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Dimitri Bogrov - Par M. Festraëts & B. Bachelier - Ed. Gallimard, Coll. Bayou

Par Morgan Di Salvia le 5 février 2009                      Lien  
Depuis Ibicus jusqu’au récent Taïga rouge, la Russie a été le terreau d’excellentes bandes dessinées, et inspiré de nombreux auteurs. La tragédie Dimitri Bogrov de Marion Festraëts et Benjamin Bachelier rejoint cette famille prestigieuse.
Dimitri Bogrov - Par M. Festraëts & B. Bachelier - Ed. Gallimard, Coll. Bayou
Etude pour le personnage de Ioulia
© Bachelier - Festraëts - Bayou Gallimard

La collection Bayou est un des nouveaux terrains d’expression de la veine romanesque d’auteurs apparentés à la « Nouvelle Bande Dessinée ». Y retrouver deux auteurs se réclamant d’Hugo Pratt n’est donc pas une surprise.

On avait fait la connaissance de Benjamin Bachelier avec sa reprise de la série Le Legs de l’Alchimiste. Prenant la suite de Tanquerelle, Bachelier s’était glissé dans ses pas pour coller au style hachuré de cette série. Dans Dimitri Bogrov, on découvre un dessinateur à la palette bien plus large que le seul style Edward Gorey de ses débuts. Sans doute parce que son parcours en BD est encore court, on oublie que Bachelier a déjà derrière lui un grand nombre de travaux d’illustrations. Dimitri Bogrov lui permet de s’offrir le luxe de réaliser un album en couleurs directes. Le résultat est somptueux, même si l’influence de certains maîtres transparaît nettement dans certaines cases.

Jeune avocat fraîchement diplômé de l’université de Saint Petersbourg, Dimitri Bogrov est de retour dans le giron familial. Sur son chemin vers Kiev, il rencontre Ioulia. Enivrante, mystérieuse, la jeune femme hante les pensées du héros et accompagne, de manière subliminale, son retour de fils prodigue. Le récit ne décolle réellement qu’à ce moment d’ailleurs. Ivre d’amour, Dimitri Bogrov va percer l’épais voile de fumée qui cache l’engagement bolchevik de Ioulia, jusqu’à basculer vers une issue dramatique.

Un extrait de Dimitri Bogrov
© Bachelier - Festraëts - Bayou Gallimard

En s’inspirant de son histoire familiale, la néophyte Marion Festraëts a écrit une tragédie remarquablement construite. Pour un premier essai, c’est brillant. On attendra cette scénariste prometteuse au tournant sur un sujet original. Variation russe sous influence, Dimitri Bogrov est un bon album, ambitieux, qui souffre uniquement de quelques pêchés de jeunesse.

(par Morgan Di Salvia)

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11 Messages :
  • Ah, c’est bien de se réclamer d’Hugo Pratt. Encore faut-il en avoir "un peu dans le crayon" pour oser...

    Parce que l’Italien, lui, savait dessiner avant de peu à peu peaufiner son graphisme si reconnaissable et personnel.

    Mais de nos jours en BD, plus le dessin est approximatif, plus la critique s’emballe. Ce n’est pas avec un style creux, vide, sans structure et même pas digne d’un story-board qu’on va attirer les lecteurs qui achètent. En tout cas au vu de cette planche si molle et peu professionnelle qui donne bien peu envie d’investir.

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    • Répondu par Julie Bogrov le 9 novembre 2009 à  15:49 :

      je crois que tu ne sais pas de quoi tu parles cher ami... Tes goûts en matière de BD m’ont l’air peu sûrs. Si un dessin parfait pour toi est celui d’Alix ou Michel Vaillant alors là en effet tu dois être déboussolé par cette BD.

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  • Je n’ai pas encore lu l’album.
    Mais un bravo aux auteurs dont les pages que j’ai pu voir donnent envie de lire.
    Je vous conseille un tour sur le blog du dessinateur dont le lien est mentionné, il y a de vraies belles choses.
    Pour répondre au message au dessus, je dois dire que travaillant dans le story-board moi-même, des dessins tels que ceux de Dimitri Bogrov seraient, dans beaucoup de cas, de mauvais story-boards. Un story-board, qui est un outil et non pas une finalité, est regi par des systemes de communication et des intentions bien différentes que la bande dessinée. Votre comparaison entre une bd dont le dessin serait selon vous approximatif et un story-board, n’a, a vrai dire, pas beaucoup de sens.
    Quand au fait qu’il soit mentionné dans l’article que les auteurs se reclament d’Hugo Pratt, je me permet de rappeler qu’Hugo Pratt etait un auteur de bande dessinee en premier lieu, et non pas un artiste-peintre ou uniquement dessinateur. Il serait bon de "lire" Dimitri Bogrov et non pas d’en regarder les dessins pour juger du lien de parenté entre la maniere qu’a Pratt de raconter en bande dessinee et lamaniere qu’ont Festraets et Bachelier de raconter en bande dessinee.
    Cette parenté peut, cela va sans dire (et c’est tout en l’honneur de nos deux auteurs) etre intelligente sous-jacente a leur oeuvre et non pas visible au premier degré.
    Je suppose d’ailleurs que si le "style" etait trop proche de Pratt, votre reaction aurait été aussi negative, et vous leur auriez reprocher du plagiat.
    Je m’attriste un peu de voir qu’il est difficile d’avoir de bonnes intentions dans un monde ou chaque chose qu’on dit peut se retourner contre nous. "je me reclame de pratt" est pourtant une phrase tres humble et modeste, dans le sens ou elle reconnait la grandeur de Pratt et l’effet que la lecture de ses albums peut avoir sur la maniere d’aborder la BD de futures générations.

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    • Répondu par Joe le Taxi le 5 février 2009 à  15:11 :

      Je ne nie rien de ce que vous dites, par ailleurs bien formulé. C’est une explication que je ne partage pas pour autant mais qui a le mérite d’être bien argumentée.

      Mais sur le fond et pour le public, ça ne change pas grand chose. On ne peut juger que ce qu’on a sous les yeux. Et là, franchement, si vous arrivez à rentrer dans un univers avec une page aussi moche et molle, sans cadrage et sans profondeur (au premier et second degré), chapeau.

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  • Petite précision des auteurs : nous ne nous "réclamons" ni l’un ni l’autre d’Hugo Pratt, ce qui serait fort présomptueux et assez ridicule. En revanche, nous confirmons qu’il s’agit d’un auteur que nous admirons profondément !

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    • Répondu le 5 février 2009 à  19:28 :

      Les dessins de Bachelier ont leur personnalité. Je ne vois pas trop le lien avec Hugo Pratt.
      Je n’ai pas encore lu, mais je suis certain, encore une fois, que comme tout ce qu’écrit Marion, c’est pensé et intelligent.

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  • Il ne suffit pas de dire d’un truc mal dessiné (la page présenté n’est même pas d’un niveau amateur) que c’est trèèèès intelligent pour faire passer la pilule, pas plus qu’il ne suffit de se réclamer de la « Nouvelle Bande Dessinée » ou d’Hugo Pratt pour aveugler ses lecteurs, quand c’est mauvais, ça se voit et ça se lit tout de suite.

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    • Répondu le 6 février 2009 à  08:06 :

      Que je sache, Marion ne dessine pas. Faut lire les commentaires avant de les commenter. C’est Bachelier qui a fait cette belle page bien composée et pleine de sensibilité. Et si vous aves des crottes dans les yeux, lisez donc des livres en braille.

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      • Répondu le 6 février 2009 à  15:12 :

        C’est Bachelier qui a fait cette belle page bien composée et pleine de sensibilité.

        Je comprends que vous veniez défendre vos petits camarades (ou vous-même ;-) ) mais il faut quand même rester crédible, non ce n’est pas une belle page bien composée, non.

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    • Répondu le 6 février 2009 à  08:27 :

      c’est moche, de critiquer da façon anonyme un premier album ! internet pousse à la lâcheté, à la médiocrité !

      En tout cas, merci, monsieur le critique minable, puisque grâce à vous j’ai acheté cet ouvrage et que je l’ai adoré. je crois que je vais l’offrir autour de moi.

      Merci aux auteurs pour ce bonbon empoisonné, merci pour les roses, les jaudes dorés, l’histoire d’amour et les incendies !

      Et quoi ? c’est grave de dire qu’on aime Pratt ? il y a tant de jeunes gens qui ne parlent que d’eux mêmes !

      Pratt ne faisait jamais de cases à l’aquarelle, ne touchait jamais aux pigments opaques, c’est joli que de jeunes auteurs s’efforcent de poursuivre son oeuvre.

      Merci pour ce livre.

      Et pitié pour le petit monsieur aigre !

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      • Répondu le 6 février 2009 à  14:33 :

        c’est joli que de jeunes auteurs s’efforcent de poursuivre son oeuvre.

        QUOI !!!! Ils poursuivent l’oeuvre de Hugo Pratt là ????
        MOUAHAHAHAHAHAHAH !!!!!!!!

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