Né en 1944 à Buenos Aires, Carlos Nine était un artiste polymorphe qui s’est exprimé aussi bien dans l’illustration, que dans la peinture, la sculpture, l’écriture de pièces de théâtre ou le dessin animé. Dans le domaine de la bande dessinée, on lui doit notamment Meurtres et Châtiments, Fantagas, Pampa,Le Canard qui aimait les poules, Oh merde, les lapins ! et bien d’autres.
Des œuvres singulières qui tranchent avec sa collaboration avec Joann Sfar & Lewis Trondheim dans le tome 8 de Donjon Monsters : Crève-Cœur. Un épisode où il peut déployer toute sa fantaisie et sa créativité dans un registre fantastique et surréel que savait si bien tracer son compatriote l’écrivain Jose-Luis Borges.
Quant à son dernier album, paru en mars dernier, chez les Rêveurs : Tropikal Mambo. Il met en scène un détective qui vit à Panama et dont on ne voit que l’imperméable, le chapeau, les souliers et la petite voiture en bois qu’il utilise. En général, on l’engage pour des petits boulots misérables, des filatures, des infidélités, bref tout type de commande merdique. Il accepte les pots-de-vin, il admire les délinquants et, au final, se fout bien de la justice.
Et comme si cela ne suffisait pas, ce détective désabusé profite des derniers chapitres pour conspirer contre l’auteur-même du livre. Car l’histoire ne lui plaît pas, et les dessins non plus... Dans le dernier chapitre, la crise éclate définitivement entre l’auteur et son personnage. L’un des deux est de trop…
Carlos Nine a réalisé chaque chapitre de cette dernière histoire dans un style graphique différent, passant de la simple esquisse aux personnes en volumes sculptés, en passant par l’aquarelle et la gouache, un peu comme si l’artiste voulait nous offrir un échantillon complet de son large savoir-faire artistique. Le résultat est surprenant et saisissant..
Artiste internationalement reconnu, Carlos Nine reçut le Prix du meilleur dessin au Salon International de la Bande Dessinée de Barcelone en 1989, le Clio Silver pour l’illustration aux Clio Awards de New York en 1993, la [Palme graphique du Prix lycéen de la bande dessinée en 2007-br2019], ainsi que le prix du meilleur album étranger au Festival d’Angoulême en 2001 pour Le Canard qui aimait les poules. Il avait également animé des ateliers à l’École Supérieure de l’Image de Poitiers et d’Angoulême et collaboré avec de grands quotidiens tels que Le Monde ou encore The New Yorker.
La rédaction d’ActuaBD est de tout cœur aux côtés de ses amis et de sa famille, notamment son fils Lucas qui marche avec talent dans les pas de son père.
(par Charles-Louis Detournay)
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