 :

            Si vous vous étiez donné la peine de le regarder, vous sauriez qu’il n’est effectivement pas dénué d’humour, Orson Welles était un rigolo, pas un triste sire.

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            • Répondu le 24 février 2022 à  14:40 :

              Je l’ai vu, c’est pour ça que je disais ça, ce n’était pas ironique. Rien à voir, mais Massacre à la Tronçonneuse aussi est une comédie. Et quand on le revoit en sachant que c’était l’intention initiale du réalisateur, le résultat est en effet assez bidonnant.

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          • Répondu par Milles Sabords le 24 février 2022 à  13:02 :

            Et dans les péplum, des types qui se baladent en jupettes, c’est d’un tordant... arrête ton char Ben Hur !

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            • Répondu le 24 février 2022 à  15:08 :

              Vous en connaissez vous des peplums qui soient des chefs d’oeuvres du cinéma ?

              (mille est invariable, pas de S)

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            • Répondu par Henri Khanan le 24 février 2022 à  21:10 :

              Fabcaro est plus un scénariste, un homme à idées, parfois marrantes qu’un vrai dessinateur dont on expose les planches. Zai Zai a connu un succès énorme et inattendu, pour une fois qu’un auteur rencontre le public des acheteurs, sans grosse machine médiatique promotionnelle, vous n’allez pas lui lancer la pierre, non ?
              Je rajoute qu’il est également l’auteur du roman Le discours, publié chez Gallimard, déjà adapté au cinéma. Très drôle !

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        • Répondu par Lol le 24 février 2022 à  15:58 :

          Apocalypse Now, Scarface, Le vieux fusil, Le clan des Siciliens, c’est quand même autre chose...

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  • La magie en librairie ne s’est pas reproduite dans les salles, 70 000 entrées en quinze jours d’exploitations, c’est un gros flop. De Zaï Zaï Zaï Zaï à Aïe Aïe Aïe Aïe.

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