Des albums pour Halloween 2013

On a beau la chasser par la porte, la fête anglo-saxonne revient par la fenêtre, et semble s’imposer de plus en plus dans notre Europe continentale, portée par la culture américaine. Nous nous sommes donc livrés à un petit tour d’horizon (non exhaustif) pour vérifier quels éditeurs se sacrifiaient à cette nouvelle mode.

Delcourt en os et en couleurs

Pour l’éditeur au triangle, son attachement au comics ne lui permettait de passer à côté de cette occasion. Walking Dead T18, le champion toutes catégories du moment était déjà sorti en septembre dernier.

Mais c’est dans un registre bien plus coloré que Delcourt prouve son attachement à la culture américaine. Scary Godmother regroupe six contes d’une quarantaine de pages chacun, tournant autour d’une petite fille aimant les monstres, et de sa "terrifiante marraine" qui l’éduque sur ses nombreux amis. Entre découverte et complots bâtis par le cousin Billy qui déteste Halloween, ces petits contes tiennent autant de la bande dessinée que de l’illustration. Eisner Award de la meilleure dessinatrice, Jill Thompson livre une vision humaine, sensible et humoristique sur le thème d’Halloween. À lire par les petits, les grands, ou les deux en même temps.

Scary Gomother - de Jill Thompson - Delcourt

Les lecteurs plus férus de squelettes que de citrouilles trouveront leur “conte” avec la fin du deuxième diptyque de Wollodrïn. Véritables complices, Chauvel & Lereculey finalisent un récit oppressant où leur duo atypique composé d’un orc et d’une guerrière, doit combattre une horde de squelettes.

Même s’il s’est éloigné du premier diptyque, ce récit fait néanmoins preuve d’intelligence et d’un sens du rythme très efficace. Un coup de cœur, notamment avec la scène finale, qui réserve une étonnante surprise. De quoi nous tenir en haleine avant la sortie du prochain diptyque prévu en 2014 : Celle qui dort.

Wollodrïn T4, par Chauvel & Lereculey - Delcourt

Romantisme au Lombard

Le Lombard se démarque avec talent en sortant le premier tome d’Alisik, une tétralogie au graphisme très abouti. Ce monde mystérieux et très travaillé est dû à la collaboration de deux auteurs allemands : Hubertus Rufledt au scénario, et Helge Vogt au dessin pour illustrer un univers qui emprunte à différents registres tout en parvenant à imposer sa propre patte.

En deux mots, le propos : Alisik se réveille une nuit dans un cimetière. Un peu effrayée, elle décide de s’enfuir au plus vite. Mais, rapidement, elle se rend compte qu’aucun vivant ne la voit. Et pour cause : Alisik est morte. Pire, elle est coincée entre enfer et paradis... Accompagnée par une bande d’amis de morts logés à la même enseigne, elle tente de se consoler de son sort avant de découvrir que le jeune et beau Ruben a le talent de pouvoir converser avec les morts. Ils vont également se rendre compte qu’ils ont un ennemi commun : un magnat de l’immobilier qui désire détruire le cimetière, mais qui a également causé la cécité de Ruben.

Alisik par Vogt & Rufledt au Lombard

Les quatre tomes de cette série vont paraître dans les douze prochains mois. Après Automne, suivront Hiver, Printemps et... Mort ! Si le scénario n’est pas bouleversant d’innovation, la délicatesse des illustrations permet de se laisser facilement emporter dans l’univers de l’héroïne. À conseiller aux lecteurs fleur bleue ou en recherche d’évasion.

L’enfer du cauchemar d’Ankama

Nous vous avons déjà présenté Candy Mountains, qui se prête très bien à la thématique d’Halloween. Rappelez-vous : une femme et sa fille sont plongés dans le coma suite à un accident de voiture. Mais un tueur en série les y poursuit, faisant subir des sévices ignobles à ses victimes.

Notre collaborateur Thomas Berthelon nous dévoilait les atours de ce glaçant diptyque horrifique se déroulant dans un hôpital alternatif, avec en toile de fond l’enfance maltraitée : "À défaut d’être vraiment surprenante, la conclusion logique propose un éclairage amer et plus psychologique à un récit allant au-delà du simple "survival" horrifique. Le dessin évite de tomber dans la monotonie par un découpage astucieux et une utilisation abondante de gros plans dynamitant l’ensemble. Un climat d’oppression s’instaure dans le monde réel, en dépeignant des collègues du milieu hospitalier, des forces de l’ordre et des proches incrédules le rendant parfois plus dangereux que son pendant alternatif. Une vraie claque à ne surtout pas mettre entre toutes les mains, et à déconseiller aux âmes sensibles avant de s’endormir."

©Bernard/Ankama Editions

Patience pour Dupuis et Soleil

Quant à Dupuis, sans Mélusine, ils ne se sont pas mis de pression pour sortir leur Zombillénium T3 avant la date fatidique. Les amateurs (éclairés) qui n’auront pas encore profiter du récit dans le Journal de Spirou devront effectivement attendre le 8 novembre pour découvrir comment la gestion du parc est désormais tournée vers le chiffre. Nous vous en reparlerons plus tard avec Arthur de Pins himself.

Même stratégie pour Soleil dont le très attendu tome 3 de Zombies ne sortira que le 20 novembre. Il faudra donc un peu de patience pour trembler à nouveau.

En attendant, fermez bien à clef la porte de votre bibliothèque, de crainte que les monstres enfermés dans vos albums ne viennent vous mordiller les doigts de pieds...