Il n’est peut-être pas exagéré de dire que Kenta Shinohara est mal-aimé en France, même si le peu de succès de Sket Dance tient surtout à son genre, le gag manga, qui n’a jamais fonctionné au pays de Molière. D’où aujourd’hui une situation cocasse : Sket Dance, fini au Japon en 2013, s’avère toujours en cours chez Kaze manga, et avec son rythme de deux tomes par an, se terminera en 2022 ou 2023 !
Entretemps, le mangaka a publié une nouvelle série, au format court de cinq tomes : Astra Lost in Space, terminé l’an dernier, avec un animé annoncé, qui a remporté quelques prix au Japon, dont certainement le plus prestigieux, celui des Taisho Awards, et qui nous arrive ce mois-ci. Une série courte qui sera donc complétée en France bien avant Sket Dance !
En 2063, Kanata, Aries ainsi que sept autres lycéens visitent une planète sauvage dans le cadre de leur cursus scolaire. Mais à peine ont-ils commencé à l’explorer qu’ils sont projetés, avec leur navette, à des années-lumière de leur point de départ par une étrange sphère d’énergie !
Perdu dans l’espace, ce groupe d’adolescents qui ne se connaissent pas, va devoir apprendre à se faire confiance et à mettre en commun leurs compétences afin de réussir à survivre dans ce vaste inconnu, et retrouver leur chemin vers la Terre.
Les lecteurs de Sket Dance n’auront aucun mal à reconnaître le style typique de Kento Shinohara, ses personnages ainsi que son humour, via certains traits ou tics, plus secondaires ici, pour laisser l’action et l’aventure occuper le devant de la scène. L’ambiance de ce premier tome se révèle ainsi bon enfant avec de temps à autre un danger, nécessitant entraide et mise en avant de tel ou tel protagoniste.
En somme, un début classique. Alors pourquoi lire cette « petite série » ? En dehors de son prédigéré japonais plutôt flatteur, il s’agit d’un récit complet en cinq tomes, donc d’un investissement raisonnable, doté d’un graphique clair et détaillé, et d’une narration shônen finalement classique.
La force de Kento Shinohara réside justement dans ce classicisme grand public, à l’accessibilité simple et universelle, capable de développer un riche panel de personnages rapidement attachants comme le prouve déjà ce premier tome, très efficace dans le genre, qui établit les premières interactions ainsi que le passé de certains personnages.
Récit initiatique de pure forme, une aventure qui mêle donc mondes étranges et jeunes héros livrés à eux-mêmes sur fond d’amitié et de dépassement de soi. C’est drôle, mystérieux, tour à tour touchant et haletant, et toujours juste. Un condensé de tout ce que le shônen manga traditionnel peut faire de mieux sans tomber dans la surenchère, tout en possédant une signature d’auteur parfaitement identifiable.
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Astra - Lost in space T1. Par Kento Shinohara. Traduction Sayaka Okada & Manon Debienne. nobi nobi, collection "Shônen". Sortie le 20 mars 2019. 208 pages. 7,20 euros.
Commander ce livre sur BD Fugue, FNAC, Amazon
Sket Dance sur ActuaBD :
Lire la présentation de la série,
Lire la chronique du tome 3,
Lire la chronique du tome 4,
Lire la chronique du tome 10,
Lire la chronique du tome 18,
Lire la chronique du tome 21,
Lire la chronique du tome 23.