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Des albums Glénat sur la liste du Père Noël

Par Vincent GAUTHIER le 19 décembre 2014                      Lien  
En cette fin d'année, Glénat (ré-)édite des classiques ou des adaptations de chefs-d'œuvre de la littérature. De "Ranx" à "Lovecraft" en passant par "Robin des Bois" et l'intemporel Masse, il y en a pour tous les goûts, de quoi faire plaisir aux petits comme aux grands.
Des albums Glénat sur la liste du Père Noël
La Nouvelle Encyclopédie de Masse - Tome 1 : a-m

Poursuivant son travail de réédition des classiques de Masse, auteur considérable et prolifique, Glénat s’attaque cette fois a la La Nouvelle Encyclopédie. Créateur audacieux et démiurge d’un univers reconnaissable au premier coup d’œil, Masse ambitionne rien moins dans ce dernier ouvrage que de décrire les grands mystères du monde. De courtes histoires se succèdent dans lesquelles il illustre des concepts tels que l’aérolinguistique, l’échohonométrie et autres voluptés scientifiques, philosophiques ou métaphysiques. Bien entendu, il n’est pas question ici d’une encyclopédie à la D’Alembert, l’auteur de La Mare aux pirates jouant de son trait reconnaissable pour dominer l’absurdité d’un monde difficilement intelligible. Extravagance et humour saugrenu suivent les hachures et la trame d’un dessin qui a fait de Masse l’un des maîtres de la bande dessinée depuis les années 1980.

Initialement publiées dans Télérama ou Fluide Glacial, puis regroupées en deux volumes aux Humanoïdes Associés, ces trois cent et quelques planches réunissent la machinerie poétique d’un auteur trop rare. Le second volume paraîtra en janvier, et sera, comme ce premier tome foisonnant, à ne pas rater.

A comme Acculturation

Autre classique des années 1980, Ranx, lui, ne fait pas dans la finesse. Liberatore et Tamburini donnèrent naissance à une série culte et provocatrice qui suivait le mouvement punk et anticipait sur le cybertrash.

Ranx

Massif et amoureux de la jeune Lubna, shooté du matin au soir, Ranx est un robot agressif prêt à tout pour combler sa belle. Dans une société futuriste aux traits apocalyptiques, il n’a peur de rien. Massacre à la chaine, violence consumériste, son monde est une orgie permanente de sexe et de sang. Le dessin soigné de Liberatore expose ce défouloir libérateur, explosion insensée d’humour et de gore, qui marqua toute une génération de son empreinte. Cette botte parodique est une vision sans fard de l’égoïsme et du caractère grégaire du genre humain.

Repris par Alain Chabat (oui celui des Nuls !) après la mort de Tamburini, la série connaîtra une fin pas forcément à la hauteur des attentes mais qui en respectera l’esprit. Un monument dans une intégrale grand format qui permet de redécouvrir le travail de deux artistes incontournables.

Les Cauchemars de Lovecraft

Quand on parle d’horreur en littérature, on pense forcément à Lovecraft. Instigateur d’un genre nouveau à l’orée du XXe siècle avec l’Appel de Cthulhu, il fut un des écrivains les plus influents de son époque. À une production importante s’ajoutait en effet un sens de l’angoisse et de l’épouvante qui fit naître une véritable mythologie.

Horacio Lalia s’est attaché à rendre grâce à son noir et blanc tranché la puissance de dix-huit récits qui ont forgé la légende de Lovecraft, entre autres : La Couleur tombée du ciel, L’Abomination de Dunwich ou la saga de Cthulhu. Ayant déjà adapté un autre maître du genre fantastique, Edgar Allan Poe, mais aussi quelques textes de Lovecraft repris ici, c’est en habitué de la performance (Conrad ou Wells sont passés sous son crayon) qu’il réunit ces textes.

Aucun doute n’est permis sur la qualité littéraire de l’album. Les textes de Lovecraft sont largement repris et font toujours frissonner d’angoisse le lecteur. Mais les décisions d’Horacio Lalia dans le découpage graphique et l’adaptation laissent plutôt sceptique. Entre une esthétique très « Fifties », des onomatopées style Tales of the Crypt et une dessin parfois totalement inexpressif, figé dans la lignée des productions petits formats de l’époque, on a du mal à retrouver le rythme ensorcelant des récits lovecraftiens. C’est finalement lorsque le dessinateur s’exprime sur une pleine page, abandonnant le texte original, qu’il parvient le mieux à exprimer son talent.

L’Appel du Cthulhu


Avant la découverte adolescente de Lovecraft, il y eu pour beaucoup d’entre nous celle des romans d’aventure. Dans un monde qui était nôtre se baladaient corsaires sanguinaires, brigands au grand cœur et mousquetaires fidèles. Des héros de cape et d’épée à la forêt de Sherwood, ces auteurs écrivirent quelques-unes des plus belles pages de notre enfance, notamment deux romans mettant en scène le Prince des voleurs.

Robin des Bois

C’est de cette forêt désormais fameuse que Boisserie et Héloret ont décidé de tirer les trois principaux protagonistes de leur adaptation de la légende de Robin des Bois. Trois bâtards, Robin Loxley, Petit-Jean et Will Scarlett, portent le poids de leur destin mais, pas prêts pour autant à plier sous le fardeau de leur naissance, ils se révoltent contre le carcan d’une injustice qui se transformera vite en lutte politique pour la survie des Saxons contre les Normands.

Tous les protagonistes de la légende sont présents, de la belle Marianne au corrompu Shérif de Nottingham, mais en s’attachant à la jeunesse de ces trois enfants perdus, les auteurs tentent de donner une nouvelle vigueur au mythe.

Malheureusement, le terrain difficile de l’adaptation d’un récit populaire s’avère ici glissant et l’ensemble apparaît trop fade pour que les quelques moments de bravoure de l’album ne passent pas inaperçus. Moins dynamique que les anthropomorphes de Disney de notre petite enfance, moins hollywoodienne que la version de Kevin Costner et moins grandiloquente que dans Ivanhoé, cette nouvelle histoire a du mal à se faire sa place.

Pas aidé par un découpage scénaristique suivant trop servilement une frise chronologique au tempo égal, l’album n’offre aucune véritable aspérité. La maladresse de certaines vignettes, leur manque de précision parfois, ainsi que des couleurs vives mais sans lumière ne nous engagent pas davantage. Sans parler des coquilles récurrentes, c’est trop pour un travail éditorial qui se voudrait de qualité.

L’Odyssée d’Homère

Autre personnage de légende, homme parmi les dieux, mythe pour édifier ces contemporains, Ulysse mit une décennie à rentrer à Ithaque après avoir fait tomber Ilios. Trois dessinateurs mettent en images certains des passages d’une des plus anciennes histoires du monde.

Yann Tisseron, Anthony Jean et Mickaël Bourgouin ont pioché dans le texte original quelques-uns des moments-phares du retour du héros vers Pénélope : le Cyclope, les sirènes, Calypso ... Au fil du texte choisi, leurs planches illustrent la bravoure d’un homme dont les dieux se jouent. Entre symbolisme et aventure, ce récit, toujours fascinante de nos jours, même si la traduction adoptée du début du XIXe siècle à quelque peu vieilli, bénéficie d’un travail de qualité quoiqu’inégal.

Certaines planches, dont la couverture, sont finement travaillées et apportent une réelle profondeur au texte. Elles bénéficient par ailleurs d’une superbe mise en couleurs qui met en avant des situations ou des protagonistes de l’épopée contée. D’autres semblent avoir été réalisées plus rapidement et en viennent à aplanir l’histoire qu’elles illustrent. Le dessin manque alors de corps, il s’estompe rapidement dans l’esprit en contraste avec la puissance originelle du texte. Il n’en reste pas moins que ce bel album permettra à certains de découvrir les passages élus avant d’aller, pourquoi pas, vers une lecture complète de ce récit épique et fondateur de la culture occidentale.

Ulysse en route vers Ithaque


Cinq beaux albums pour tous les goûts et tous les âges, de la découverte à la relecture. Idéal pour Noël !

(par Vincent GAUTHIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Glénat
 
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2 Messages :
  • Vu , il y a à peine un heure en magasin, l’intégrale ranx xerox dans un format plus petit que l’original est tout simplement une insulte au travail fourni par l’auteur et un produit caractéristique d’un art qui est devenu une industrie à cause de marchands papiers qui ne sont plus depuis longtemps des éditeurs.

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    • Répondu par Vincent GAUTHIER le 21 décembre 2014 à  16:09 :

      Il y a eu plusieurs intégrales de réaliser depuis les années 1990. Celle dont vous parlez doit être celle publiée dans la collection "les Intégrales" sortie en 2010 qui effectivement ne mettait pas en valeur le travail des deux auteurs à cause de son format. Format choisit comme ligne éditorial pour démarquer la collection, pas forcément la meilleure idée, nous sommes d’accord. La nouvelle intégrale (oui c’est du commerce...) rattrape le coup en proposant les planches dans leur format original.

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