C’est avec tristesse que nous avons appris son décès survenu hier soir à Shanghai, le 16 mars, à 20h30. "Cela a été si soudain...", nous dit sa fille He Xiaozhu.
"Comme d’habitude le matin, il s’est préparé un bol de nouilles. Puis il a reçu un responsable du musée des Beaux-Arts de Ningbo, venu pour parler d’une prochaine exposition et d’une donation d’originaux. Le visiteur parti, il est allé se rafraîchir dans la salle de bains. Il y est resté longtemps et comme il ne revenait pas, on y est allé et on l’a trouvé sans connaissance.
A 11h30, il a été admis à l’hôpital Ruijin, et il est revenu à lui. Il a parlé avec sa famille. Mais à 19h environ, il a commencé à cracher du sang... sans arrêt, et les injections n’ont pas eu d’effet."
Né en 1922 près de Shanghai, He Youzhi est considéré comme le plus grand dessinateur de bande dessinée en Chine. Il commence à dessiner en 1949 et devient connu dès le milieu des années 1950, réalisant des œuvres défendant les idées communistes de l’époque. On citera "Le mariage de Xiao Erhei", "Li Shuang Shuang", "Changements dans un village de montagne", diffusées à des millions d’exemplaires. Critiqué pendant la Révolution Culturelle, il est envoyé comme travailleur à la campagne.
Dans les années 1980, il devient professeur de bande dessinée aux Beaux-arts de Pékin et réalise des œuvres pour enfants ainsi que des histoires courtes où il montre son penchant pour le burlesque, portant un regard amusé et désabusé sur ses semblables.
Dans les années 1990 et 2000, il réalise plusieurs œuvres autobiographiques (notamment Mes Années de jeunesse, et Les 100 métiers du vieux Shanghai, éditées en France), travaille pour la presse, est exposé et primé au festival d’Angoulême, où il dirige une masterclass, invité par l’école des Beaux-Arts.
Il était connu pour son étonnante mémoire qui lui permettait de mettre en images des scènes de la vie quotidienne des années 1930, 40 ou 50, sans aucune documentation. Son œuvre totalise une centaine d’ouvrages, bandes dessinées, livres illustrés, livres pour enfants.
Nous l’avions rencontré plusieurs fois, et nous souvenons de sa bonhomie et de son œil espiègle. Nous nous associons à la douleur de sa famille et du milieu de la bande dessinée chinoise.
Nous vous renvoyons vers l’article et l’entretien que nous avions réalisé avec lui en 2013.
(par Yohan Radomski)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion