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Décès de l’historien de la BD Jean-Claude Glasser

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 février 2005                      Lien  
On l'apprend par la journaliste Marjorie Alessandrini, l'historien de la BD Jean-Claude Glasser vient de casser sa plume à l'âge de 64 ans. C'était l'un des connaisseurs les plus sûrs de l'âge d'or de la BD américaine, préfacier des collections Futuropolis, collaborateur aux "Cahiers de la BD", à "9ème Art", récemment à "Bande Dessinée Internationale" et l'un de nos spécialistes du cinéma les plus respectés.

Décès de l'historien de la BD Jean-Claude GlasserJe ne pensais pas que j’aurais un jour à feuilleter son « Histoire des plus célèbres répliques du cinéma » (avec Marion Vidal) pour y trouver celle-ci, extraite de Quai des Brumes et signée Jacques Prévert : « Je peins malgré moi les choses derrière les choses ». C’était pourtant ce que faisait Jean-Claude Glasser. Il était l’un des rares critiques et historiens de la BD à joindre une extraordinaire qualité d’érudition à une langue parfaite. Quand je regarde les mots qu’il m’envoyait pour accompagner un livre ou un article qu’il trouvait digne d’intérêt, je suis frappé par son écriture régulière, le tracé parfait de son dessin. Elle me rappelle...oui, celle d’Edgar-Pierre Jacobs. Ses notices dans les préfaces de Futuropolis sont d’une clarté limpide, prudemment renseignées aux meilleures sources et sont marquées par une culture et une largeur d’esprit jamais jargonnante, et jamais prétentieuse. C’était un homme qui savait partager le savoir dans le plaisir et la simplicité.

Je l’avais rencontré il y a une trentaine d’années à une époque où les historiens de la BD étaient une poignée autour de deux personnalités brillantes : Francis Lacassin et Pierre Couperie. Ce dernier, un modèle pour tous les spécialistes de BD qui lui succédèrent, portait à Glasser une très grande estime. De la part de ce vénérable érudit, cela valait diplôme. Cette estime n’était pas infondée. Longtemps professeur de philosophie à Nice, Jean-Claude Glasser avait une connaissance encyclopédique de la BD de l’âge d’or américain, en particulier celui des journaux. Il était le seul qui, crayon à la main, pouvait reprendre les plus grands spécialistes mondiaux du sujet. Avec Marjorie Alessandrini, Marion Duval et Marc Duveau, il avait publié en 1979 une Encyclopédie des Bandes dessinées (Albin Michel) qui est la seule qui, jusqu’à aujourd’hui, soit, selon les mots de Dominique Petitfaux, "une encyclopédie engagée" écartant résolument les tâcherons pour ne garder que les auteurs qui avaient réellement contribué à l’histoire de la bande dessinée.

Récemment, je lui avais commandé, pour « La Diaspora des Bulles » (qui devrait finir par paraître chez Glénat cette année-ci), un texte sur le dessinateur américain Ben Katchor ("Le Juif de New York" - Frémok). Il s’était alors plongé avec délice dans le monde juif des premières années de la conquête de l’Ouest et avait exploré les moindres recoins de l’œuvre du new-yorkais qu’il découvrait à cette occasion. Je ne suis pas peu fier d’avoir provoqué la rencontre entre les deux hommes le 25 mars 2002 à l’Alliance Israélite Universelle, lors d’un débat avec le public dans lequel Glasser développa une lecture de Katchor à la fois innovante et profonde. Une lumière de la connaissance de la BD vient de s’éteindre.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon : Le personnage d’Illico (de Géo McManus) était son personnage fétiche. Il en avait fait la signature de son courriel.

 
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