Il devait sa notoriété à la France où son œuvre a été principalement publiée, mais c’est un vrai produit de la bande dessinée argentine dans la lignée de ces maîtres qu’étaient Alberto Breccia, dont il capte une certaine fougue dans le trait, et surtout Francisco Solano López dont il était le seul véritable héritier.
Juan Antonio Giménez López était né en Argentine le 16 novembre 1943 à Mendoza. Formé au design industriel, il apprend la bande dessinée en copiant le travail de Francisco Solano López, le dessinateur d’El Eternauta, la légendaire bande dessinée de Hector G. Oesterheld.
Travaillant notamment pour la publicité, ses qualités de dessinateur technique attirent l’œil du dessinateur Victor Hugo Arias qui produit à l’époque en coulée continue des récits de guerre pour les petits formats des éditeurs anglais Fleetway et DC Thompson. Il l’introduit dans le grand hebdomadaire argentin pour la jeunesse Record et le prend comme assistant.
Passage en Europe
Né dans un pays où les talents de la bande dessinée étaient trop nombreux, Juan Giménez émigre Europe, vient habiter l’Espagne et produit pour les éditeurs de ce pays mais publie aussi pour l’Italie et l’Angleterre et la France. Entretemps, il découvre Métal Hurlant, Bilal, Moebius et Corben qui l’influencent profondément.
Il fait ses vrais débuts auprès de l’éditeur catalan Josep Toutain avec la BD de SF El extraño juicio a Roy Ely où l’on sent l’influence de la nouvelle vague impulsée par Métal, à l’époque publié en Espagne.
L’impulsion définitive vient de sa collaboration avec son compatriote le scénariste argentin Ricardo Barreiro (1949-1999), émigré en Espagne comme lui, déjà célèbre pour sa collaboration avec Francisco Solano López sur Slott-Bar, qui lui écrit L’Étoile noire (1985, publié chez Dargaud en France) et surtout L’As de pique (1988) où Giménez peut mettre à profit sa capacité à dessiner les machines.
Le dessinateur argentin partage ensuite son temps entre les collaborations pour Toutain : Mutante (1985, Albin Michel), Titania (Albin Michel, 1987) ou Gangrène (scénario de Carlos Trillo, Glénat, 1987) et les illustrations fantastiques et de SF, notamment pour des pochettes de jeux vidéo.
Le succès
Il passe en 1988 sous la bannière de d’éditeur catalan Norma où il produit Léo Roa (Dargaud), Le Quatrième Pouvoir qu’il scénarise lui-même (Dargaud puis Les Humanoïdes Associés). Après un bref passage chez Bagheera : Le Regard de l’apocalypse (scénario de Roberto Dal Pra, 1991), il accède vraiment à la notoriété avec le spin-off La Caste des Méta-Barons scénarisé par Alejandro Jodorowsky entre 1992 et 2004, son plus gros succès.
Ces dernières années, Giménez avait travaillé brièvement sur les séries Moi, Dragon (2010), La Dernière Vie (2010) avant de conclure la trilogie de SF Segments, le premier scénario du célèbre avocat Richard Malka (2011-2014).
S’inscrivant dans la lignée de Moebius, de Corben et de Bilal, Juan Giménez a été un des meilleurs dessinateurs de SF réalistes de sa génération. Sa dernière venue en France a eu lieu à la fin de l’année dernière, lors de sa première et sa dernière exposition chez son galeriste Daniel Maghen.
Voir en ligne : SUR ACTUABD.COM : LA DERNIERE INTERVIEW DE JUAN GIMENEZ
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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INTERVIEW : Juan Giménez : "Je ne peux pas vraiment définir un style argentin de BD, parce qu’il y en a vraiment beaucoup trop." par Vincent Savi (22 octobre 2019).
En médaillon : Photo de Nicolas Anspach.
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