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Desberg et Griffo nous reviennent avec « Sherman »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 15 janvier 2011                      Lien  
Le scénariste de Empire USA retrouve Griffo, un des dessinateurs les plus solides et des plus productifs de la BD belge d’aujourd’hui. Griffo avait déjà participé à ce mini-cycle de 7 tomes sur fond de complots internationaux. L’un et l’autre reviennent sur les racines d’un pouvoir qui s’est construit parfois sur le crime et qui mène aux portes de la Maison Blanche.
Desberg et Griffo nous reviennent avec « Sherman »
Sherman T1 : La promesse, New York, par Desberg et Griffo
Le Lombard, Troisième Vague

Ce n’est pas la première fois que Desberg et Griffo collaborent. En 2008 déjà, le dessinateur flamand avait participé au cycle pluri-scénaristes et multi-dessinateurs en 7 tomes Empire USA. Griffo y avait assuré les dessins des tomes 1 et 4 et celui des 7 couvertures. Sous la menace d’un projet d’attentat d’envergure, la survie des États-Unis dépend du seul employé de la CIA qui a envie de se faire sauter le caisson !

Ce type de projet répond à l’environnement télévisuel des séries de type 24 heures Chrono qui arpègent à l’infini les théories du complot réifiant les angoisses tapies dans l’air du temps. Jean Van Hamme, avec XIII, a été un des premiers à comprendre cette donnée et à l’appliquer à la bande dessinée, avec le succès que l’on sait. Rien d’étonnant à ce que Desberg emboîte le pas.

Mais les États-Unis ont pour Desberg une résonance plus personnelle que chez Van Hamme. Le père du scénariste était citoyen américain, responsable de la distribution en Belgique des films de la MGM puis de la 20th Century Fox, c’est-à-dire l’un des plus puissants vecteurs de diffusion de la mythologie américaine dans ce pays qui avait accueilli le SHAPE et l’OTAN.

Sherman T1 : La promesse, New York, par Desberg et Griffo
Le Lombard, Troisième Vague

Il faut lire Sherman avec cette grille de lecture. On y voit un tycoon de la finance à l’apogée de sa puissance. Il incarne parfaitement le rêve américain (ironiquement : le Sherman Act est la première loi anti-trust des USA) : parti de rien, il est devenu l’un des financiers les plus en vue du pays. Si puissant que son propre fils est candidat aux élections présidentielles. Mais celui-ci se fait abattre et la vie de Sherman s’en trouve bouleversée. L’enquête l’oblige à revenir sur les traces de son passé trouble, jonché de cadavres.

Sherman T1 : La promesse, New York, par Desberg et Griffo - Esquisse de la page 13 par Griffo.
Le Lombard, Troisième Vague

Sherman sent bien évidemment, un peu trop parfois, le recours au fil blanc du hard boiled le plus classique. Mais c’est le propre à la littérature de genre à laquelle Desberg ne prétend pas échapper. La recette est certes éprouvée, pour ne pas dire éculée, mais elle reste savoureuse car nous avons affaire ici à un tandem de professionnels madrés qui nous montrent à quel point la puissance américaine avait partie liée avec la mafia d’origine européenne et dans quelle mesure son succès, dissimulé sous une épaisse mythologie confinant à de la propagande, recèle bon nombre de ténébreux et inavouables secrets.

Sherman T2 : L’ascension, Wall Street , par Desberg & Griffo
Le Lombard, Troisième Vague

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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5 Messages :
  • Desberg et Griffo nous reviennent avec « Sherman »
    15 janvier 2011 15:15, par la plume occulte

    Elles sont chouettes les esquisses du protéiforme Griffo.Il suffirait de les nettoyer un peu pour qu’elles soient parfaitement publiables.

    Elles sont largement supérieures aux planches finies au niveau de la composition, du contraste ,du mouvement, et de l’atmosphère.Bien plus évocatrices ,narratives en fait.On sent que tout l’acte créatif est là.

    Les planches achevées sont raides ,engoncées,sentent la technique récitée,bref:l’exécution technique.Elles sont plus ordinaires ,plus ternes ,moins vivantes,moins "aspirantes",et font moins envie.

    Même la couleur n’amène rien.

    On touche là à un problème majeur de la création qui sépare deux camps.

    Faut-il préparer son travail au maximum chercher toutes les possibilités,au risque de se répéter mollement se plagier ,se caricaturer lors de l’exécution finale ;ou bien attaquer directement sans filets,sans marges mais plus instinctivement,plus viscéralement,de manière plus vivante et spontanée ?

    Les deux méthodes ont données des chef d’œuvres .

    Pour Griffo la réponse semble aller de soit....

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    • Répondu par Michel Dartay le 15 janvier 2011 à  20:17 :

      Je ne peux que confirmer votre commentaire : j’ai lu en avant-première les deux premiers Sherman, en vue d’un article paru dans Zoo 29 (il vient de sortir, on le trouve dans toutes les bonnes librairies). Griffo possède une fluidité du trait incontestable (c’est le moins que l’on puisse dire au vu de cette page d’esquisses très détaillées !!), mais on a l’impression à la lecture de ces albums qu’il n’exploite pas au mieux toutes ses possibilités. Est ce l’encrage ou la couleur qui viennent atténuer la puissance du premier jet ?

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    • Répondu le 17 janvier 2011 à  11:07 :

      l’exigence artistique, la vérité, la sincérité transparait pour l’objet personnel. L’esquisse qu’on fait chez soi, pour soi, parce qu’on aime dessiner, découper et créer...

      après, il faut gagner sa soupe !

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  • un des dessinateurs les plus solides et des plus productifs

    Productif peut-être, mais solide non, il suffit de voir les pages que vous présentez, elles sont bourrées de maladresses, d’approximations, d’erreurs alors que Griffo n’est plus un débutant depuis longtemps. Ca vient surement du fait qu’il n’est pas de style propre et empreinte à l’air du temps, du coup il n’est jamais à l’aise et ne fournit qu’un travail de mercenaire jamais séduisant et jamais au point.

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  • Griffo et Desberg sont des auteurs de la collection troisième vague du Lombard. Mais j’aurai préféré voir Griffo continuer Vlad (7tomes) dont l’ambiance, le scénario, et le monde un apocalyptique était très réussi. je regrette qu’il ait abandonné cette série, cela aurait pu devenir sa meilleure avec Giacomo C.
    Mais je garde l’espoir d’un retour. Le problème c’est que Swolfs le scénariste est en froid avec LE LOMBARD. Dans une interview en 2001, Griffo parlait de son age et disait qu’en fonction de ça il devait choisir ses projets plus consencieusement. En ce moment il se gache entre EMPIRE USA, série d’espionage grossière et vulgaire et d’autres comme ELLIS GROUP, une très bonne idée qu’il n’a pas voulu poursuivre. Vraiment dommage

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