L’illustrateur, né en 1930, a commencé sa carrière en illustrant des ouvrages pédagogiques avant d’être repéré par les éditions Casterman qui lui proposent d’illustrer quelques classiques. En 1954, Marlier crée avec Gilbert Delahaye, un ancien ouvrier typographe de l’éditeur de Tintin, la série Martine. Marcel Marlier donne à la jeune enfant un visage qui, dira-t-il plus tard dans plusieurs interviews, est fortement inspirée d’une « jeune fille qu’il regardait quand il était gamin ».
Dans Martine, les auteurs s’adressent aux enfants. Ils mettent en scène un monde idéalisé privilégiant l’insouciance, la candeur, la douceur, la sensibilité. Ces figures narratives ou graphiques sont perçues par certains adultes comme un peu naïves, mais en réalité les auteurs évitaient toute mièvrerie. Illustrateur rigoureux et réaliste, Marcel Marlier apportait fraicheur et sensualité à ses personnages.
Marcel Marlier avait illustré soixante livres de Martine. La dernière aventure de la jeune fille était sortie en 2010, Martine et le prince mystérieux. Suite au décès de son compère Gilbert Delahaye en 1997, Jean-Louis Marlier, son fils, avait repris l’écriture des histoires. Martine est un phénomène éditorial, et l’une des valeurs sûres de Casterman. Les 60 titres de la série se sont vendus à plus de 65 millions d’exemplaires en langue française et 35 millions en langue étrangère, de la Pologne, à l’Indonésie en passant par la Corée. Une adaptation de Martine en dessins animés, produit par les Armateurs [1], est actuellement en cours de réalisation. Marcel Marlier avait décidé que sa série ne se poursuivrait pas après sa disparition.
Marcel Marlier avait également illustré pour les éditions Casterman des auteurs comme Alexandre Dumas (Les Croisières aventureuses du capitaine Pamphile, 1951), la comtesse de Ségur (Le petit de Crac, 1953 ; Un jour de bonheur, 1960) ou Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (La belle et la bête, 1973). En 1969, toujours chez Casterman, il créa la série Jean-Lou et Sophie qu’il signa seul.
Avec sa disparition, le livre pour la jeunesse perd l’un de ses plus illustres représentants, certes suranné mais désormais éternel.
(par Nicolas Anspach)
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Photo en médaillon : Marcel Marlier à la Foire du Livre de Bruxelles, en 2009 (c) Nicolas Anspach
[1] On leur doit aussi Kirikou, Les Triplettes de Belleville et l’adaptation de Allez raconte ! de Lewis Trondheim et José Parrondo. Les Armateurs travaillent également sur une adaptation de Pico Bogue.
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