Cette nouvelle série, parue à partir de la fin de l’année 2016 aux États-Unis, nous raconte la quête de plusieurs grands sorciers de toutes les époques (passées comme futures) qui doivent, sous la conduite du légendaire Merlin l’enchanteur, stopper une menace qui pèse sur la magie... sans que leur nouveau leader ne leur ait dit de quoi il en retourne !
Merlin a en effet rassemblé, de gré ou peut-être de force, de grands sorciers à travers le temps ou les sorciers suprêmes de leur époque (comme le docteur Strange pour la nôtre) pour combattre une menace qu’il ne leur a ainsi pas présentée. Au-delà du personnage principal qui donne son nom à la série et Merlin, nous retrouvons par exemple un Wiccan d’âge mûr venu du futur (un jeune Avenger de notre époque), le scientifique Isaac Newton accompagné d’un golem gigantesque de sa création, le maître du docteur Strange (l’Ancien) alors qu’il était un impétueux adolescent, ainsi que deux sorcières dont le parcours est raconté au gré des épisodes (sans trop en révéler, l’une d’entre elles côtoie une entité que connaissent bien les amateurs de l’univers Marvel...)
Autant l’écrire, le principal intérêt de ce premier tome réside dans son intrigue : Strange, tout comme les lecteurs, se retrouve plongé dans une sombre intrigue où chacun de ses nouveaux partenaires a quelque chose à cacher, ce qui permet de nombreux retournements bien sentis par le scénariste afin de faire progresser son histoire. Le principe du « scénario à tiroirs » est ici bien exploité et permet au lecteur d’être très vite captivé par le propos. Relevons aussi ici que l’antagonisme est ici bien campé et donne de l’intérêt dans sa confrontation avec cette fine brochette de sorciers.
La magie est ici bien mise en valeur par une riche galerie de personnages, qui utilisent chacun des moyens bien différentes et hauts en couleurs afin de la maîtriser. Eu égard à l’avancée de la série qui lui est consacrée dans le même temps sous la plume de Jason Aaron, Strange apparaît de manière surprenante comme en retrait parmi ces grands noms de la magie, car elle a quasiment disparu de son époque. Ce retrait permet aux autres personnages d’exister sans trop de peine, notamment grâce à l’écriture efficace de la plupart d’entre eux. On retiendra ainsi en priorité le côté « tête à claques » de l’adolescent que fut l’Ancien, les mystères entourant la présence d’Isaac Newton parmi ces sorciers, mais aussi le rayonnement de la sorcière native américaine qui vaut le détour.
La magie est aussi mise en valeur ici par les belles recherches graphiques de la part du dessinateur Javier Rodriguez : au-delà d’un trait très plaisant à contempler, certaines planches ou double-pages valent le détour par leur composition originale et leur interprétation graphique des effets de la magie. Un très bon point à mettre au crédit de l’album.
Le seul hic que nous retiendrons de cette première sortie, c’est que la chute proposée par le scénariste Robbie Thompson qui nous a parue très abrupte, comme si le récit était découpé en deux parties sans trop de ménagement. Raison de plus pour attendre un second tome ! Cet album est en tout cas une bonne surprise en ce début d’année. On peut autant le conseiller aux amateurs qu’aux nouveaux lecteurs car il ne requiert pas fondamentalement une connaissance précise de l’univers du Docteur Strange.
(par Romuald LEFEBVRE)
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Doctor Strange et les sorciers suprêmes | Les Intemporels. Par Robbie Thompson (scénario) et Javier Rodriguez, Jonathan Marks Barravecchia, Nathan Stockman (dessins). Traduction de Makma/Ben KG. Panini Comics, collection 100% Marvel. Sortie le 3 janvier 2018. 136 pages. 15,00 euros.