Des Éclats de diamants - Par Nùria Tamarit - Les Aventuriers de l’Étrange

Nùria Tamarit continue dans le genre de l’autofiction avec cet album se déroulant deux ans avant son voyage au Sénégal raconté dans Toubab, titre qui a reçu le prix du meilleur roman graphique à Valence.

Ici, c’est toujours Mar, l’alter égo de l’autrice, qui est au centre du récit. Pas évident pour cette adolescente timide qui affectionne les livres farfelus de s’intégrer au club de basket alors qu’elle y est inscrite par sa mère. Heureusement, Mar peut compter sur son amie Xuls, une habituée du parquet. La jeune fille va découvrir cet univers inconnu et peu bienveillant au début : les balles, les corps et les mots heurtent sa sensibilité.

© Nùria Tamarit / Les Aventuriers de l’Étrange

Mais après avoir appréhendé ces nouveaux codes, l’ambiance des vestiaires - qui apparaissent moins toxiques que les vestiaires masculins - Mar essaye de s’adapter à cet environnement entre rivalité et solidarité. Avec l’arrivée d’un garçon qui assiste à un entrainement, Mar entre alors dans un nouveau monde : celui des relations amoureuses. Un monde qui semble accueillant, mais qui se révèle bien plus violent que celui du basket.

© Nùria Tamarit / Les Aventuriers de l’Étrange

Au travers de ce récit qui prend place dans l’univers du sport collectif, l’autrice met en lumière des problématiques féminines de manière subtile et intelligente. Dans les vestiaires, on assiste aux discussions banales et néanmoins primordiales autour du corps au moment de l’adolescence, les relations entre filles, ainsi qu’avec les garçons. Ainsi Nùria Tamarit évoque la difficulté de s’intégrer ainsi que la puissance du collectif. L’évolution du récit se fait avec subtilité et valorise les valeurs du sport, qui ne s’arrêtent pas aux portes du stade.

© Nùria Tamarit / Les Aventuriers de l’Étrange

Ce récit féministe propose la sororité comme une solution contre les violences patriarcales. Celui-ci est divisé en chapitres, dont les noms appartiennent au vocabulaire du basket, comme un match, qu’elles ne peuvent gagner qu’ensemble. L’album se conclue par des pleines pages contemplatives, qui illustrent une ouverture des possibles et une libération des corps face à l’environnement qui les entoure.

Le trait rond et doux de Nùria Tamarit s’inscrit dans la mouvance du style de Léa Murawiec. La dessinatrice propose un dessin simplifié, efficace. Mais elle se distingue par la colorisation, au service du récit, avec une gamme de couleurs vibrantes.

Un titre qui se distingue par sa simplicité et son intelligence d’exécution. Tamarit déroule une œuvre personnelle remarquable que le dernier album paru, La Louve boréale (Sarbacanne), complète admirablement. Chronique à venir.

© Nùria Tamarit / Les Aventuriers de l’Étrange