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Décès de Quino, l’auteur de Mafalda

Par Jacques Schraûwen le 30 septembre 2020                      Lien  
Nous apprenons avec tristesse le décès ce matin, mercredi 30 septembre, de Joaquin Salvador Lavado Tejon, dit Quino. L’artiste argentin s’était consacré au dessin d’humour dès 1948. Et C’est en 1964 qu’il donnait naissance au personnage de Mafalda, petite fille au caractère bien trempé qui incarnera le style « Quino », cet humour à la fois acerbe et subtil, philosophique mais surtout éminemment politique. Ses réflexions font un écho tout particulier à notre époque actuelle.
Décès de Quino, l'auteur de Mafalda
L’intégrale de Mafalda paru en 2014 reste sans doute l’indispensable pour se souvenir de l’art de Quino

Il avait 88 ans, et plus d’une trentaine de livres en français à son actif. À l’instar de Schulz et de ses Peanuts, il a créé un personnage emblématique de la révolte face à toutes les injustices, une petite fille qui appartient déjà pleinement à l’histoire du neuvième art !

Mafalda : une gamine comme toutes les autres ?... Pas vraiment ! Une petite fille qui discute avec le globe terrestre, une enfant qui regarde le monde des adultes en se posant des questions politiquement incorrectes, en les posant à ces adultes qui semblent tout accepter.

Charlie Brown et Snoopy se posaient aussi mille et une questions, mais avec un regard qui, à sa manière restait enfantin et limité aux frontières de la famille et de l’amitié.

Chez Quino, les propos dépassent la cellule familiale et ses environnements. Ils dépassent l’enfance aussi, et ce qu’on croit être ses « puretés ». Ce sont des réflexions qui dénotent une vraie révolte face à l’injustice en Argentine, en Amérique du Sud, et même dans le monde.

Quino, au salon du livre de Paris en 2014, alors qu’il recevait la légion d’honneur
Photo : D. Pasamonik (l’Agence BD)
(c) Glénat

Avec Mafalda, Quino a créé un personnage qui se révèle, avec simplicité, un portrait sans doute de l’auteur lui-même et de ses colères discrètes.

Mafalda, édité en France par les éditions Glénat, a rencontré un vrai succès, et nombreuses sont les personnes qui ont trouvé chez elle de quoi nourrir leurs réflexions, leurs capacités d’analyse du monde dans lequel elles vivent.

(c) Glénat

Mafalda est un personnage iconique du neuvième art, sans aucun doute. Pourtant, Quino a arrêté de le dessiner au début des années 70 ! Ce qui n’a pas empêché ce trublion enfantin et féminin de faire le tour du monde dans de nombreuses traductions.

Cela dit, si Quino a cessé de dessiner Mafalda, il n’a pas arrêté pour autant de dessiner, encore et encore, des gags d’une page, des tranches de vies simples, asservies par le pouvoir, par tous les pouvoirs. Plusieurs recueils de ses dessins d’humour sont parus en français, également, et ils permettent de découvrir encore mieux ce qu’était le regard de ce dessinateur exceptionnel et universel.

Photo : DR.

Universel, oui, parce que ce grand esprit critique de la bande dessinée et du dessin d’humour s’est attaqué, tendrement, à bien des réalités contemporaines, de la gastronomie au monde de l’emploi, de l’amour aux millionnaires, avec toujours, cette vision presque cynique parfois d’une société déniant au bonheur la chance d’exister…

Quino avait 88 ans. Et il est mort. Avec lui disparaît un auteur complet, intelligent, un des grands créateurs du vingtième siècle. À redécouvrir, tout le temps, pour l’acuité de ses propos et la belle simplicité de son dessin…

En 2014, Zep aux côtés de Quino, deux auteurs publiés chez Glénat et qui osent aborder des questions qui dérangent avec des personnages pas si enfantins que cela.
Photo : D. Pasamonik (l’Agence BD)

(par Jacques Schraûwen)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344000182

 
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4 Messages :
  • Souvenir
    1er octobre 2020 13:53, par Lantenois Jean Luc

    J’ai eu le grand bonheur et le grand honneur de m’entretenir avec Quino pour la page invité de l’Humanité en 1989.Il y avait Mafalda qui était pour lui « la plus pessimiste des optimistes « . Ces dessins d’humour, censurés pendant la période des colonels sont d’une puissance inégalée : contre le dollar « aucun sud américain honnête n’aime le dollar comme moyen de domination », contre l’exploitation de l’homme et le mépris de la bourgeoisie « tous égaux ? Ça ne me générait pas moi...tant qu’ils n’en viennent pas à dire tous ensemble « s’exclame une femme de la haute bourgeoisie. Lire, relire « ça va les affaires « , réalisé en 1989...toujours d’actualité. La B.D. Et le dessin d’humour ont perdu un grand monsieur. Mafalda, est orpheline, on la soutient.

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    • Répondu par kyle william le 1er octobre 2020 à  14:29 :

      Mettre Quino et Zep sur le même plan, c’est déplacé. Quino a fait face à une dictature. Quelles questions dérangeantes pose Zep ?

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      • Répondu par jacques schraûwen le 2 octobre 2020 à  14:30 :

        Dans certains de ses livres, Zep se révèle dérangeant, lui aussi. Il ne faut pas avoir vécu une dictature pour ruer dans les brancards, fort heureusement... Cela dit, Je peux comprendre votre réaction, mais il s’agissait de la légende d’une photo, tout simplement, qui mettait en évidence, aussi, aux côté de Quino, de Zep... Il n’y avait là aucun "jugement " de valeurs correspondant à une quelconque prise de position dans le corps de l’article...

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    • Répondu par jacques schraûwen le 2 octobre 2020 à  14:27 :

      merci... Et je ne peux qu’être d’accord avec vous...

      Répondre à ce message

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