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Décès de Jack Davis, maître de l’humour et de l’horreur

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 juillet 2016                      Lien  
John Burton "Jack" Davis, Jr., alias Jack Davis, vient de décéder à l'âge de 91 ans. Figure majeure de la bande dessinée et du dessin d'humour aux Etats-Unis, il avait accompagné toutes les mutations de son temps, préférant cependant le domaine politique et social et les histoires d'horreur à celui des super-héros. Son dessin éminemment enjoué et parodique a influencé jusqu'aux plus grands classiques de l'école franco-belge.

Né à Atlanta le 2 décembre 1924, dans le très conservateur état de Géorgie, il publie son premier dessin à l’âge de 12 ans en 1936 dans le courrier des lecteurs de Tip Top Comics (1936). Après avoir oeuvré pour les journaux de son école puis dans l’organe interne de la Navy pendant son service militaire, il illustre les manuels de Coca-Cola (la grande firme d’Atlanta, la ville où il habite) avant de rejoindre New-York et de s’y faire engager au Herald Tribune Syndicate comme encreur de Mike Roy sur l’adaptation en comics du Saint de Leslie Chateris (1949).

Mais c’est ses travaux pour le très contesté William Gaines de EC Comics qu’il bâtit sa réputation en livrant des dessins sublimes aux publications d’horreur de la maison publiées sous la houlette de Al Feldstein et Bill Gaines : Tales from the Crypt, The Haunt of Fear, Frontline Combat, Two-Fisted Tales, The Vault of Horror, Piracy, Incredible Science Fiction, Crime Suspenstories, Shock Suspenstories, et Terror Illustrated.

Décès de Jack Davis, maître de l'humour et de l'horreur
Fabuleuses histoires de guerre pour Two Fist Tales
© EC Comics
Une facture classique, un très grand illustrateur.
© EC Comics

Son dessin d’une incroyable virtuosité en fait une recrue de choix dans la fondation de Mad Magazine par Harvey Kurtzman en 1952, un magazine dont il deviendra le principal collaborateur tout au long des années. Il sera de toutes les aventures de ces années remuantes, multipliant les couvertures de magazine pour les plus grands hebdomadaires du pays (Time, TV Guide...) où ses talents de caricaturiste font merveille. On lui doit une multitude d’affiches.

Il est l’un des fondateurs et des plus talentueux contributeurs de Mad Magazine.
© MAD Magazine

Il a reçu la plupart des grandes distinctions de son pays (National Cartoonists Society’s Milton Caniff Lifetime Achievement Award, Jack Kirby Hall of Fame, National Cartoonists Society’s Advertising Award, Reuben Award...) dont le Will Eisner Hall of Fame à San Diego en 2003.

Jack Davis
Photo DR
Toute sa vie, il illustra, sur un ton burlesque, des histoires d’horreur.
© Creepy

C’était un géant du dessin et de l’encrage. Sa manière, d’une facture classique, s’autorisait toutes les audaces, tous les angles, tous les points de vue, avec un brio sans égal. Sa caricature, peu chargée, maniait la dérision sans jamais blesser. Son trait dynamique, arraché, a influencé bon nombre de créateurs de par le monde que ce soit en Italie, en Espagne, en Turquie où en France où des gens comme Morris ou Marcel Gotlib ont recueilli un peu de son ADN graphique.

Jack Davis a posé définitivement son crayon à Athens, en Géorgie, le 27 juillet 2016, à l’âge de 91 ans.

Jack Davis par lui-même.
© Jack Davis

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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1 Message :
  • Décès de Jack Davis, maître de l’humour et de l’horreur
    31 juillet 2016 13:56, par La plume occulte

    C’est rien de dire que c’était un géant !Un dessinateur immense et un encreur encore meilleur.A n’en pas douter ,dans ce domaine particulier de l’encrage,un des plus grands dans toute l’histoire de la BD ,un des plus pétillants,qui aura influencé pas mal de monde.Il semble évident,en se penchant rapidement et seulement sur la BD franco-belge, que des dessinateurs comme Giraud,Franquin et surtout Alexis ont jeté un oeil plein d’intérêt sur son travail.Eux aussi maîtres encreurs:qui encraient comme il dessinaient et ,non pas ,en repassant méthodiquement leurs crayonnés,ce qui a tendance à figer le dessin.

    Mais Jack Davis excellait aussi à la couleur,avec une palette joyeuse qui rendait son travail immédiatement attractif.Car il était là,je pense,son plus grand talent:il savait créer une proximité,une connivence immédiate,une empathie avec ses lecteurs,éduqués visuellement et artistiquement,ou pas.Un talent finalement assez rare.
    Il avait décidé de prendre sa retraite il y a seulement 2 ans(il allait avoir 92 ans) parce qu’il estimait que s’il était toujours capable de dessiner, il ne l’était plus au niveau d’exigence qui a toujours était le sien.
    On est là avec un de ces géants de la BD -mais aussi du dessin,de l’illustration,de l’affiche,du cartoon et de la caricature...-que le Festival d’Angoulême avec ses Grands Prix aurait dû fêter il y a longtemps.

    Qu’on se le dise:c’est Maestro Jack Davis qui nous a quitté.Merci à lui d’avoir laissé pour des heures de merveilles visuelles à contempler.

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