Depuis des générations, la riche et prospère famille Kariatsumari règle la question de l’héritage par une épreuve à laquelle sont soumis les héritiers. Le vainqueur remporte tout et prend la tête du clan. Cependant à chaque génération plusieurs héritiers meurent systématiquement : complot, malédiction ou simple hasard ? les avis divergent...
Après la mort de son grand-père, la jeune Shioji se retrouve ainsi, avec ses trois autres cousins, convoquée à l’ouverture officielle du testament. Tous se doutent qu’il leur sera demandé de participer à l’épreuve qui désignera l’héritier. Suite à la recommandation indirecte de Garo Inudô, Shioji demande à Totonô Kunô, notre étudiant solitaire, de l’assister avec pour mission de faire en sorte qu’elle survive à cet événement !
Deuxième grande histoire de la série, il s’agit encore une fois d’un classique du genre, après la prise d’otages du bus qui avait mené à la rencontre avec Garo. Et comme lors de cette première grosse affaire, le secret et le coupable comptent moins que la situation et ce qu’elle révèle sur les individus et la société.
Tout est banal mais ce n’est pas pour ça que c’est normal : Tel est le leitmotiv de Totonô qui résout bien évidemment le mystère mais qui, surtout, apporte un regard critique et incisif sur les travers de la société japonaise, et notamment sur la façon dont certains s’y complaisent par peur du changement. On apprécie les perspectives tracées pour démonter cette tradition, pas seulement la morale et le progrès mais aussi la loi, jurisprudence accumulée au long des siècles, laquelle n’accable pas les descendants même si leurs ancêtres avaient commis des crimes.
L’auteur revient ensuite à des petites histoires : un mystérieux amnésique, un policier à la retraite hospitalisé et une énigme dans une serre. Et selon l’expression bien connue, les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, nous arrivons à ce qui semble être une grande grande affaire. Là aussi les faux-semblants et les questions de choix de vie, entre réussite et regret, rythment ces épisodes.
Une lecture qui demeure toujours aussi passionnante et instructive, mais également très ancrée dans la culture japonaise, essentiellement au travers les nombreuses références : de la littérature classique aux sportifs célèbres, en passant par des comptines populaires et des émissions de TV, ou les jeux de mots liés à la langue. Un contexte pas toujours facile à appréhender, mais qui permet assurément de toucher du doigt l’âme japonaise, et rien que pour cette raison Don’t Call It Mystery nous apparaît comme incontournable.
(par Guillaume Boutet)
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Don’t Call It Mystery T3 & T4. Par Yumi Tamura. Traduction Yukari Maeda & Patrick Honnoré. Noeve Grafx. Sortie le 7 décembre 2021 & le 20 mai 2022. 192 pages. 7,95 euros.
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