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Dédicaces, la fin d’une époque ?

Par Patrick Albray le 26 septembre 2002                      Lien  
L'histoire ne retiendra pas qui, des grands anciens de la bande dessinée, a pour la première fois, pour faire plaisir à l'un de ses lecteurs, remplacé la traditionnelle petite phrase de dédicace ("Formule manuscrite sur un livre pour en faire hommage à quelqu'un" - Le Robert) d'un de ses livres par un dessin.

Mais ses successeurs ne lui disent plus merci. Car ce qui fut longtemps un petit cadeau sympa a été détourné de sa fonction première - faire plaisir - par la cupidité de certains. C’est devenu un "business" lucratif. Qui rapporte de l’argent à toute la filière, SAUF aux auteurs.

Deux événements de l’actualité récente convaincront tous ceux qui en doutaient encore. Les dédicaces sont entrées dans une nouvelle ère. Et ni les auteurs de bande dessinée, ni les vrais amateurs, n’en sortent gagnants.

Le premier est ce collectionneur qui a décidé de récolter les dividendes de sa chasse aux dédicaces en mettant sa collection en vente dans une salle d’enchères, déclenchant ainsi la fureur des auteurs, décidés à montrer leur dégoût en organisant une "opération boules puantes" pendant la vente.

Le second est ce libraire qui, lors de la "Humanos Fest", taxa chaque livre à dédicacer de la coquette somme de cinq euros, dans le dos des auteurs présents, et malgré la promesse qu’il avait faite de pratiquer le prix éditeur.

Dans les deux cas, les auteurs n’ont pas touché un sou. On comprend dès lors que le système de la dédicace soit de plus en plus contesté par ceux-ci.

Sur l’excellent site de "La Maison des Auteurs", un dossier y est d’ailleurs consacré. Il vaut la peine d’être lu, car il montre l’autre facette de la dédicace, celle des auteurs vache à lait. Qui tentent de trouver une solution à une situation qui devient de plus en plus insupportable : "La meilleure solution consisterait à ne plus faire du tout de dédicaces, ou à la limite, de ne faire plus que des signatures, et d’organiser des rencontres pour discuter tranquillement avec les lecteurs, où il n’y ait aucune dédicace de prévue. Cela résoudrait tout les problèmes : plus de spéculations sur la valeur des dédicaces, plus de files d’attente interminables, plus de collectionneurs fous, la possibilité de discuter, la possibilité d’amener ses albums, beaucoup de fatigue en moins !"

Une conclusion directement suivie d’un cri du coeur : "Mais nous savons bien que peu d’entre nous auront envie de résister au plaisir de faire plaisir en offrant un dessin, et qu’il est dommage de priver également les lecteurs de la fascination de voir un dessin ou le message d’un scénariste naître sous leurs yeux."

Vu l’ambiance nauséabonde provoquée par les deux événements relatés ci-dessus, il devient urgent de réfléchir à ce problème et de trouver un juste milieu, qui permettra au dessinateur de retrouver le plaisir à dessiner pour ses vrais fans (ceux qui garderont précieusement le livre dédicacé, pas les spéculateurs qui le mettront dans un coffre en attendant qu’il prenne de la valeur) et à ceux-ci de pouvoir approcher les dessinateurs et scénaristes qu’ils aiment sans se faire arnaquer.

(par Patrick Albray)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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