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De nous, il ne restera que des cendres T. 4 - Par Akira Kasugai– Kana

Par Malgorzata Natanek le 25 février 2023                      Lien  
Yû le tueur à gage qui change d’apparence comme un caméléon va enfin pouvoir se confronter au meurtrier de sa famille. Une lutte décisive attend notre héros avec son lot de révélations. Un dernier tome intense. L’heure de la justice a sonné.

Avec l’aide de ses coéquipiers, le jeune Yû parvient enfin à rencontrer l’homme au tatouage qu’il cherchait désespérément depuis de nombreuses années.

Malheureusement pour lui, sa cible, Haruto, est le fils d’un homme très influent qui camoufle depuis toujours les méfaits de son fils et ne lésine pas sur les moyens pour arrêter toute personne qui voudrait l’atteindre. Un dénouement qui lève le mystère sur l’antagoniste de la série mais qui mène à de lourds sacrifices.

De nous, il ne restera que des cendres T. 4 - Par Akira Kasugai– Kana
De nous, il ne restera que des cendres T. 4
© Akira Kasugai / Kana

Comme le lecteur s’en doute, Haruto, le tueur en série recherché par Yû, est une personne complètement dérangée. Pour bien cerner le personnage, le récit du début du tome est orienté du point de vue de cet homme et plusieurs flashbacks dispersés dans les chapitres divulguent petit à petit son passé. Ces informations fournies au fur et à mesure, permettent de comprendre la mentalité du tueur en série et la tristesse de sa situation.

D’apparence poli et agréable, Haruto est capable de changer en un instant à cause d’une parole ou d’un geste. C’est ce que nous dévoile la mise en scène des premières pages : un homme sympathique au premier abord mais qui cache un monstre incapable de discerner le bien du mal, pouvant masquer sa présence et se battre. Il a beau apprécier une personne, si elle a le malheur de faire quelque chose qui est désagréable à ses yeux alors la seule réponse possible est sa mort.

De nous, il ne restera que des cendres T. 4
© Akira Kasugai / Kana

Une histoire assez sombre se cache en réalité derrière les agissements de Haruto. Son manque de discernement se retrouve chez son père qui lui aussi vit selon des règles qui lui son propres, sans se préoccuper de son entourage hormis son fils qu’il idolâtre. Certaines des cases où il apparaît soulignent son comportement fou qui a sûrement déteint sur son enfant. Ainsi, son obsession pour son fils a eu un effet néfaste sur ce dernier.

En plus de cette relation malsaine, il s’avère que Haruto a vécu un traumatisme qui l’a profondément perturbé et détruit. L’instabilité dans laquelle il a grandi et ce qu’il a vécu étant enfant expliquent la personne qu’il est devenu. Une histoire qui aurait pu être bien différente et qui aurait pu permettre à Haruto de grandir en s’épanouissant sainement. Un garçon dont le destin a été profondément chamboulé et qui a mené à une tragédie.

De nous, il ne restera que des cendres T. 4
© Akira Kasugai / Kana

D’ailleurs, un autre personnage important est mêlé à ce passé : Wang le patron et père adoptif de Yû. Sans surprise, il a joué un rôle dans cette histoire. Cependant, son implication est bien éloignée de ce qu’on pouvait imaginer. Le portrait réussi du chef de la mafia chinoise le rend touchant.

Aussi, il y a ici une divergence de point de vue entre Wang et Haruto qui démontre le fossé entre la vision de ces personnages concernant les faits passés. En effet, le tueur en série garde un ressenti par rapport au mafieux qui possède des informations complémentaires inconnues de Haruto. La perception différente d’un évènement entre plusieurs personnes est souvent le déclencheur d’incompréhensions qui mènent parfois au pire scénario comme c’est le cas pour ces deux personnages.

D’autre part, il est important d’aborder la rencontre entre le protagoniste et l’antagoniste. Même si le destin a été farceur en faisant en sorte qu’ils se croisent précédemment sans se reconnaitre, cette fois-ci Yû est bien conscient de qui se trouve en face de lui. L’ironie du sort veut que son ennemi juré ne souhaite pas réellement sa mort au contraire, ce qui déstabilise le jeune tueur à gage. Haruto est heureux de voir cette « jeune fille » le reconnaitre (élément lié à son traumatisme) alors que Yû déverse toute sa haine envers lui. Une situation étrange et déroutante assez ironique. Une mise en scène qui nous donne pitié de Haruto, complètement déconnecté de la réalité.

De nous, il ne restera que des cendres T. 4
© Akira Kasugai / Kana

Il faut également mentionner cette idée de caméléon qui revient sans cesse. C’est un artifice à la fois lié au héros qui se déguise mais aussi à son ennemi. Le titre original Nibi iro no chameleon s’y réfère aussi faisant le lien avec une musique, dont les deux personnages parlent et qui évoque un caméléon cendré, couleur du deuil.

Une série en quatre tomes très agréable à lire avec un héros attachant et un antagoniste à l’histoire complexe. L’intrigue du dernier volet parvient à nous tenir en haleine jusqu’à une dernière page où tout ce recoupe. Il est aussi agréable de voir que le scénario ne se cantonne pas au discours habituel sur la vengeance : « la vengeance ne mène à rien et ne ramène pas les morts ». Un thriller qui vaut le détour.

(par Malgorzata Natanek)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782505113577

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