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Découvrez la sélection du Prix Artémisia 2020

Par Lise LAMARCHE le 21 décembre 2019                      Lien  
Chaque année, le Prix Artémisia récompense le meilleur album de l'année créé par une ou plusieurs autrices. Le jury a sélectionné quinze albums qui se distinguent par leur qualité, leur originalité et leur créativité, parmi lesquels sera choisi le Grand Prix 2020. Les autrices étant singulièrement peu représentées dans les sélections et autres "tops" de fin d'année, ce prix met en lumière la richesse de la création féminine.

Le Prix Artémisia récompense chaque année des bandes dessinées d’autrices. Le jury a sélectionné quinze titres qui reflètent le meilleur de la création par des femmes bédéastes en 2019 [1].

Voici la liste des albums retenus :

Découvrez la sélection du Prix Artémisia 2020 Ada de Barbara Baldi (éd. Ici même)
- Cassandra Darke de Posy Simmonds (éd. Denoël Graphic)
- Carnage de Florence Dupré la Tour (éd. Mauvaise foi édition)
- Corps à cœur, cœur à corps de Léa Castor (éd.Lapin)
- Dans le même bateau de Zelba (éd. Futuropolis)
- Guerre de Marion Jdanoff (éd. Super Loto éditions)
- Il fallait que je vous le dise d’Aude Mermilliod (éd. Casterman)
- L’Âge bleu d’Anne Defréville (éd.Buchet-Chastel)
- La Fille dans l’écran de Lou Lubie, Manon Desveaux (éd. Marabout )
- La Vie intelligente d’Aurélie William Levaux (éd. Atrabile)
- Les Deux vies de Pénélope de Judith Vanistendael (éd. Le Lombard)
- Made In France : 68-78, chronique d’une famille chinoise à Paris de Christel Han et Brigitte Tchao (éd. Les Enfants rouges)
- Notes de bas de page de Nacha Vollenweider (éd. Ilatina)
- Saison des roses de Chloé Wary (éd. Flblb)
- Waldo de Lorraine les Bains (éd. Lapin)

On constate que les éditeurs indépendants sont bien représentés, au détriment des gros labels, avec notamment la percée des éditions Lapin, qui font très fort avec deux albums en lice. Il est intéressant de noter que cette année encore, de nombreuses autrices non-francophones sont sélectionnées, en grande majorité des Européennes, mais également une Argentine et une Québécoise.

Voici une présentation de ces titres répartis en quatre catégories non officielles, en précisant que la richesse de ces œuvres ne les restreint pas à une seule dimension.

L’audace

On retrouve dans la sélection plusieurs albums qui testent les limites de la bande dessinée : La Vie intelligente (Aurélie William Levaux), Guerre ( Marion Jdanoff) et Carnage (Florence Dupré la Tour). Qu’elles soient muettes ou alternent texte et illustration, ces œuvres se caractérisent toutes par leur prise de risque, bien entendu réussi.

Le dessin

Se distinguent par leurs qualités graphiques indéniables Ada (Barbara Baldi), L’Âge bleu (Anne Defréville) et Les Deux vies de Pénélope (Judith Vanistendael), trois albums dont les images tiennent parfois davantage de la peinture que du dessin, en particulier le sublime Ada, sur l’éveil à la peinture et à l’art d’une jeune fille, où chaque case se révèle un véritable tableau.

L’Âge bleu est un récit engagé et original qui mêle avertissements écologiques, collapsologie et références artistiques complétés d’une bonne dose d’humour noir et de poésie.

Les Deux vies de Pénélope porte un propos féministe et humaniste fort, l’autrice décrivant avec justesse les difficultés de l’héroïne à réconcilier son dévouement profond à son travail de chirurgienne en Syrie avec sa vie d’épouse, de mère en lien avec les attentes de la société.

Le récit

Saison des roses (Chloé Wary) surprend tant par ses couleurs vibrantes et dynamiques que le découpage et son message féministe puissant. Ces choix conviennent parfaitement pour dépeindre le milieu du football féminin et faire vivre l’intensité des matches comme la rage de vivre des joueuses.

Cassandra Darke (Posy Simmonds) et Waldo (Lorraine les Bains) livrent deux récits noirs, des enquêtes labyrinthiques qui jouent habilement de la temporalité et de l’espace. Ce dernier point attire particulièrement notre attention, le trait raffiné de Posy Simmonds mettant brillamment en scène Londres sous les illuminations de Noël tandis que Lorraine Les Bains réussit le tour de force de créer une histoire où les individus disparaissent au profit de leurs habitations.

La Fille dans l’écran (Lou Lubie, Manon Desveaux) est le récit à quatre mains de la rencontre entre deux artistes, une jeune dessinatrice française et une photographe vivant au Canada. Une relation se noue au fil des pages, portée par la composition intelligente des doubles pages et un tissage très intéressant entre les deux styles graphiques.

Le témoignage

Corps à cœur, cœur à corps (Léa Castor) est un recueil de témoignages sur leur corps par des personnes souffrant ou ayant souffert de complexes. L’autrice met en images leur récit et réalise leur portrait, offrant une immersion extrêmement touchante dans l’intimité de ces personnes, ainsi qu’une réflexion libératrice sur le corps et sa reconquête personnelle.

Made In France : 68-78, chronique d’une famille chinoise à Paris (Christel Han & Brigitte Tchao) raconte l’enfance de la narratrice, née à Paris de parents chinois. Le décalage dans l’intégration des deux générations est remarquablement décrit. Alors que la petite fille assimile rapidement la culture française, ses parents restent profondément imprégnés de leur culture d’origine. Cet album fleure également bon la nostalgie des années 1960 et 1970 par les multiples références à la culture populaire de l’époque, présentées avec beaucoup d’humour.

Dans Il fallait que je vous le dise, Aude Mermilliod revient sur son avortement et sur les violences gynécologiques dans un récit émouvant et sincère. Elle s’est livrée pour ActuaBD sur la genèse de ce livre et son expérience d’autrice.

Notes de bas de page (Nacha Vollenweider) et Dans Le même bateau (Zelba) sont des récits autobiographiques qui comportent également une forte dimension historique et politique, nous transportant en Argentine ou en Allemagne à l’heure de la réunification.

Parmi ces titres sera choisi le Grand Prix Artémisia 2020. D’autres albums seront également distingués pour « des qualités particulières qui ont touché le jury » afin de mettre en valeur la diversité et la richesse de la création féminine. Le Grand Prix Artémisia ainsi que l’ensemble du Palmarès seront annoncés le 9 janvier, jour anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir.

Voir en ligne : Le Prix Artémisia de la Bande Dessinée d’autrice

(par Lise LAMARCHE)

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Code EAN :

[1L’autrice de ces lignes a participé à la sélection de ces albums en tant que jurée du Prix Artémisia

 
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